«On ne peut pas s’arrêter d’être artiste»

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Dans cet entretien, le chanteur Rezki Zeniou parle de son album et des raisons qui l’ont poussé à revenir à la chanson après une longue absence.

La Dépêche de Kabylie : Vous venez d’enregistrer votre premier album après tant d’années dans la chanson. Peut-on savoir les raisons qui vous ont poussé à le faire ?

Rezki Zeniou : Effectivement, je suis un chanteur ancien mais je n’ai produit ni de cassettes ni d’albums. Sincèrement, je n’avais pas l’intention de le faire, mais quelques amis m’ont poussé à enregistrer un album. On peut dire que je l’ai fait pour exaucer leur vœu plus qu’autre chose. Donc, j’ai enregistré cet album. J’espère qu’il sera à la hauteur de leur attente. En tout cas, de ma part, j’ai fait de mon mieux pour leur donner un bon produit.

Etes-Vous l’auteur et compositeur de cet opus ?

Les paroles et les musiques sont effectivement de moi, c’est ma propre création. Ce produit est un ensemble de chansons écrites dans des contextes et des moments différents. Elles reflètent un peu des récits de vie de mon parcours artistique. Ils s’étalent des années 1980 à nos jours. Cet album comprend sept chansons : Yir rray, A mmi, Uha Leqbayel, Ddunit, Lebɣi, Lefraq, Ul et Amɣar.

Est-ce chose aisée pour un chanteur ancien de prendre le chemin des studios tardivement ?

A vrai dire, je n’ai pas arrêté de chanter et de créer. J’ai continué d’exister en tant qu’artiste dans ma vie quotidienne. Seulement, je n’ai pas enregistré. Autrement dit, on ne peut pas s’arrêter d’être un artiste. C’est plus fort que nous, c’est inné.

Beaucoup d’anciens chanteurs sont également dans votre cas…

Oui, effectivement. Comme je l’ai déjà souligné, ce métier nous colle tout au long de la vie. On ne peut pas de s’en détacher facilement ou complètement. C’est ce qui arrive, justement, aux anciens chanteurs qui ont arrêté d’enregistrer à un moment donné pour diverses raisons, mais qui reprennent le chemin des studios dès que le besoin se fait sentir. Reprendre le chemin des studios est comme un refuge.

Des avis divergent sur la situation actuelle de la chanson kabyle. Quel est votre point de vue ?

Cela dépend de l’angle de vision de chacun. Le regard des anciens est différent de celui des jeunes d’aujourd’hui. Même si beaucoup d’anciens chanteurs parlent de la régression de la chanson kabyle, moi de ma part, je dirai qu’elle est en train de renaître et de progresser. On a beaucoup de belles voix et de talents parmi nos jeunes chanteurs. Il suffit juste de les encourager et de les encadrer si besoin est.

Peut-on connaître vos inspirations ?

Je m’inspire de nos anciens artistes à l’instar de Slimane Azem, Cherif Kheddam, Kamel Hamadi, Mouh Said Oubelaid, Cheik El Hasnaoui, …etc. Mais, je me sens très influencé dans mes créations par le style de Lounis Ait Menguellet. J’aime aussi écouter, actuellement, nos jeunes chanteurs que je remercie au passage pour le travail qu’ils accomplissent et leur persévérance dans la promotion de la chanson kabyle. Je peux affirmer que la relève est d’ors et déjà assurée. Pour des considérations, subjectives peut-être, je ne peux pas citer de noms pour ne pas heurter la sensibilité des uns et des autres.

Revenons, si vous voulez, à votre album…

Mon album est un cocktail de la vie sociale : Il traite plusieurs thèmes à l’instar de la vie, la mort, la jeunesse,…etc. Il y a des anciennes chansons que je devrais enregistrer entre 1980 et 1990. Par contre les deux dernières chansons, je les ai composées ces derniers temps. Mon style est inspiré du folklore kabyle. Je me sens à l’aise dans ce style. C’est le genre qui me convient. C’est très difficile pour moi de chanter autre chose.

Des projets, peut-être ?

Dans la tête oui, mais concrètement, il n’y a pas pour le moment. J’attends d’abord la promotion de cet album.

Un mot pour conclure…

Merci pour votre journal qui m’a donné cette occasion de m’exprimer. Bonne écoute pour l’album.

Entretien réalisé par H Moula.

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