Accueil Tamazight Amar Oussaîa, parcours d’un combattant de l’ALN

Amar Oussaîa, parcours d’un combattant de l’ALN

2008
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Ces moudjahidine honnêtes et sincères sont malheureusement souvent éclipsés par des imposteurs qui se réclament, sans vergogne et pour une misérable pension, être des acteurs incontournables dans la guerre menée contre les Français. Pour rencontrer ces véritables anciens maquisards, il faut aller les chercher dans l’Algérie profonde. Pour les faire parler et leur faire oublier, pour un moment, leur modestie, et leur humilité, il faut tout d’abord les mettre en confiance afin de recueillir d’eux un témoignage sincère sur notre révolution. Nous avons rencontré l’un de ces moudjahidine à Timizart, dans la région de Ouaguenoun, l’un des berceaux de la Révolution. Il s’appelle Amar Taouint. Son nom de guerre est Amar Ouassi. Il a une allure encore jeune. Sa silhouette élégante ne cadre pas avec ses 67 ans. De ses yeux et de ses gestes se dégagent la modestie et l’intelligence. Il garde toujours ses réflexes de combattant. Nous l’avons rencontré par hasard dans un modeste café maure de son village. Il était en compagnie d’autres anciens maquisards. Attablé dans un coin de café, Amar a accepté de répondre à nos questions et de nous raconter quelques bribes de son long parcours d’Algérien qui a rejoint le Front de libération alors qu’il n’était qu’un adolescent âgé de 16 ans. Né le 10 mai 1940 à timizart, en 1955 il croise un groupe de moudjahidine de passage.

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Ces derniers décident d’épier l’adolescent, de peur qu’il ne vende la mèche aux Français sur ce qu’il avait vu. Dans un café, il a été approché par le moudjahid Mohamed Iguerguite qui était commissaire politique au sein de l’ALN.

Ce dernier voulant sonder ce jeune au sujet de la Révolution l’interroge: “ Que penses-tu des fellagas et des hors-la-loi?”. L’adolescent répond sans ambages “ je n’aime pas les Français. Si on me donne l’ordre et les moyens, je pourrais tuer n’importe quel Français et à n’importe quel moment.” Le commissaire du FLN a eu la certitude que ce jeune est déterminé et qu’il est animé par la flamme du nationalisme et de l’Indépendance. Quelques jours à peine on l’intègre dans le front. Au début on lui confie de simples petites tâches de ravitaillement ou on le charge de la sécurité auprès du commissariat politique dans le secteur 3 de la région 3 de la wilaya 3 historique. Blessé et après un passage à l’infirmerie, il est retenu au niveau de cette structure pendant près de 4 mois il en assurera la sécurité. En bon connaisseur de terrain, il est appelé de nouveau par la compagnie pour aider Bouzrourou dans la gestion de la kasma de la région. Bouzrourou pour fuir la justice du FLN s’est rendu aux Français. Iguerguite est de nouveau chef de la kasma. Quelques mois après, il est appelé à rejoindre le groupe de commandos d’élite de la wilaya 3.

C’est là que commence l’autre phase de combat de ce jeune moudjahid. Lors d’un déplacement vers la Tunisie en été 1958, la marche s’est heurté aux lignes Morice et Challe. Avec d’autres combattants, ce jeune adjudant de l’ALN va camper sur place. Il nous dira : “Nous étions trois sections. La première était à Annaba, la deuxième où j’étais à Skikda, la troisième campait à Djijel”. Et d’enchaîner “la première section a perdu tout un groupe dans les accrochages avec l’ennemi”. Après le retour en Kabylie la terrible opération Jumelles tirait à sa fin presque : “Nous avant trouvé la wilaya 2 exsangue. Pas de liaison pas d’hommes, pas d’armes. Ce sont les combattans qui étaient de retour de la wilaya 2 de Tunisie qui ont restructuré la wilaya 3” raconte-t-il. A la question sur le nombre de batailles auxquelles il a participé, il nous a répondu “Ya Hasra ! Elles sont nombreuses et je ne peux les compter”. Tout de même il nous en cite quelques-unes. Il nous parle de la bataille Mira (Timizart) en 1958. De l’embuscade tendue à Oulkhou (Azeffoun) région 4 en 1959, dans laquelle 18 armes ont été récupérées. Et une autre opération : “En 1958 avec un commando composée de 5 éléments, nous avions tendu une embuscade au maire de Fréha qui s’appelait Robert. Nous l’avons attendu au pont l’Aïch Oufelkou à la sortie de Fréha, finalement c’était le commandant d’Azazga qui était de passage. En repérant nos armes il a tenté de fuir mais nous l’avons abattu par plusieurs coup de rafales” raconte-t-il.

Le moudjahid a combattu aussi au PC de la wilaya 3. Particulièrement à Aït Arouche (Bounâamane) “Le colonel Amirouche nous a fait des réunions, il nous parlait chaque mois.” de ce colonel célèbre, il garde la belle image d’un homme exceptionnel. Pour lui “tout le peuple algérien a participé à la Révolution”. Il déplore, que de nos jours l’esprit du nationalisme et de patriotisme soit en recul. Mais il demeure optimiste pour l’avenir de l’Algérie.

“Durant la guerre et après l’Indépendance dans toute la région de Timizart nous n’avons pas eu un seul bachelier. A présent les choses ont beaucoup évoluées. Pour que le pays décolle il lui faut des hommes honnêtes et convaincus” dit-il. Et de conclure “c’est par le travail, le nif et la vérité loin de toute vengeance que nous pourrons enfin faire propulser le pays vers l’avant”.

Il se fait tard, nous quittons ce moudjahid un peu plus riches de ces quelques bribes glanées auprès de lui et qui témoignent d’une révolution enclenchée par un groupuscule de nationalistes armés de foi, de patriotisme et d’esprit d’indépendance il y a de cela 53 ans. Le Moudjahid Amar Taouint, lui nous le laissons dans ce café où il a déjà replongé dans son monde discret tout en restant vigilant et attentif à sa patrie.

Mourad Hammami

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