Beaucoup reste à faire

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Bouira aurait pu se targuer d’être un haut lieu de regroupement pour les sportifs de haut niveau en quête de bon cadre pour leurs différentes préparations pour les différentes compétitions nationales, continentales et même mondiales.

De par sa situation géographique et ses frontières communes avec plusieurs wilayas du pays, son site climatique de Tikjda qui culmine à 1500 mètres d’altitude, jadis lieu de visite et de séjour de nombreux sportifs et touristes du monde entier, celui de Tala Rana à Saharidj et le site thermal « Hammam Ksana », Bouira aurait pu se targuer d’être un haut lieu de regroupement pour les sportifs de haut niveau en quête de bon cadre pour leurs différentes préparations pour les différentes compétitions nationales, continentales et même mondiales.

Mais la réalité sur le terrain est toute autre. Elle est plutôt navrante, lorsqu’on sait que plusieurs projets ambitieux n’ont jamais vu le jour. C’est le cas du pôle d’excellence et du centre sportif de haut niveau proposés par l’ex MJS, El Hachemi Djiar, à Tikjda et sur le site du barrage Tilesdit de Bechloul. Celui retenu dans la commune de Bechloul a été réduit à une simple auberge de jeunes que partagent la DJS et la protection civile.

Quant à celui qui devrait être implanté à Tikjda, il n’en est rien advenu. L’unique infrastructure, réalisée il y a plusieurs années à coup de milliards, à savoir le stade de football doté d’une piste d’Athlétisme d’Aswel, est complètement abandonnée. Le site s’est transformé en pâturage.

Entre insuffisances et retards dans la réalisation 

La wilaya dispose de plusieurs structures sportives, même si ce ne sont pas toutes les communes qui en ont bénéficié. En effet, seulement 18 communes sur les 45 que compte la wilaya disposent de structures sportives. Et ce sont les six principales daïras qui se taillent la part du lion, à savoir Bouira, Sour Ghozlane, Aïn Bessam, Lakhdaria et à un degré moindre M’Chedallah. Malgré ce déficit, nombreux athlètes pratiquent leur sport favori dans des espaces de fortune.

C’est le cas pour les sports de contact et combat où plusieurs clubs exercent dans des garages loués et payés par les athlètes eux-mêmes. Il faut dire que le manque d’assiettes foncières est une des raisons qui privent certaines régions de structures sportives. Les autorités butent en effet contre cette problématique, notamment dans la région Est de la wilaya. Ceci dit, la wilaya dispose d’un stade OPOW de 10 000 places (Rabah Bitat), doté d’un gazon naturel.

Seulement, ce dernier est fermé depuis 2010 pour la pose de la toiture au niveau de la tribune officielle. Les travaux sont à l’arrêt et ce en à cause de problèmes avec l’entreprise réalisatrice. Du coup, le stade qui domiciliait les rencontres de la coupe d’Algérie et autres compétitions est devenu un simple musée.

Profitant de cette fermeture momentanée, les autorités ont décidé alors de le doter d’une autre tribune (virage) de 5 000 places dont les travaux sont en cours. Lors de la dernière visite de travail du MJS, Mohamed Tahmi, dans la wilaya, ce dernier a suggéré l’inscription d’une autre tribune d’une même capacité d’accueil. Ce qui fera un total de 20 000 places. L’OPOW est aussi doté d’une piste d’athlétisme et d’un terrain de réplique en gazon naturel.

Le projet d’un autre terrain en tartan synthétique implanté juste à proximité du stade est inscrit. La wilaya a aussi été dotée de six terrains de football en tartan synthétique : à Bouira, Lakhdaria, Aïn Bessam, Sour El Ghozlane, M’Chedallah et El Hachimia. Ce dernier demeure toujours fermé en dépit de l’achèvement des travaux. Situation qui a, pour rappel, poussé le club local à déclarer forfait général.

Ceux de Haizer et Kadiria sont toujours en travaux. Deux autres terrains (aires de jeu) en tartan synthétique ont été inaugurés en décembre dernier par le MJS au niveau du CNLS Tikjda et au niveau de la forêt « Errich » dans la ville de Bouira. Lors de sa dernière visite dans la wilaya, le premier ministre Sellal avait annoncé la dotation de la wilaya de quatre terrains en tartan synthétique 5ème génération à Bechloul, Bordj Okhris, Kadiria et Bir Ghbalou.

A noter que le stade communale de Bir Ghbalou, comme d’ailleurs la plupart des terrains ou aires de jeu, est carrément impraticable. Doté de tuf, le terrain devient un véritable bourbier à la moindre chute de pluie. Ce qui constitue un réel danger pour les joueurs, notamment ceux des petites catégories. Les blessures et fractures y sont légions. C’est d’ailleurs le cas des 13 autres terrains en tuf existants. Mais tout ceci reste insuffisant, étant donné le très grand nombre de pratiquants, notamment concernant le football.

D’ailleurs, plusieurs équipes se sont engagées dans le championnat de wilaya (Honneur et Pré/honneur) alors qu’elles ne disposent même pas de terrain ou dispose d’une simple aire de jeu, donc non homologuée. Il y a aussi le stade d’Aswel, même si administrativement il est attaché à la commune d’Ath Boumahdi dans la wilaya de Tizi-Ouzou. Ce terrain doté d’un gazon naturel et d’une piste d’athlétisme a été réalisé à coup de milliards avant d’être complètement abandonné.

Le stade avait, pour rappel, fait couler beaucoup d’encre et a créé une véritable zizanie entre le comité olympique algérien (COA) et le ministère de tutelle (le MJS). Aujourd’hui, le terrain devient de nouveau un centre d’intérêt du département de Mohammed Tahmi. En marge de sa dernière visite de travail à Bouira, le MJS avait annoncé que son département était « en train de réfléchir à une formule administrative en vue de son rattachement au CNLS Tikjda, après sa réhabilitation ». 

Des projets en cours de réalisation, d’autres à réaliser 

Il existe six salles OMS dans la wilaya. Celles de Bouira, Haizer, M’Chedallah, Sour Ghozlane et Aïn Bessam, en plus d’une autre salle qui est en cours de réalisation. Il est aussi question de la réalisation de quatre salles spécialisées et dix piscines semi-olympique. Quatre piscines sont d’ores et déjà achevées, mais seulement deux sont ouvertes à Bouira et Haizer. D’autres piscines comme celles de Lakhdaria, Bechloul, Aïn Bessam et Bir Ghbalou ne devront pas tarder à ouvrir leurs portes. A ce problème de retard dans l’achèvement des travaux, s’ajoute celui de l’encadrement.

En effet, comme les autres disciplines sportives, la natation ne dispose pas d’assez de maîtres nageurs pour encadrer les jeunes talents. Le MJS avait exigé des responsables du secteur dans la wilaya de procéder à l’ouverture des piscines dont les travaux sont achevés et de les mettre à la disposition des amateurs de la nage, en faisant appel à la protection civile qui dispose de bons maîtres nageurs pour combler le déficit. Ceci, tout en encourageant la formation de jeunes sportifs exerçant à temps partiel, pour prendre ainsi la relève.

A noter que lors des championnats d’Afrique de natation des jeunes, un nageur de Bouira, Khendriche Yacine, s’est distingué en remportant la médaille de bronze. Il faut également noter que ce ne sont pas toutes les communes qui disposent de structures pour abriter les activités sportives. La plupart des adeptes du sport sont privés de pratiquer leur sport favori. En effet, pour s’adonner à la natation par exemple, il faut résider à Bouira ou à Haizer. Idem pour la majorité des autres disciplines.

La plupart des athlètes se ruent sur les quelques espaces existants, à l’exemple de la salle communale Smail Labter de Bouira (Volley-ball). La salle OMS de Bouira abrite plusieurs disciplines telles le handball, basket-ball et la boxe. L’ODEJ et la salle de Haizer sont réservés pour le Judo. Les CSP servent souvent d’espaces pour la pratique des sports de contact notamment le Karaté do. La piste d’athlétisme du complexe sportif Rabah Bitat de Bouira est réservée elle à l’athlétisme. 

L’exemple de la commune d’Aghbalou 

La commune d’Aghbalou compte plus de 800 athlètes pratiquant diverses disciplines, notamment le football, le handball, l’athlétisme, le karaté do et le kung fu. En matière de structures, la commune est dotée d’un stade communal de football homologué qui reste néanmoins fermé à cause de l’absence des services de sécurités sur le territoire communal, obligeant ainsi les deux clubs de la commune, la JSC Aghbalou et le CSA Beni Hamdoun, à domicilier au stade de Chorfa.

Il existe aussi deux autres aires de jeu à Selloum et à Beni Hamdoun non homologués, utilisées par des jeunes adeptes du football non structurés. L’association sportive, Assali Ivehlal, qui assure deux disciplines, le karaté do et l’athlétisme, et prend part au différentes compétions, de wilaya, régionale et nationale, compte à elle seule plus d’une centaine d’athlètes (filles et garçons). La section athlétisme de cette association s’entraîne dans une piste agricole, alors que la section karaté do s’entraîne dans un garage appartenant à un particulier.

Dernièrement, suite au départ de leur entraîneur, les jeunes sont restés livrés à eux même, heureusement que les responsables de l’association ont procédé à une forme de jumelage avec des karatékas de la commune Ath Ouaamar (Béjaïa). Les athlètes du club s’entraînent désormais au niveau de la salle spécialisé d’Ath Ouaamar avec un entraîneur qualifié de la région. Il existe, certes, une salle spécialisé et une autre polyvalente à Bouaklane au village de Takerboust, chef-lieu de la commune d’Aghablou, mais elles sont trop éloignées.

En effet, il n’est pas évident pour les athlètes de s’entraîner au niveau de cette salle, surtout que le transport n’est pas assuré. De ce fait, elle est rarement utilisée. Contacté le responsable du sport dans la commune, Saâdi Mohand Saïd estime que les structures sportives dans la commune ne profitent pas aux jeunes, puisque installées en dehors des zones habitables. L’équipe de la JSC Aghbalou hand-ball (seniors filles) évoluant en division nationale, s’entraîne tantôt au niveau du lycée Slimane Amirat, tantôt à M’Chedalah dans la salle OMS.

Notre interlocuteur ajoutera : « Ce qu’il faut, c’est une salle OMS pouvant abriter différentes disciplines sportives ». A cet effet, on apprend que l’APC d’Aghbalou avait proposé une assiette foncière dans un endroit jugé adéquat pour la réalisation d’une salle OMS. Cette situation constatée dans plusieurs régions de la wilaya avait conduit au désintéressement des jeunes de l’activité sportive qui, il faut le dire, est en pleine régression.

Le meilleur est peut-être à venir 

Avec l’achèvement des travaux, actuellement en cours de réalisation, tels ceux des nouvelles piscines des CSP et des terrains de football en synthétique, la situation s’améliorera à coup sûr dans la wilaya. Il est à préciser que Bouira vient de bénéficier des projets de deux piscines olympiques à Sour El Ghozlane et El Hachimia, quatre CSP, cinq salles polyvalentes, deux ODEJ, ainsi que la réhabilitation de quatre terrains de football en synthétique cinquième génération.

Ajouter à cela une politique ambitieuse mise en place par la DJS et les différentes ligues de wilaya en matière de formation au profit des jeunes sportifs exerçant en temps partiel. Mais tout cela reste tributaire de la rigueur et du suivi des autorités et responsables du secteur, à travers une bonne gestion des structures et la mise en place d’un encadrement compétent et responsable.

Il faut impérativement faire profiter les jeunes des différents espaces et encourager la formation des athlètes à travers une prise en charge et un suivi rigoureux et un encadrement qualifié. L’on a besoin d’un programme en continu et non occasionnel comme lors des festivités marquant des événements. Il faut aussi aider les associations sportives avec des moyens financiers et matériels et l’installation de nouvelles structures sportives dans les communes qui en sont complètement dépourvues. Il faudra également impliquer davantage les élus, la société civile et tout le mouvement associatif.

Rayane B

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