Sens et puissance d’un corpus littéraire

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Par Amar Naït Messaoud

Le chanteur à thèmes sociaux et politiques, Slimane Azem, se pose allégoriquement la question de savoir pourquoi cette vérité trompeuse de la figue sèche qui présente des dehors alléchants alors qu’elle est rongée par les vermines en son sein. Un autre poète humoriste et satirique, Slimane Chabi, pose le problème de la vérité en terme de choix a posteriori :

 » La vérité et le mensonge sont des jumeaux

Ne souscris à l’un ou à l’autre

Qu’après les avoir éprouvés « 

Cependant, le choix suppose des prédispositions humaines et une volonté de connaître la vérité. Lassé et embrouillé par la recherche de la vérité, le poète français François Villon a fini par lâcher :  » Erreur, vérité, aujourd’hui m’est tout un « . Inquiet et angoissé par la vacuité existentielle, le grand écrivain et chroniqueur arabe El Djahidh fait cette supplication : » Mon Dieu, insuffle en moi la foi des vieilles femmes « .

La vérité : un purgatoire ?

Réellement, le choix de la vérité est un chemin plein d’embûches et il n’y a pas de voie royale pour y parvenir si ce n’est l’effort à la mesure du défi.

Matoub Lounes disait dans  » Atarwa Lhif  » (1985) :

 » C’est la vérité blanche comme suaire

Qui a fait que

Dans tous ces pièges je me perds « 

Alors, la tâche devient presque chimérique, et il est même probable que si la vérité nous ‘’cherchait’’, elle ne nous trouverait pas selon Lounis Ait Menguellat :

 » Où est le chemin

Que nous cherchons en vain ?

Où est la vérité

Qui nous cherche sans nous trouver ? « 

(In Amacahu-1982)

Ferhat Imazighen Imoula chante, dans un poème de Mohand U Yahya, ces vers :

 » Ce que j’ai écrit à une seule face

C’est la Vérité blanche comme linceul

Mais la vérité n’a pas de place

Elle est crainte de tout le monde  »

Certitudes fêlée

D’après Montaigne,  » il n’y a rien qui demeure ni qui soit toujours Un « .

La vérité protéiforme, insaisissable, fuyante comme le mercure a été approchée par la chanson kabyle dans ses textes les plus élaborés comme ceux de Lounis Ait Menguellet :

 » Apprends-moi, ô toi ma vie ce que sont

La vérité et le mensonge

J’aime le mensonge dés qu’il me satisfait

Ô ma vie tu m’abreuvais de mensonges

Que tu as érigés en maîtres de la parole

Tu me montrais la Vérité écervelée

Entre nous tu bâtis un mur

Je t’ai demandé la vérité

Tu me dis : viens la voir

Et quant j’y étais ce fut comme

Si je marchais sur une hache « 

La Vérité fatale, irréfragable, est cependant toujours là, à nous suivre, à nous harceler. :

 » Par-dessus ma tête, ô toi ma vie !

Tu me suis telle une ombre.

Comme l’épée de Damoclès

Quand le fil se rompt

Tu m’envoies ad patres « 

Lorsque l’homme n’est pas maître de son destin, il s’avoue difficilement cette vérité. Or, ‘’il est établi que la vérité de l’homme est d’abord ce qu’il cache’’(A.Malraux in ‘’Antimémoires’’1967).

Vices et artifices

‘’On sème nos manigances d’un peu de vérité ‘’ disait Montaigne, et l’on reçoit comme réplique et explicitation la strophe d’Aït Menguellet qui dit :

‘’Nous savons manier la vérité

Et la semer de traquenards

Lorsque notre frère nous sollicite’’ (in ‘’Ayaqbayli’’- 1984)

Aït Menguellet ne s’est pas contenté de faire ce triste constat de travail de sale besogne de manipulation de la vérité, mais il est allé plus loin en situant ce penchant dans un contexte de vice rédhibitoire similaire au péché originel qui a frappé l’humanité à ses débuts.

Lors d’un ‘’forum’’ qu’il a convoqué pour nous dans son poème ‘’Ass Unejmâa’’(1981),Lounis établit une relation dialectique entre vérité et mensonge, joie et tristesse, propreté et saleté. Comme le jour et la nuit, la dualité vérité/mensonge colle à notre destin comme la chaleur au feu. Lors de la présentation des attributs convoqués pour ce forum,

 » Arrive la vérité talonnée par le mensonge.

Nous mangeons au même râtelier, lui dit-elle,

Qui de nous pourrait lâcher son compagnon ?

J’existe par sa grâce

Elle existe par ma grâce

A chaque fois qu’elle faillit

Moi, je viens prendre sa place « 

Cette scène théâtralisée dans une chanson nous montre une partie du génie et du talent extraordinaires de L.Aït Menguellet. Dans le même album, un poème rend compte du cycle infernal : mensonge, arbitraire, vaillance, vérité, ordonnés dans un arbre généalogique(lignée) :

‘’Le mensonge engendre l’injustice

L’injustice est mère de la peur

La peur engendre la vaillance

La vaillance se distingue en grandeur.

La vaillance engendre la vérité

La vérité sur ses confins

Accouche du mensonge

Le mensonge engendre l’injustice

Ainsi tourne le monde !’ « 

La parole muselée et les libertés confisquées des années de braise n’ont eu d’exception que les allégories et les paraboles que nos poètes ont puisées dans le génie populaire et dans leurs talents propres pour briser le mur de l’arbitraire et de la tyrannie. S’adressant aux potentats pendant les années 70,Ferhat avertissait :’’A quoi sert de fuir la vérité ?Si tu es sauf aujourd’hui, demain elle te rattrapera. Dans le même esprit, Aït Menguellet, disait dans ‘’Amacahu’’(82) :

‘’O toi qui as peur de la vérité !

Elle repousse à chaque fois que tu la mutiles’’

Ben Mohamed supplie la vérité de garder la tête haute. ’’Vérité, dresse-toi, Ne fléchis pas ;Quiconque de nous tombe, l’autre montera la garde’’, écrit-il.

Parmi les conseils que le sage donne à son fils pour en faire un Prince (‘’Ammi’’,83), Lounis met en relief la manipulation de la vérité :

‘’Sache comment parler

Choisis le mensonge efficace

Si tu sais manier le mensonge

Ceux à qui tu d’adresses

Laisseront la vérité pour te croire’’

‘’Peut-être ai-je mal soupesé !’’

Bien que la raison humaine prenne plus facilement le moule de nos opinions que celui de la vérité, il reste toujours vrai, comme l’écrit Pascal, que tous les efforts de la violence ne peuvent affaiblir la vérité et ne servent qu’à la relever davantage.

‘’Voilà qu’il me dissimule la vérité, alors que ses yeux la disent toute grande’’ :C’est en ces termes que la mère d’un jeune homme mort sur les chantiers de l’émigration réplique à un de ces anciens compagnons de retour au pays et qui lui a caché la vérité par des circonlocutions sages mais inutiles. Cela se passe dans la chanson ’’Silxedma n Luzin s Axxam’’(Lounis,78).Un deuxième ami de son fils finit par dire la vérité à la vieille femme,  » Vérité qui ne saurait être tronquée « .

Dans son album ‘’Asefru’’(86), Ait Menguellet fait parler un personnage qui s’adresse à son frère de qui le séparent le parcours et l‘intérêt immédiat :

‘’Si je me suis trompé de chemin

Je ne suis après tout qu’un être humain

Peut-être ai-je mal soupesé

(…) Je viens te demander où est la vérité, dis-moi !’’

Slimane Azem, Ferhat, Matoub, Ait Menguellet,…etc, ont tous quêté, interrogé, célébré la vérité dans leurs poèmes, chacun selon sa sensibilité et son style propres. ’’Celui qui quête la vérité y parviendra’’ nous dit Ferhat dans ‘’20 ans di lâamris’’(82).

Vérité tue, non dite, escamotée, scotomisée, dévoyée, mystifiée, manipulée, édulcorée, autant de dénaturations de la réalité dictées par la cupidité, l’appât du gain et le sadisme mégalomane. Bertolt Brecht parlait ainsi : »Quand les forfaits tombent dru comme la pluie, personne alors ne crie plus :halte ! Quand s’accumulent les crimes, ils deviennent invisibles. Quand les souffrances deviennent insupportables, on entend plus les cris. Les cris aussi tombent comme une pluie d’été « .

On sait depuis Louis XIV que  » l’artifice se dément et ne produit pas longtemps les mêmes effets que la vérité « .

‘’L’espoir, quand il n’est pas un mirage, prend racine de vérité’’. C’est Lounis Aït Menguellet qui conclut ainsi dans le magazine de l’émigration ‘’L’Appel’’ (juillet 83).

La montagne enchantée

La montagne kabyle, en tant que cadre physique, imaginaire collectif, réceptacle des valeurs d’authenticité et mythe fondateur, fait partie intégrante des éléments qui composent le corps de ce volet important de la littérature kabyle qu’est la chanson.

Le thème et le cadre de la montagne s’accordent à toutes les créations de l’esprit de cette région : contes, poésies, aphorismes, apologues, devinettes et poésie chantée.

Des locutions et des expressions courantes renvoient à l’image de la montagne. Ainsi, yezzid amrar i wadrar, (il a entouré la montagne avec une corde) signifie : il a fait un long détour pour arriver à son but, et au sens figuré : il a tourné autour du pot. Une kyrielle de locutions de se genre est présente dans le langage quotidien des Kabyles.

Cette forte prégnance d’un élément de la nature n’est, bien entendu, pas due au hasard. Le Mons Ferratus tel qu’il est nommé par les Romains, englobant le Djurdjura et les Bibans d’en face, est considéré à juste titre comme une forteresse imprenable, un refuge utérin et un humus généalogique et même hagiographique. Cette masse imposante, prenant naissance- pour les spécialistes en géographie- de Tigrimount(sur les hauteurs de Lakhdaria) et allant jusqu’au mont Aghbalou(Toudja, surplombant El Kseur), a toujours été un lieu d’habitat, de vie et aussi de lutte signalé depuis la plus haute Antiquité. À l’origine, cinq tribus ont peuplé ce massif. Elles étaient appelées les Quinquégentiens par les Romains. ‘’Il est probable que, dès le départ, le massif kabyle a constitué un bastion d’irrédentisme ou de relative marginalité :la révolte des

Quinquégentiens contre le pouvoir impérial, au milieu et à la fin du 3e siècle, en sont un signe. Le nom même de ces ennemis de l’Empire est significatif :les Quinuégentiens, c’est les cinq confédérations, preuve que le tissu social était à l’époque romaine ce qu’il est à peu près au début du 19e siècle, une mosaïque de groupements’’ écrit Tassadit Yacine dans ‘’L’Izli ou l’amour chanté en kabyle’’(Bouchène, 1990).

Le massif kabyle a continué à opposer une résistance farouche à toutes les tentatives d’occupation et de soumission. À l’arrivée des Turcs, deux royaume kabyles, régnaient sur le massif : le royaume de Koukou sur le versant nord et le royaume des At Abbas sur les crêtes du sud correspondant aux Bibans. Cette relative autonomie politique sera doublée d’un particularisme social et culturel qui dure jusqu’au temps présent. L’autre particularité du massif du Djurdjura est sa densité démographique qui est nettement disproportionnée par rapport à ses potentialités. L’on peut dire que la richesse de la Kabylie se sont ses hommes. Ces derniers, nourris du sens de la dignité et du réflexe de labeur, psalmodient la patrie montagnarde, chantent le hosanna des fiers pitons et célèbrent les valeurs morales et culturelles de la Montagne.

Symbole d’authenticité et de pureté, la montagne est aussi foyer de lutte et de résistance. La prise de Larbaa Nath Iraten en 1857 par les troupes françaises signifiait l’acte final de la soumission et de la pacification de l’Algérie du nord.

Comme il signifiait la violation de l’intimité de l’âme montagnarde. L’embrasement des maquis kabyles, moins d’un siècle plus tard, sera une revanche inéluctable sur une humiliation jamais consommée.

Cantiques du pays natal

‘’Les chemins qui montent’’ décrits par Mouloud Feraoun mènent à Ighil n’Zman. Tasga est le lieu symbolique de la Montagne chez M.Mammeri. Slimane Azem chante l’immaculée dignité de notre montagne :

Du temps où le Djurdjura

Était habité par des hommes vaillants,

Nous disions son nom avec fierté.

Haut Djurdjura !

Côte d’Azur algérienne !

Hassan Abassi, dans un bel hymne émouvant de beauté, nous offre un tableau fabuleux de la Montagne et des villages qui en constituent la perle :

Beau est mon pays

Aimé du monde entier !

Toutes les vertus y sont présentes :

Charme, dignité respect.

Jamais son fils ne sera embarrassé

S’il en vante les mérites à l’étranger.

Beaux sont ses monts

Colonnes élancées dans le ciel !

Beaux sont ses villages

Scintillant telles des étoiles !

Dieu protège ses enfants,

Montre-leur le droit chemin.

La chanteuse Nora, dans une succulente envolée lyrique, hèle Djerdjer :

Cher mont du Djurdjura

Meilleur d’entre tous

Mon cœur t’aime fortement.

Combien d’hommes valeureux as-tu donnés,

Aux paroles bien pesées !

La Kabylie, en tant que bastion des luttes et de la résistance, sera le sujet d’inspiration le plus puissant de Mohand Saïd Oubélaïd :

Brise apporte mon salut

Aux enfants de mon pays.

Aux monts kabyles

Où sont tombés mes frères.

Dans le même sillage, Akli Yahiatène célèbre ce ‘’foyer de la résistance’’ :

Mont Djurdjura, mont de Lumière,

Bastion des combattants !

Ceux-là qui ont donné leurs vies

Ont laissé triste mon cœur.

Aït Menguellet, dans ‘’Amacahu !’’, présente la montagne comme une source d’écho qui a insufflé courage et bravoure aux enfants de la Kabylie pendant la guerre de libération :

Conte soit dit

Sur la montagne qui a rendu l’écho

Son emprise parvint à ses enfants

On remarquera que la prégnance de la montagne est si forte que des groupes de chanteurs prennent pour noms d’artiste le mot ‘’montagne’’ ou le mot ‘’Djurdjura’’. Le groupe Idourar(Kaci et Loualia Boussâad), le groupe Djurdjura(Abouda),…

Idir ‘’conseille’’ à ceux qui cherchent à vivre dans la dignité de rallier la montagne ; là, il pourra ‘’manger le gland à cupule’’.

Ferhat, dans une ironie mordante, chante à sa manière la beauté de nos montagnes :

Les montagnes sont réellement belles,

Je jure par ma tête qu’elles sont belles

De la beauté de la faim !

Ici, le chanteur introduit la dimension sociale(misère, chômage,…) qui relativiserait ‘’l’amour platonique’’ de cette beauté ; elle serait même une ‘’coquetterie’’ esthétique dans une région asphyxiée par les difficultés et la répression.

Refuge utérin

‘’L’aigle auquel manquerait la montagne serait un simple oisillon’’ disait Aït Menguellet à propos des montagnards qui quittent le bercail pour chercher du travail ailleurs.

Et celui qui aura échoué de bien gagner sa vie à l’extérieur sera bien recueilli par cette montagne pleine de mansuétude :

Celui qui aura, par malchance,

Les ailes brisées,

Saura où se diriger :

La Montagne saura cacher son scandale.

C’est aussi Aït Menguellet qui évoque ‘’Yellis Budrar’’, la fille de la Montagne, ayant souffert et perdu son fils pendant la guerre, guerre censée apporter liberté et bien-être :

J’ai vu la fille de la Montagne

Ma raison en est hébétée.

Attendant sur un rocher ;

Fille anonyme tenant son enfant

Comme toutes celles qui peuplent nos villages.

Lounis représente la Kabylie de montagne par un berceau et ses villages comme une perle embellissant le massif :

Je chante notre berceau

Le voilà suspendu dans le ciel !

Son fils, quel que soit son point de chute,

s’en souviendra.

Lorsque nous regardons tes montagnes, mon pays,

Suave devient note vision !

Notre âme s’accorde à ta terre, mon pays,

Elle n’existe que par elle !

Loin de toi, l’ennui guette nos cœurs.

Celui-ci se rappelle un chant,

Celui-là voit l’image des rivières.

Lorsque nous regardons tes montagnes, mon pays,

Ils nous insufflent leur force.

Notre âme s’accorde à ta terre, mon pays,

Cette terre qui nous a élevés !

Mon pays est colliers autour des monts

Attachés sans cordes aux montagnes.

Celui qui incarne aussi le montagnard par la voix et la vocation, c’est bien entendu Matoub Lounès. Il a chanté de toutes ses entrailles la Kabylie avec ses monts et ses vaux, son ciel et sa terre, son air et ses fragrances :

O Monts du Djurdjura,

Nous nous sommes vus hier dans le rêve !

(…) Montagne des At Iraten

Par delà Michelet passons

Vers Akfadou, grande Place,

Bastion des combattants.

(…)Le Djurdjura et l’Aurès font un,

et les Imazighen sont leurs enfants.

(…)Le Djurdjura appelle l’Aurès !

Grabataire dans un hôpital suite aux balles qu’il reçut en octobre 1988,

Matoub crie sa douleur et attend de la population une réaction à la mesure de l’événement :

Le regard se dirige vers la montagne

Pour savoir s’il y a du nouveau.

Par ton nom Djurdjura…

La célébration de la montagne du Djurdjura par Cherif Khedam est l’une des plus émouvantes par son éloquence romantique et sa vision épique. Dans plusieurs de ses chansons, il revient à la montagne soit en la nommant directement soit en évoquant quelques éléments forts qui la constituent :

Par ton nom, ô Djurdjura,

Je marche fièrement

La tête haute.

L’air pur y est en permanence

Brise revigorante,

Le malade y guérit sur-le-champ.

Ta vue me suffit, elle me rassasie ;

Mieux que si tu me donnais de l’or.

(…)Je proclame ton nom et prends mon chemin

Je braverai terre et mer.

Je te vois dans le rêve, même loin de toi,

Mon cœur aime à te voir ;

T’abandonner le rendrait fou

Ô Plus belle de toutes les montagnes !

Dans une autre composition, C.Khedam chante la force morale, la dignité inébranlable de nos buttes et collines qui ont fait face aux envahisseurs de tous bords :

Vents et tonnerres fulminent

Mais n’ont pu ébranler les collines de mon pays.

Combien d’ennemis auxquels il a fait face

Armés de colonnes et de soldats !

L’exilé qu’il hèle est ramené dans son giron ;

S’il passe par-delà le col, il le protégera de sa tunique.

Plusieurs autres poèmes de Cherif Khedam reviennent sur le thème de la montagne et des valeurs qui font son honneur. ‘’Ger sin iberden beddegh’’( debout à la croisée des chemins), Aha kker zwi imanik( vas-y dépoussière-toi), …sont autant de chefs-d’œuvre que notre jeunesse doit découvrir et dépoussiérer.

Un poème-apothéose sur le Djurdjura a été élevé au panthéon des œuvres éternelles par un trio d’artistes d’un immense talent que l’on ne pouvait réunir que pour une cause aussi noble. Ben Mohamed, ciseleur du verbe, M’djahed Hamid virtuose de la musique et Nouara diva de l’interprétation féminine se mirent en ‘’conclave’’ au milieu des années 70 pour asseoir une partition en hommage au

Mons Ferratus kabyle :

Djerdjer debout dans le ciel

Fier, il dresse sa tête.

Caché sous son capuchon

Irrité par ceux qui ont trahi sa cause.

Le col de Tizi n’Kouilal se met à tempêter

Qui pourra ouvrir vers lui le chemin (sur la neige) ?

(…)Djerdjer vogue dans les cieux,

Et nous, nous le suivons des yeux.

Ne croyez pas qu’il veuille s’exiler,

C’est l’Ahaggar qui la hélé.

Chenoua se faufile tel un perdreau.

Tous vont se rencontrer aux Aurès !

Amar Naït Messaoud

[email protected]

Suite et fin

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