Tizi Ouzou : Tamazight dhi lakul, beaucoup reste à faire

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Loin de la promesse faite par le ministre de l’Education nationale, et des assurances du directeur local de l’éducation, la généralisation de l’enseignement de tamazight est toujours en chantier et accuse des retards immenses.

Malgré les assurances officielles concernant l’enseignement de la langue amazighe au niveau de toutes les écoles des trois paliers confondus, il suffit de descendre sur le terrain pour s’imprégner de la réalité des choses.

En effet, loin d’être “en bonne voie de généralisation», tel que promise par le premier responsable de l’éducation à chacune de ses sorties, notamment, les premiers jours de la rentrée scolaire, il semblerait plutôt que le secteur de l’enseignement de la langue amazighe baigne dans une confusion, qui ne dit pas son nom. Une anarchie qui cache mal la politique de “bricolage” à laquelle les autorités concernées ont fait appel dans la gestion du dossier de l’enseignement obligatoire de la deuxième langue nationale, à savoir tamazight.

A Tizi Ouzou où pourtant le directeur de l’éducation avait dressé un état des lieux des plus reluisants, à la veille de la rentrée scolaire, il existe encore des localités où les élèves n’ont jamais pu bénéficier d’un enseignement de tamazight, à l’image du CEM de Kahra, dans la commune de Fréha, où cette langue n’est pas encore enseignée. Une chose qui aura des répercussions pour leur avenir, étant donné qu’une fois au lycée, ces élèves vont devoir suivre les cours de cette même langue. Un vrai paradoxe pour les élèves, d’un côté et les futurs enseignants, de l’autre. Et des cas pareils se comptent par dizaines, sans pour autant attirer l’attention des autorités locales. Il n’y a pourtant qu’à voir le nombre d’écoles, qui bénéficient de cet enseignement, ainsi que les réelles conditions à travers lesquelles les professeurs donnent leurs cours.

Ces derniers, dont le nombre ne dépasse pas les sept cent soixante (760), sont répartis à travers les mille trente six (1036) postes ouverts à l’enseignement de la langue maternelle à travers la wilaya.

Une chose qui pousse les enseignants à faire des déplacements d’une école à une autre, parcourant parfois des kilomètres en un laps de temps bien réduit, afin d’assurer leurs volumes horaires.

Une enseignante déclare qu’elle est obligée de faire une tournée de plusieurs écoles en une seule journée, “j’assure des cours dans pas moins de cinq écoles de la région. Sans oublier que je suis appelée à me déplacer d’une école à une autre dans la même journée. Ce n’est pas très évident, mais on fait avec», assure-t-elle.

De ce fait, il se fait urgent de recruter de nouveaux professeurs. Par ailleurs, l’encadrement est l’autre point épineux qui en dit long sur “l’intérêt” que porte la tutelle à la généralisation de la langue amazighe.

Une généralisation pourtant clamée par le ministre de l’Education au cours de sa dernière visite à Tizi Ouzou.

Pour en revenir à l’encadrement, une source proche de la direction de l’éducation à Tizi Ouzou, assure que pour le secteur de l’enseignement de la langue amazighe, ils ne sont que quatre (4) inspecteurs à assurer l’encadrement des professeurs. Ces inspecteurs ont pour charge d’encadrer les enseignants de la langue amazighe au niveau des sept cent (700) écoles primaires et des cent soixante seize (176) CEM à travers la wilaya.

Une mission qui n’est pas des moindres, étant donné que la moyenne veut qu’“un poste d’inspecteur soit ouvert pour un nombre ne dépassant pas les quatre vingt (80) professeurs, alors qu’un petit calcul suffit pour savoir qu’un inspecteur de langue amazighe à Tizi Ouzou est sommé d’encadrer quelque cent quatre vingt dix (190) enseignants, alors que normalement il y aurait un inspecteur pour deux daïras», dira notre source, avant d’ajouter : “Pourtant, ce n’est pas les demandes qui manquent, mais plutôt la volonté de la tutelle qui ne prend pas l’initiative de débloquer des postes budgétaires pour des inspecteurs de la langue amazighe.” Ceci au moment où les cinquante-huit (58) lycées de Tizi Ouzou demeurent sans inspection. Le manuel scolaire est, pour sa part, bien critiqué par les enseignants de tamazight.

En effet, en plus de ne pas être distribué en nombre suffisant, notamment en ce qui concerne les livres des 1re et 4e années moyennes, dont le manque est flagrant, c’est la double transcription des livres du cycle primaire qui pose problème. A noter que les leçons sont proposées aux élèves en latin, d’un côté et transcrites en arabe de l’autre.

Une disposition qui engendre bien des difficultés, surtout pour les professeurs qui souhaiteraient que “les autorités tranchent une bonne fois pour toute en faveur du latin, langue la plus préconisée, et n’impose plus aux élèves cette confusion», dira un professeur. Il y a lieu de signaler que l’enseignement de la langue amazighe, instituée grâce au boycott scolaire de l’année 1994 observé par les écoliers et lycéens en Kabylie, est en nette “régression”.

Chose qu’a relevé le secrétaire général du Haut-commissariat à l’amazighité (HCA), Youcef Merahi, le lundi 19 septembre 2011. C’est dire que les autorités doivent prendre les mesures nécessaires afin de remédier à cette régression et exécuter, par là leurs engagements de généralisation.

T. Ch.

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