«Tout ce que je n’ai jamais su dire»

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Kahina Temzi vient de signer, à 16 ans, son premier livre intitulé «Tout ce que je n’ai jamais su dire». Un recueil de seize textes libres. La préface a été signée par Youcef Mérahi qui, d’emblée, s’est interrogé sur cette jeune auteure qui arrive dans le domaine de l’écriture : «Dois-je parler du cri de révolte d’une adolescente ? D’un appel au secours ? D’une réflexion philosophique ?

D’un rêve d’écriture, ou tout simplement d’une vocation d’écriture qui se met en place précocement ?» Kahina n’a pas caché sa fierté envers ses parents, qu’elle remercie, et lesquels lui ont permis de baigner dès son jeune âge dans la lecture. La jeune fille s’est ensuite renforcée au long de ses études. Au primaire déjà, elle lisait couramment. Mais c’est au collège et au lycée que son talent a éclaté pour lui permettre de franchir une nouvelle étape, à savoir : l’écriture.

Kahina Temzi ne lit pas, elle «avale» les œuvres des grands écrivains, dont certains sont devenus pour elle des repères, des exemples à suivre. Pour Youcef Mérahi, l’auteure ne «souhaite que l’affirmation de son être dans son intégralité, sans qu’aucune volonté exogène ne vienne contrarier son aboutissement !» «En écrivant, l’auteure veut s’affirmer en tant que jeune fille». A la question de savoir pourquoi elle a choisi ce titre, l’auteure de «Tout ce que je n’ai jamais su dire» a répondu qu’«avec l’écriture, j’ai le temps de me corriger, de me donner du temps pour réfléchir mais aussi et surtout, d’écrire ce que je n’ai pas pu dire».

L’écriture est pour elle, un refuge, un don, une passion. Elle s’exprime mieux ainsi. Adorant les grands auteurs, c’est avec la citation du philosophe grec Théophraste qu’elle commence son premier texte : Stupidité, bonjour : «La stupidité est une inertie mentale qui se manifeste à la fois dans les actes et les propos.» Une façon à elle de montrer qu’elle est affable aux grands auteurs, qu’elle passe en revue et pour se montrer «stupide, bête, folle», comme elle le disait.

Elle trouve la réponse chez Grégoire Lacroix qui s’est interrogé si «la culture est le seul moyen d’échapper à la stupidité ?» Kahina Temzi relève aussi quelques faits historiques qui l’attirent et dont elle s’inspire. «Le courage des héros de la Grèce antique, la bravoure de nos ancêtres qui ont combattu et ont fait face aux nombreux envahisseurs pour leur liberté et pour la nôtre», a-t-elle souligné. Elle s’est étalée, en outre, sur la qualité attribuée au lion, le roi des animaux : se relever, ne pas abandonner, après échec sur échec, car la perte du courage abat la personne qui sombre sans pour autant s’en remettre facilement.

C’est cette lecture et cette culture dans leur ensemble qui la rendent courageuse et lui permettent de rêver. Dans l’autre partie, considérée comme le volet sociologique, l’auteure aborde le domaine de l’amour, au sens le plus large du terme : «Ce que je veux être, c’est la personne dont je veux tomber amoureuse, compréhensive, intelligente, douce, créative.» Mais elle se méfie de ce sentiment qui, parfois, manque de réciprocité. «Le sens unique pourrait être fatal sans le concours inévitable du cerveau qui est en relation continue avec le cœur.»

Elle a cité également les dieux et déesses grecs Hestia et Zeus, Hadès et Poséidon, Athéna et Héra, Artémis, Aphrodite, entre autres, tantôt pour illustrer les sentiments d’amour, tantôt pour souligner avec force le sentiment guerrier et la joie d’avoir triomphé ou la déception d’avoir perdu la bataille. Quant à ses deux derniers textes «Misogynie commune» et «Être une femme au XXIe siècle», ils ont une certaine contradiction.

Le premier s’affirme comme supérieur en tout point de vue dans une société patriarcale. Et l’auteure de dénoncer : «Être une femme, être féminine est une notion pleine de contradictions, de tabous et de privations. Je ne me suis jamais sentie plus femme qu’au moment où j’ai commencé à faire ce que j’aime sans restriction. Je veux être libre, spontanée et en accord avec moi-même !» Pour rappel, Kahina Temzi est sur un autre projet, dont le personnage principal est Freyja, nom d’une déesse nordique, et dont le titre n’a toujours pas été dévoilé.

Pour Youcef Mérahi, qui a préfacé le premier livre de cette auteure à la fleur de l’âge, l’ouvrage est une surprise et une découverte. «Quand j’ai lu ses textes, je me suis dit, ce n’est pas possible pour une jeune de son âge. J’ai été impressionné par cette maturité dans les idées et dans l’écriture. Ses textes sont en rapport avec la vie, elle-même, les concepts des autres, la sociologique. Son monde à elle est celui des mots, des idées, de la curiosité fertile, car c’est une fille «vorace» de livres qui ne sont pas de son âge. Elle est particulière. Elle a beaucoup d’avenir. Des vertus à préserver !»

M A Tadjer

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