Groupes de musique kabyle, autres temps… autre mœurs !

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n Par Omar Zeghni

Les révélations de Chabane Lhadj Mohand, co-fondateur du groupe Abranis sur les conditions et le contexte de l’éclatement du groupe mythique qui a accroché des générations entières grâce à une touche nouvelle, une musique pro-occidentale, nous rappellent, on le constate avec grande amertume, les multiples ratages de la chanson kabyle. Celle-ci même qui a été victime des hommes qui lui ont, pourtant, permis d’atteindre l’universalité, de s’ouvrir sur les autres styles et enrichir son actif avec des œuvres idylliques.

Que sont devenus, à titre illustratif, les groupes Agraw, Idurar, le groupe Igmane, Afous ou les Djurdjura… tant de noms de groupes réduits à n’être qu’un fond de souvenirs, un patrimoine culturel.

L’effritement et l’éclatement de tous ces groupes résument à lui seul, l’état d’esprit dans lequel, la société kabyle a évolué. La logique du rassemblement, de l’union pour la cause, pour le combat identitaire avait grandement joué pour l’émergence de tous ces groupes musicaux.

C’était au temps où deux Kabyles pouvaient s’unir pour un seul intérêt, un idéal unique.

La synergie des efforts avait sa place dans la vie collective de la société, de même que l’esprit d’entraide. Autre temps, autres mœurs… dit l’adage. Ces groupes éclatent l’un après l’autre, explosent au milieu d’une cascade de scandales et disparaissent sur les rives de l’oubli. A qui la faute ? Certainement pas à l’ouverture démocratique, comme dirait les plus “politisés” d’entre-nous. Le gain, l’argent et le busines ont remplacé le vocabulaire ayant accompagné le combat, ne dit-on pas que la perversion de la cité commence par la perversion des mots ?

Les groupes de musique ont bien accompagné la société dans sa marche à l’ouverture, à la pensé “capitaliste”… rentière où l’intérêt personnel prime sur toutes les autres considérations.

Influencé par cet état des faits, ils sombreront dans les luttes internes, de positionnement et de leadership, exactement comme l’a été, la société kabyle. On ne peut plus vivre ensemble, ni travailler en groupe (dans son sens le plus large).

La collégialité a déserté les lieux pour laisser place au travail personnalisé dans tous les domaines et à l’individualisme. Les jeunes de l’actuelle génération tentent, tant bien que mal, de briser cet état d’esprit, pour amorcer une nouvelle dynamique qui constituera un sursaut salvateur pour la musique kabyle et au-delà, pour toute la société kabyle.

O. Z.

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