Que de terribles souvenirs !

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Mama Algeria, un mélodrame (monologue) de la metteure en scène tunisienne, Samira Messigh, dont la générale s’est produite dans l’après-midi du samedi dernier au théâtre régional Kateb Yacine. Mama Algerie relate, par coïncidence, ce que vit notre pays actuellement. Le monologue est joué par Nassira Ben Youcef (dans le rôle de Mama (une mère universelle) et Aoudia Makhlouf (dans le rôle du tailleur de linceul). Il assurait des gestes sans paroles. Au lever du rideau, le tailleur de linceul apparaît, traînant un cercueil. La maman cherchait son fils sur lequel toute la famille avait porté ses espoirs. Une voix l’appelle et lui demande pardon.

Elle reconnaît la voix de son fils. La comédienne s’est démenée telle une vraie mère qui a perdu son fils unique, assassiné lors d’une manifestation dans des conditions douteuses par «El Ghoul» qui incarne le pouvoir assassin. Elle ne cessait de parler au cercueil qui est le symbole de la répression, de la terreur, de la mort. Elle s’allonge sur lui, le caresse… Elle criait son désarroi. Sa colère est grande. Sa douleur est immense. Dans la salle, c’est ale silence absolu.

La respiration est coupée. Les spectateurs, dont certains ont vécu ce genre de situations, connaissent ces atrocités du pouvoir. Par moment, la maman perd la mémoire et se ressaisit pour déverser sa colère sur «El Ghoul» le tortionnaire, l’assassin. L’autre tableau est le souvenir de la naissance de ce garçon. Elle l’éduque, l’instruit. Il réussit à tous ses examens et est arrivé à l’âge de pouvoir être utile à sa famille, El Ghoul l’assassine lors d’une manifestation.

Ce qui arrive dans tous les pays opprimés qui se révoltent pour recouvrer leurs droits. Elle se présente face à El Ghoul, lui disant: «Je suis là, je suis une femme et je n’ai pas peur de toi ! Torture-moi, tue-moi si tu veux». C’est un véritable réquisitoire envers tout pouvoir despotique. C’est aussi un hommage à la femme, à la mère courage, faisant face au pouvoir assassin «qui ne tardera pas à tomber»… «C’est aussi la patrie qu’il faut préserver à tout prix, quel que soit le prix à payer tout en ayant l’amour de la patrie».

M A Tadjer

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