Paradoxes et dilemmes : quelles alternatives ?

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La santé et le graphe d’évolution de l’économie algérienne ne cessent d’être suspendus aux lèvres et clics des courtiers en produits pétroliers sur les marchés mondiaux.

Si, depuis deux ans, les nouvelles de ces marchés sont moins répercutées par les médias, c’est en raison d’une forme de stabilité des prix qui a donné un aspect plat au graphe de leur évolution. Une stabilité dans une fourchette de 100 à 120 dollars le baril, qui a fait suite à la dépression de 2008/2009. Cependant, les jeux ne sont jamais faits définitivement. Les retournements de situation sont imprévisibles et le climat de la crise financière en Europe peut comporter plus d’une surprise sur le plan du recul de la consommation en produits énergétiques. Cette dépendance de l’économie algérienne par rapport aux exportations en hydrocarbures a été une nouvelle fois disséquée par les experts qui ont assisté au colloque organisé par le Forum des chefs d’entreprise en mars dernier sous le thème “de l’urgence d’une nouvelle économie moins dépendante des hydrocarbures“. En tout cas, cette énergie fossile, depuis qu’elle est devenue la source hégémonique de revenus pour les pays que la nature en a dotés, pose plus de questions qu’elle n’apporte de réponse au processus de développement des pays concernés. Le modérateur des débats organisés sur ce sujet par le journal ‘’EL Watan’’ en 2011 explique que, ‘’ pour certains pays pétroliers, l’échec du développement est nettement plus accusé [que la régression du PIB par habitant enregistré par l’Arabie Saoudite entre 1981 et 2001], faisant retomber les revenus réels par habitant sous leurs niveaux d’avant les années 1960, quant il n’a pas précipité la plongée des communautés dans l’abîme sans fond de la guerre civile“. Il conclut sur les observations faites par des institutions internationales : “les États qui dépendent financièrement des exportations des hydrocarbures (et autres sources minières) comptent parmi les pays les plus fragiles économiquement, les plus autoritaires, les plus corrompus et (…) les plus exposés à la violence politique“. D’abondantes analyses et une littérature fort assez conséquente ont accompagné l’industrie et le commerce du pétrole, et cela bien avant que les crises cycliques liées à la pénurie et au prix de cette première énergie du monde n’éclatent au grand jour. Manifestant sa présence partout dans notre vie quotidienne, cette énergie fossile alimente aussi bien les chroniques économiques des journaux que la recherche en géostratégie globale du fait qu’elle constitue depuis un peu plus d’un demi-siècle un enjeu majeur dans les relations internationales. Pour les pays producteurs de pétrole, la dépendance est établie particulièrement après la années 1970. Il est maintenant connu que la mono-exportation a joué de mauvais tours pour les nations qui ont géré leur ressource comme une rente éternelle. L’exemple de l’Algérie est peut-être le mieux indiqué pour illustrer cette situation. Ayant abandonné sa première vocation qui était l’agriculture, notre pays est vite tombé dans la facilité de l’importation des produits alimentaires et des biens d’équipement. Pis, nos gouvernants ont soutenu les prix des produits importés jusqu’à vendre à perte. Cette politique démagogique a coûté cher au pays et a compromis ces chances de relancer les autres secteurs de l’économie. Dans ce sens, la dépendance vis-à-vis des hydrocarbures est presque totale. Il s’en est suivi une fragilisation générale de l’économie dont le cœur bat au rythme du prix du pétrole sur les places mondiales.

Une ressource qui a imposé son hégémonie

Un ouvrage d’un grand intérêt paru sous le titre de La Dépendance pétrolière (Mythe et réalité d’un enjeu stratégique), travail collectif sous la direction de Gérard Chaliand et Anne Jafalian, pose la problématique de la géopolitique mondiale nourrie par la volonté de sécurisation des sites et des chemins d’approvisionnement en énergie pétrolière. Il explique les vrais motifs ayant conduit le gouvernement russe à juguler le mouvement ascendant du géant pétrolier privé Youkos en avançant la thèse que cette opération devait mettre fin à des convoitises américaines sur le pétrole sibérien quelques semaines après le début de la guerre en Irak. Il fait remarquer aussi que la tendance à la libéralisation de l’exploration et de l’exploitation pétrolières constatée dès le début des années 1990 dans plusieurs pays producteurs est train de connaître des remises en cause au profit d’une certaine souveraineté nationale allant dans le sens de la maîtrise de l’économie pétrolière. L’exemple du Venezuela, depuis l’accès au pouvoir de Hugo Chavez en 1998, est l’un des plus retentissants. Sa politique ‘’souverainiste’’ lui vaut actuellement de franches inimitiés dans le camp occidental et une adhésion presque messianique de la population du pays et même de certains pays du Sud. Avec la production des énergies dérivées, telle que l’électricité et l’extension des domaines d’application du gaz et du pétrole à tous les aspects de la vie moderne, la dépendance de l’humanité vis-à-vis de cette source d’énergie devient non seulement réelle mais aussi fort inquiétante. Les plus grandes inquiétudes sont nourries évidemment par les pays qui consomment le plus grand volume de cette énergie, à savoir l’Amérique, l’Europe et, depuis quelques années, la Chine qui a atteint des taux de croissance inégalés dans le monde. Les États-Unis produisent 20 % de l’énergie mondiale (1,6 milliards de Tep : tonnes équivalent pétrole) et en consomment plus de 25 % (2 milliards de Tep). Premier producteur mondial de pétrole et deuxième de gaz naturel (2,4 % et 3,2 % des réserves mondiales seulement), ce pays est aussi le premier importateur d’hydrocarbures : 400 millions de pétrole et 60 milliards de mètres cubes de gaz naturel par an environ. Le Sud, Texas et Louisiane, reste en tête de la production nationale, mais, en dépit de l’apport appréciable du pétrole d’Alaska (20 % du total), la production stagne. Par contre, le charbon a un bel avenir : les États-Unis (2e producteur et exportateur mondial) détiennent 23 % des réserves planétaires ; il fournit 55 % de l’électricité du pays et sa part dans le bilan énergétique (25 % actuellement) est appelée à s’accroître. Outre les gisements et les sites d’exploitation terrestres, le pétrole a pu être extrait du sous-sol marin et produit sur des plates-formes off-shore comme c’est le cas principalement en mer du nord et dans le Golfe du Mexique. La répartition géographique de la production mondiale de pétrole est aujourd’hui assez étendue. Elle va de l’Alaska jusqu’à l’Indonésie en passant par l’Afrique du Nord, la Russie, le Moyen-Orient et la mer Caspienne. La grande production en Amérique du Nord est localisée dans les sédiments des Plaines centrales et le long du Golfe du Mexique ainsi que sur la plate-forme littorale. Elle s’étend sur de nombreux États : Kansas, Oklahoma, Arkansas, Mississipi, Louisiane et surtout Texas qui fournit environ 40 % de la production totale des États-Unis. L’exploitation gagne le nord du Dakota. Le pétrole a crée ou développé dans la Plaine centrale des villes comme Oklahoma City où les derricks s’élèvent même dans les avenues, Dallas, Tulsa qui est qualifiée ‘’capitale mondiale du pétrole’’ et où l’on retrouve de multiples revues et instituts de pétrole. Les réserves de l’Ouest, le long des Montagnes Rocheuses dans les États de Montana, Wyoming, Colorado sont mises en valeur. En Californie, les forêts de derricks s’étendent vers les déserts de l’intérieur et s’avancent en mer pour exploiter la plate-forme continentale ; la Californie produit un cinquième du pétrole des États-Unis. Le Canada a mis en exploitation des gisements dans l’Alberta qui se sont développés à la faveur des conduites dirigées sur les régions de Winnipeg, Toronto et Vancouver. Le Mexique est aussi un grand producteur de pétrole avec les exploitations de Tampico Panuco, Tuxpan et Puerto. Ses réserves prouvées sont de 7382 millions de tonnes de pétrole, et ses réserves potentielles sont de l’ordre de 35.000 millions de tonnes. Les réserves vénézuéliennes en pétrole sont évaluées à 8.088 millions de tonnes dans la ceinture du fleuve Orénoque, autour de la lagune Maracaïbo et sur la plaine orientale en frontière avec la Colombie.

L’OPEP et «la main invisible d’Allah»

Les pays du Moyen-Orient détiennent les plus puissantes réserves du monde. L’Arabie Saoudite à elle seule détient 34 milliards de tonnes, soit le quart des réserves mondiales. Sa production journalière atteint parfois des pics de 10 millions de barils tandis que ses revenus pétroliers varient de 20 à 40 milliards de dollars par an. En tous cas, avec l’Algérie, la Libye, les pays du Golfe et l’Indonésie, un nouveau ‘’croissant fertile’’ des temps modernes semble se dessiner. N’oublions pas toutefois qu’un nouvel épicentre de gisements pétroliers est en train d’être mis au jour autour et à l’intérieur de la mer Caspienne, ce qui explique, du moins en partie, les troubles politiques entretenus en Asie centrale particulièrement en Afghanistan. L’Algérie est classée comme producteur moyen de pétrole. Elle est le sixième producteur mondial de gaz naturel (GNL et GPL). ‘’De 1971 à 1978, le pays a utilisé l’extraction, principalement du gaz, et les profits accumulés par les exportations d’hydrocarbures nationalisés dans la Sonatrach, tant pour développer rapidement ses moyens propres en matière d’énergie- raffineries, centrales électriques, réseau de gaz naturel-, que pour tirer les devises nécessaires à son industrialisation. On attribue généralement à la chute des cours du brut de 1986 les origines de la crise d’une économie ‘’rentière de pétrole’’, note André Prenant. Le Plan de valorisation des hydrocarbures (Valhyd) conçu en 1977 a essayé de valoriser les hydrocarbures en développant le raffinage au-delà des besoins nationaux, en récupérant condensats et gaz de pétrole, mais au prix d’emprunts auprès des partenaires américains qui doublèrent, en 1978/79, l’encours de la dette extérieure. En 1991, une loi votée sous le gouvernement Ghozali a rendu possible la prise de participation des sociétés étrangères dans les projets d’exploration et d’exploitation pétrolières. La nouvelle loi sur l’énergie que le Parlement a voté en 2005 pour libéraliser l’exploration et l’exploitation des hydrocarbures- la Sonatrach devenant une simple entreprise comme les autres-a vu une partie de son contenu amendé dans le sens d’une maîtrise plus rassurante de la décision nationale et de l’octroi d’un statut privilégié à Sonatrach. L’Organisation des pays exportateurs de pétrole est fondée en 1960. Ses promoteurs avaient pour objectif de protéger les intérêts matériels et commerciaux des pays producteurs de pétrole au sein d’un marché naissant auquel manquait des traditions de négoce et qui était soumis à des fluctuations difficilement gérables pour des pays technologiquement et économiquement en retard. Outre des objectifs financiers (la garantie des recettes d’exportation), cette organisation vise aussi des objectifs géostratégiques, ainsi qu’on a pu le constater lors des chocs pétroliers de 1973 et 1979/80. Cependant, au fur et à mesure que le nombre de pays y adhérant augmentait, la politique de l’Organisation devenait moins contraignante pour ses membres : un certain désordre a fini par s’installer à cause des objectifs divergents des pays concernés. Certains pays pétroliers, ayant parfois un grand poids dans le commerce du pétrole ne font pas partie de l’OPEP. L’Organisation est composée aujourd’hui de treize membres : Arabie Saoudite, Iran, Irak, Koweït, Venezuela, Libye, Nigeria, Indonésie, Émirats Arabes Unis, Algérie, Qatar, Gabon et Équateur. En s’organisant de la sorte pour la défense de leurs intérêts, les pays de l’OPEP ont, de facto, instauré un cartel, schéma économique connu à moindre échelle consistant pour un groupe de producteurs à s’entendre pour influer sur les prix en restreignant la concurrence. Cependant, comme le notent deux éminents économistes, Peter Lindert et Charles Kindleberger, ‘’aucun cartel n’a eu de réussite aussi retentissante que l’OPEP. Avant l’OPEP, l’espérance moyenne de vie des cartels a été si courte que l’analyse économique des cartels avait tendance à mettre l’accent sur le caractère inéluctable de leur destruction. L’analyse traditionnelle a justement souligné les pressions qui tendent à éroder le pouvoir d’un cartel, certains membres d’un cartel tendant à faire défaut et à jouer le jeu de la concurrence et certains acheteurs trouvant des moyens d’éviter de recourir au cartel. L’une des tâches essentielles de l’économie internationale est de concilier l’hypothèse d’un effondrement inéluctable d’un cartel et la réussite durable de l’OPEP’’. Le succès de l’OPEP en 1973 a marqué le point culminant d’une évolution progressive des forces en présence dans le sens d’une augmentation de la puissance des pays exportateurs. Les plus importantes de ces forces étaient les suivantes : l’évolution du rapport entre la demande et l’offre mondiales de pétrole, la détermination de plus en plus affirmée des nations arabes riches en pétrole de s’en servir comme d’une arme contre Israël, et une série de modifications dans la situation pétrolière des États-Unis.

Instrument de pression et de chantage

La demande mondiale de pétrole brut a augmenté rapidement jusqu’en 1973. La consommation mondiale d’énergie a augmenté à un taux d’un peu plus de 5 % par an entre 1950 et 1972. La part du pétrole dans la consommation mondiale d’énergie est passée au cours de la même période de 29 % à 46 %, si bien que la consommation de pétrole a elle-même augmenté d’environ 7,5 % par an, taux de croissance bien supérieur à celui de la production mondiale de l’ensemble des produits. L’offre mondiale de pétrole brut a augmenté au moins aussi vite que la demande mondiale. Les réserves prouvées représentaient à la fin de 1972 environ 34 ans de consommation mondiale. On était parvenu à maintenir, bon an mal an, ce rapport entre les réserves et la consommation annuelle, en dépit de la croissance rapide de la consommation de pétrole à partir du milieu des années cinquante. Mais la demande mondiale a augmenté beaucoup plus vite que l’offre des pays extérieurs à l’OPEP. Les découvertes pétrolières postérieures à la seconde Guerre mondiale ont été très inégalement distribuées entre les pays. ‘’La main invisible d’Allah a doté l’OPEP de l’essentiel du pétrole mondial’’, ironisent Lindert et Kindleberger dans ‘’Economie internationale’’. En effet la part des pays de l’OPEP dans la production mondiale de pétrole brut est passée d’environ 20 % en 1938 à plus de 40 % en 1960, date de la création de l’OPEP, pour atteindre plus de 50 % à la veille du premier choc pétrolier. En octobre 1973, à l’occasion de la guerre isrëlo-arabe dite du Kippour, les pays arabes adoptent des mesures d’embargo sur leurs livraisons de brut ; l’OPEP en profite pour décider unilatéralement des hausses des prix. En l’espace de six mois, le prix du baril du brut de référence est passé de 2,9 dollars à 11,6 dollars. De la fin de 1978 au début de 1981, les tensions créées sur l’offre de pétrole par la révolution iranienne et par le début de la guerre entre l’Irak et l’Iran se conjuguent, permettant aux pays de l’OPEP de fixer de nouvelles hausses. Entre 1970 et 1981, sous l’effet des chocs pétroliers, le prix moyen du baril aura été multiplié dix-neuf, en dollars courants. Par la suite, la volonté des gros consommateurs occidentaux de limiter, sinon de rompre leur dépendance à l’égard des pays de l’OPEP a fait que des efforts de recherche ont été orientés vers des énergies alternatives (nucléaire, gaz, charbon) ou d’autres sites pétroliers (Alaska, Mer du Nord, …). A partir de 1982, une nouvelle tendance à des cours et à des approvisionnements problématiques commençait à prendre forme. Le cartel de l’OPEP décide de passer à la politique des quotas pour provoquer la hausse des prix du pétrole. Cependant, le manque de cohésion entre les membres de l’Organisation due à des situations spécifiques de chaque pays en matière d’économie et de politique intérieure a fini par avoir raison de ‘’l’entente cartéliste’’. La baisse des prix du brut au milieu des années 1980 les a ramenés au niveau de 1973. Une situation exceptionnelle de l’économie et des finances du sud-est asiatique (Indonésie) au milieu des années 1990 a été à l’origine d’une nouvelle chute des prix du pétrole faisant rapprocher dangereusement les prix unitaires de cession des coûts à la production. Les prix se négociaient entre courtiers autour de 9 à 10 dollars. L’Algérie, sous le règne de Zeroual, faisait aussi face au terrorisme islamiste. Si la chute des prix du pétrole avait duré quelques mois- quelques semaines même-, l’avenir du pays aurait été hypothéqué sur le champ et cela aurait été le saut dans l’inconnu dans une conjoncture déjà suffisamment compliquée sur le plan sécuritaire (subversion terroriste). La remontée fut très progressive, et même très hésitante en 1998 puisque les cours ont chuté de près de 40 % au cours de cette année. La politique des quotas est aussi intimement liée à la définition d’une fourchette de prix qui agréerait aux clients- dont la croissance économique est, en partie, tributaire du prix d’acquisition de l’énergie-, et aux pays exportateurs lesquels voient dans la stabilisation des prix du pétrole un gage de recettes régulières qui assureraient une stabilité de leurs économies respectives. La fourchette de 25 dollars paraissait, pendant quelques années, répondre aux soucis des uns et des autres. Mais, c’était un équilibre fragile que les bouleversements politiques mondiaux et les retournements de la conjoncture économique allaient mettre à mal généralement au détriment des deux ‘’protagonistes’’. Lorsqu’un facteur ‘’adventice’’ tel le renchérissement de l’euro par rapport au dollar se greffe à une économie comme celle de l’Algérie- basée sur l’exportation en dollars et des importations majoritairement libellées en euro-, l’embellie financière qui semble couler de source est, logiquement, à relativiser. L’année 2004 aura connu des rebondissements si imprévisibles que les prix du baril furent portés à des sommets historiques de 48 à 51 dollars et cela pendant plusieurs semaines. Mieux, depuis cette date, le prix du baril n’est pas descendu sous la barre de 60 dollars. Au début de l’année 2008, il a atteint le ‘’seuil psychologique’’ de 100 dollars le baril. Deux événements ont servi de carburant immédiat à cette situation de cette croissance exponentielle : d’abord la poursuite de la guerre en Irak qui a fini par prendre la forme de guérilla, ensuite l’infortune inquiétante qui a pesé sur le plus grand groupe pétrolier russe post-communiste, le groupe Ioukos dont le PDG, Mikhaïl Khodorkovski a été emprisonné officiellement pour fraude fiscale. Cet événement allait priver le marché mondial de plus d’un million de baril par jour dans un contexte déjà largement gagné par la tension. D’autres facteurs aussi bien conjoncturels et que structurels- comme le fort taux de croissance en Chine et les troubles cycliques au Nigéria- ont contribué aussi à tirer à la hausse le prix du baril. Au vu des fluctuations induites souvent par des facteurs extérieurs à l’OPEP et même indépendants de la volonté de la plupart des pays consommateurs, le rôle de cette organisation est, d’après certains analystes, en train de s’éroder.

Les heures incertaines de la sécurité énergétique

Au cours des premiers mois du Printemps arabe, particulièrement lors de la crise en Égypte et même après la chute de Moubarak, une tension réelle était visible sur le marché des hydrocarbures, d’autant que plusieurs attentats contre le gazoduc alimentant Israël à partir de l’Égypte ont été commis. Cette semaine, c’est l’actualité politique dans ce pays- par une forte montée de l’intégrisme juste avant l’élection présidentielle- qui a entraîné l’arrêt unilatéral de l’approvisionnement d’Israël en gaz égyptien. Sur un autre plan, l’ouvrage Géopolitique du pétrole, réalisé par un collectif éditorial en 2005, lance encore dans le débat la complexe question qui a toujours opposé les géologues, très circonspects quant aux réserves mondiales en pétrole qu’ils disent très limitées, et les économistes ou certains décideurs politiques qui ont tendance à se montrer béatement optimistes sur des données qu’ils ignorent souvent ou qu’ils ont décidé d’ignorer pour des desseins plus politiques que techniques. De son côté le livre La Dépendance pétrolière pose la problématique de “qui dépend de qui ?”; ou bien encore ‘’qui dépend de quoi?», tant sont enchevêtrés, dans une infernale dialectique commerciale et économique, les liens, les intérêts et les destins économiques entre les pays exportateurs et les gros pays consommateurs. En fait, la question qui revient souvent dans les médias est celle de savoir jusqu’où peut aller la hausse des prix du pétrole. En tout cas, elle ne peut pas augmenter exponentiellement jusqu’à remettre en cause la croissance des pays industrialisés, car, les pays exportateurs eux-mêmes en pâtiraient.

De même que la baisse du prix du baril- comme celle enclenchée en 1994 faisant descendre le baril à 10 et 11 dollars- ne peut pas durer dans le temps puisqu’elle remet en cause le processus de production lui-même.

Les énergies alternatives-solaire, éolien, biocarburants,…-, destinées à remplacer progressivement le pétrole et le gaz, sont, pour certaines, au stade des essais à petite échelle, et pour d’autres, à l’image du solaire, à la recherche des capitaux et des technologies moins coûteuses qui pourront installer un véritable tissu industriel.

Le mégaprojet DESERTEC (d’un coût prévisionnel de 400 milliards de dollars), destiné à produire de l’électricité solaire dans les pays sahariens (dont évidemment l’Algérie) pour alimenter l’Europe et y faire baisser le risque nucléaire que représentent les centrales actuellement en production, est l’exemple même de ces idées qui novatrices où le gigantisme est nourri par l’aspiration à la sécurité énergétique.

Amar Naït Messaoud

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