Une pensée aux antipodes des dogmes

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Natif de Taourirt Mimoun, Mohamed Akroum est décédé le 14 septembre 2010, après avoir mené une vie dédiée aux études philosophiques en islamologie. Il avait alors sillonné le monde pour prêcher la nécessaire refondation des sciences des religions. Avec un esprit critique courageux, le philosophe avait su affronter tous les atavismes et les intégrismes ayant accompagné son engagement. Pour rappel, Akroum est né le 1er février 1928. Ses études, il les débutera dans son village Taourirt Mimoun avant de partir en famille à Aïn Témouchent dans l’Ouest algérien puis à Oran pour ensuite revenir à Alger. En 1955, il traverse la Méditerranée, en quête du savoir.

Il s’établit alors à Paris où il obtient son agrégation d’arabe et le doctorat. Se passant de tous les titres et honneurs qu’il obtient, comme la Légion d’honneur, Mohamed Arkoun se consacre et se dévoue à l’étude des sciences islamiques mais pas de n’importe quelle manière ! En effet, il voulait révolutionner les idées préconçues, ce qui lui a valu d’être dénigré dans son pays d’origine, l’Algérie, et dans les pays arabes, où les dogmes sont tenaces. Durant son parcours, il a voulu donner à l’étude des religions, surtout l’islam, plus de liberté de remettre en cause ces mêmes dogmes.

Le philosophe a également publié plus d’une trentaine de livres et même beaucoup plus si l’on adjoint ses études sur divers thèmes et cours d’université. Traduit dans de nombreuses langues, Mohamed Arkoun enseignera dans beaucoup d’universités mondialement reconnues. Malheureusement, dans son pays d’origine, il sera à la limite exilé à cause de l’influence grandissante des dogmes depuis les années 1980. Arkoum sera d’ailleurs contraint de quitter un colloque sur le thème de ses études sur insistance de Mohamed El Ghazali, le théologien égyptien. La séparation durera plusieurs décennies. En 2019, l’Assemblée populaire de la wilaya de Tizi Ouzou lui consacre tout un colloque.

Plusieurs personnalités y prendront part à l’instar de Soheib Bencheikh sans oublier le président de l’Association des oulémas algériens. Lors de sa prise de parole, ce dernier a tenu à mettre un point d’ordre sur la polémique née après le différend entre Arkoun et les organisateurs du colloque, où il avait été contraint de partir. Il est à noter que les œuvres de l’enfant de Taourirt Mimoun sont une véritable libération qui ouvre la voie pour des analyses plus critiques sur l’islamologie. Une spécialité qui ne parvient pas encore à s’éloigner et à se défaire des dogmes.

Akli N.

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