Bouira : La généralisation de tamazight n’est pas pour demain !

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Depuis son introduction dans le système éducatif algérien, Tamazight a parcouru un chemin semé d’embûches, et son enseignement peine à se généraliser dans tous les paliers, et à travers les établissements scolaires de la wilaya de Bouira.

En dépit des textes officiels garantissant l’obligation de son enseignement, la langue de Massinissa est étrangement dispensée dans certaines écoles, collèges et lycées et non pas dans d’autres.

Intéressons-nous de près à la région berbérophone de la wilaya de Bouira, où l’enseignement de Tamazight est nettement bien meilleur qu’au niveau de la région arabophone, car il s’est quasi généralisé. Tamazight se trouve actuellement enseignée dans certains écoles primaires et non pas dans d’autres.

A propos de ce cycle primaire, il est de loin celui qui connait le plus un déficit en matière de postes budgétaires. Cela dit, ce palier s’est renforcé au cours de cette année, par l’affectation sur des postes budgétaires de 11 nouveaux instituteurs, tous formés à l’Institut de Ben Aknoun. Ce qui porte le nombre d’instituteurs au niveau du primaire à une soixantaine.

Pour le cycle moyen, qui est moins doté que le premier cycle, il est fait état cette année, de l’intégration de pas moins de 20 enseignants, titulaires de licence en Tamazight. A cet effectif, s’ajoute une vingtaine d’autres intégrés dans le corps d’adjoints d’éducation, chargés de l’enseignement de Tamazight. Dans le secondaire, le déficit en enseignant se fait également sentir. Seulement, une vingtaine de PES assurent actuellement les cours de Tamazight au niveau des établissements de l’est de la wilaya. Exception faite des communes berbérophones de l’est de Bouira, et à un degré moindre le chef-lieu de wilaya, Tamazight est quasi inexistante dans le paysage éducatif des agglomérations situées à l’ouest.

Et encore, au chef-lieu de wilaya, Tamazight n’est pas dispensée au niveau de tous les collèges, et encore moins dans le primaire et les lycées. Pire encore, deux postes budgétaires ont été purement et simplement supprimés ces dernières années dans deux collèges de la ville de Bouira. Là l’enseignement de Tamazight ne doit sa pérennité qu’à la détermination des enseignants. Ces derniers dont le dévouement est à saluer, se sont maintes fois opposés à la suppression des postes. A préciser que le nombre d’enseignants de Tamazight tout cycles confondus avoisine les 200 à travers la wilaya. Cette situation pour le moins kafkaïenne renseigne sur le peu d’intérêt et le manque d’application des services concernés lorsqu’il s’agit d’enseigner cette langue plusieurs fois millénaire et dont les textes officiels sont pourtant clairs et ne souffrent d’aucune ambigüité.

Cette façon de procéder obéit hélas à des considérations purement subjectives, empreintes de sous- entendus idéologiques qui doivent en principe être bannis des mœurs. Sinon comment expliquer cet argument pour le moins farfelu et injustifié avancé à bien des occasions par des responsables du secteur de l’éducation dans la wilaya, conditionnant l’ouverture de nouveaux postes budgétaires par les seules vœux exprimés par les parents de voir leurs progénitures opter pour Tamazight. Drôle d’argument de la part de responsables sensés appliquer les directives de tutelle, ou tout moins faire état des obstacles qui empêchent la généralisation de cette langue. Ceci dit, même dans les sphères décisionnelles, on laisse faire. Autrement, l’enseignement de Tamazight serait il y a bien longtemps généralisé sur l’ensemble du territoire national. Une démarche qui demande plus de volonté politique de la part des pouvoirs publics.

D.M.

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