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Des enfants employés au marché

Bien que la loi interdise le travail des enfants, certains parents ne se gênent pas pour confier à leur progéniture des petits travaux, en relation avec certaines activités commerciales. En effet, c’est durant les vacances scolaires qu’on aperçoit le plus de jeunes garçons ne dépassant pas 12 ans s’affairer à vendre des marchandises, au marché.

Certains proposent des produits de potagers, tels les piments, les tomates ou encore les haricots que leurs mamans avaient cueillis la veille. Dès lors, ils se découvrent tous des dons de commerçants pour amadouer l’éventuel client qui se présente à eux, lui vantant la fraîcheur de leurs produits «cueillis ce matin», dira l’un d’eux. Plus loin, une dizaine de garçons, élèves du CEM, sont venus du village Tajelt du côté de Boubhir pour vendre des figues de Barbarie. Les jeunes de cette région, pour rappel, sont des habitués du marché de Michelet, où ils viennent, chaque année, à partir du mois d’août, pour écouler leur marchandise.

Leurs prix et leur âge tendre attirent les clients qui «préfèrent acheter la marchandise de ces petits plutôt que celle des grands». Accostés, ils se sont prêtés volontiers au jeu des questions-réponses concernant leur situation familiale. «On n’est pas très pauvres puisque nos parents nous assurent notre pain quotidien. Mais on n’est pas de ceux auxquels les parents achètent des chaussures à plus de 5 000 DA», dira un élève de 2e AM. Son camarde nous propose de nous offrir un fruit gratuitement à consommer sur place. Lui, il est inscrit en 3e AM et veut «préparer la rentrée», en achetant tout ce dont il aura besoin grâce à l’argent qu’il va tirer de la vente de ces fruits.

D’autre part, et dans de nombreux cas, des adolescents se substituent à leurs parents pour certains travaux de champs. Dans les villages, on les voit conduire un âne pour déplacer des matériaux de construction ou tout simplement s’occuper d’un troupeau de moutons et de chèvres qu’ils conduisent dans les champs. Ils rentrent alors le soir, le baudet chargé d’herbes dont les bêtes se nourriront durant la soirée. «C’est pour que mon père se repose que je travaille aujourd’hui», affirme un lycéen. En tout cas, il n’est pas le seul à accomplir ces tâches avec fierté, comme les adultes. «C’est juste pour remplacer les parents, le temps des vacances», conclura ce vacancier.

«Les vacances, c’est pour ceux qui ont de l’argent. Mes parents sont de simples ouvriers, alors je les aide autant que je peux pendant les congés», intervient un autre enfant visiblement plus démuni, si l’on se fie à sa tenue vestimentaire.

A. O. T.

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