Amar Bessalah, dit El Bass, portrait d’un capitaine de l’ALN

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Le chahid Amar Bessalah alias Amar El Bass, est né en 1916 dans le village de Tala Bouzrou dans la commune de Makouda à une vingtaine de kilomètres de Tizi Ouzou. Fils de Mohand Ameziane et de Maâche Fatma, il était le benjamin d’une famille composée de 4 frères. Mohamed dit Chabane et Saïd étaient membres de l’ALN et Ali, membre de la fédération de France. Il est issu d’une modeste famille de paysans, vivant de leur terre.

Mobilisé pour le service militaire entre le 20 octobre 1939 jusqu’au 17 novembre 1940, puis rappelé de nouveau le 20 février 1943 pour n’être libéré que le 31 août 1945, après sa libération, il constitua les premières cellules du PPA et du MTLD dans la région de Makouda.

En 1948, en compagnie de plusieurs amis, il émigre en France, à la recherche d’un emploi, afin de subvenir aux besoins à sa famille. Après son retour en Algérie, en 1949, il reprendra ses activités au sein du PPA.

En 1952, il a été surpris par les forces coloniale alors qu’il était en train de distribuer le journal “Libre Algérie” au marché hebdomadaire de Boudjima. Il a été arrêté avec d’autres compagnons il a été condamné à 6 mois de prison ferme. A sa sortie il reprit son activité au sein de l’OS. A la fin de 1953, il repart en France.

Après quelques mois, il décide d’y rentrer de nouveau afin de préparer la lutte armée. Le 31 octobre 1954, il était le bras droit de son frère Saïd, qui était à l’époque le responsable du groupe de Tala Bouzrou à Makouda. Durant cette nuit, ce groupe, sous le commandement de Saïd, a participé directement dans l’attaque contre la Gendarmerie nationale, préparée par le chahid Akli Babou.

Lors de l’arrestation de son frère Saïd, le 19 novembre 1954, Amar s’est retrouvé à la tête du groupe de Tala Bouzrou. Après la mort de Akli Babou, en avril 1955, Amar El Bass l’a remplacé pour mener la lutte dans les maquis de Mizrana en tant que premier responsable secondé par le chahid Mohand Oubelkacem Touri. Avec ses compagnons, ils ont structuré militairement et politiquement les villages de la région. En parallèle, il a participé à la constitution de cellules à Alger et même en France. Cette entreprise était possible, grâce à ses anciens compagnons de lutte à l’exemple de Mohand N’Amar Benzeyadi, qui était un commerçant à Marseille. Depuis novembre 1954, il a pris en charge plusieurs responsabilités, au niveau de la région et de la zone 3 de la wilaya 3 historique. Il était lieutenant des services de renseignements et des télécommunications aux environs de 1956 et capitaine de la zone 3, de la wilaya 3 en 1959. Après un combat titanesque et de grands sacrifices consentis dans la lutte à travers toute la zone, Amar El Bass tombe au champ d’honneur lors de l’opération jumelle le 7 septembre 1959 aux environs de 9 heures au lieudit Tazibin au bas du village Ighil Boussouel, dans la région d’Iflissen. Arezki Sahraoui, un moudjahid que nous avons sollicité, dit connaître Amar El Bass et avoir partagé le maquis avec lui à Mizrana : “Il était très modeste. Il aimait les moudjahidine et ces derniers le respectaient énormément”, nous a-t-il déclaré. Le jour de sa mort, il était allé accompagner lui-même, un groupe de moussabiline, qui devait se rendre à Azzefoun. Certains voulaient l’empêcher de prendre le risque de faire ce voyage, sans grande protection, vu qu’il n’y avait pas de compagnie disponible. Amar El Bass aurait déclaré : “Laissez-moi, je vais les accompagner !” Avec un groupe qui l’accompagnait, qui était moins expérimenté et mal armée, ils sont tombés dans un ratissage de l’armée française au cours de l’opération jumelle. En compagnie des autres éléments, le capitaine Amar El Bass est tombé dignement et héroïquement au champs d’honneur pour que vive l’Algérie libre et indépendante. Un grand lycée à Tigzirt porte le nom de ce glorieux officier de l’ALN.

Mourad Hammami

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