Prospective, planification et luttes sociales dans le nouveau contexte économique / Crises, alternatives et solutions négociées

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Les nouvelles orientations économiques de l’Algérie annoncées principalement par la loi de finances complémentaires 2009 et prolongées par la loi de finances 2010 donnent une orbite originale aux réformes économiques annoncées et (mal) menées depuis deux décennies. En effet, au  » tout privatisable  » du début des années 1990, à l’ouverture débridée vers les marchés extérieurs et, enfin, à la vision ultra-libérale qui a précipité la chute du déjà peu performant tissu économique national, s’est substituée la raison d’un développement autocentré comptant d’abord sur les ressources internes tout en gardant ouvertes les options pour une ouverture raisonnée sur l’extérieur.

Deux points sont à relever dans cette entreprise de redresser le gouvernail de l’économie algérienne. D’abord, ces choix ne semblent nullement être dictés par des considérations idéologiques particulières, mais plutôt par une déception et un désenchantement d’une ouverture mal négociée sur l’économie de marché. Ensuite, dans le cas où ces choix se contenteraient de faire durer ad vitam aeternam la période de transition actuelle tentée par un protectionnisme d’un nouvel ordre, ce serait bien sûr une grosse méprise sur la marche et les exigences de l’économie moderne.

Des interrogations qui ont jalonné l’évolution des économies des anciens pays socialistes d’Europe depuis la fin des années 80 du siècle dernier apparaissent aujourd’hui au grand jour en Algérie. Ces interrogations, inhérentes au nouveau rôle de la planification dans une économie libérée du dirigisme étatique et à la place du pluralisme syndical au sein d’une classe de travailleurs malmenée dans son identité sociale, vont structurer de plus en plus le débat animé autour des plans de développement publics, des investissements privés, des réformes bancaires et des privatisations.

La problématique posée ici se base sur la place des outils conceptuels, des institutions administratives et idéologiques qui structurent l’économie dans le nouveau contexte du marché et des économies ‘’libérales’’. Parmi les outils qui offrent une lecture pour le moins contrastée, voire contradictoire, selon qu’ils sont évoqués au passé (contexte d’économie dirigiste) ou au présent/futur (économie de marché), la planification et le syndicat émergent indubitablement comme thèmes à controversés.

La création d’un Commissariat général à la planification et à la prospective, intervenue en 2008, revêt un caractère d’heureuse innovation destinée à combler un vide dans l’architecture institutionnelle de notre pays. Ce poste managé par le professeur Sid Ali Boukrami, un éminent économiste, sera un  » instrument pour redéfinir les politiques du gouvernement en matière d’emploi sur la base des statistiques « , selon la déclaration du ministre des Finances, Karim Djoudi, faite lors de la cérémonie d’installation.

Nouvelle prise de conscience ?

Le nouveau plan d’investissements publics 2010- 2014 a été soumis, dans sa phase conception, au regard critique du CGPP. Ce dernier a tracé en 2009, les lignes directrices et la méthodologie à suivre dans la formulations des projets inhérents à ce Plan.

En fait, les structures de la planification dans notre pays ont suivi l’évolution imprimée à l’économie. Pendant les années 70 et 80 du siècle dernier, l’action de planification bénéficiait de tout un département ministériel. Mais, comme chacun le sait, cette mission se contentait de suivre les contours d’une économie administrée, régentée par le pouvoir central au profit des ‘’masses’’. D’ailleurs, pour brocarder l’économie ‘’socialiste’’ de l’époque- aussi bien en Algérie qu’en Europe de l’Ouest- on lui colle aujourd’hui l’épithète ‘’planifiée’’, non sans créer un écart sémantique préjudiciable à une fonction, la planification, pourtant portée sur les fonds baptismaux de l’Europe occidentale dite capitaliste après la fin de la seconde Guerre mondiale. Ce précieux instrument de ‘’guidance’’ économique et sociale trouvera sa pleine expression pendant les années de l’expansion économique européenne (les trente Glorieuses) et surtout après le choc pétrolier en 1973. Planifier le développement par la domination de l’imprévisibilité par la mesure des risques présents et à venir et par la mobilisation de toutes les structures relevant de la gestion de l’économie nationale, tels semblent se présenter les grands axes des attribution de cette nouvelle institution. Pour ces objectifs, les spécialistes ont tracé au moins 4 grandes : le diagnostic de la situation de l’économie (atouts et contraintes), plan stratégique (objectifs généraux en fonction des hypothèses), propositions de programmes et budgets répondant aux objectifs et, enfin, le contrôle et les mesures coercitives (analyse des écarts par rapport aux objectifs : rasions et remèdes).

Le plus indulgent des observateurs a pu se poser de légitimes questions sur les modalités d’application, la stratégie d’ensemble et la faisabilité même des derniers plans de développement mis en branle par le gouvernement algérien dans le cadre du Plan complémentaire de soutien à la croissance et des programmes complémentaires Hauts Plateaux et Sud. À eux seuls, ces trois axes ont mobilisé une enveloppe budgétaire de quelque 150 milliards de dollars. Pour rendre justice à l’ancien ministre des Finances, M. Abdellatif Benachenhou, c’est tout à fait au début de la conception de la première tranche de ces projets- pour 50 milliards de dollars- qu’il montra ses appréhensions en mettant l’accent sur le manque de performance des entreprises algériennes pour prendre en charge les travaux objet de ces investissements.

Le temps vient de lui donner raison puisque le gouvernement a amendé le Code des marchés publics en juillet dernier essentiellement pour faire accéder les entreprises algériennes à la commande publique dans le cadre des grands projets d’investissements publics par le moyen de la clause portant  » préférence  » nationale à hauteur de 25 %. Cela ne suffit pas évidemment pour réhabiliter les entreprises algériennes dans leur fonction économique principale. Il faut des décisions encore plus hardies portant sur la mise à niveau, la requalification des ressources humaines et la libération de l’initiative d’entreprendre et d’investir.

Ensuite, ce fut le tour de certains experts, dont le docteur Abdelhak Amiri, de proposer un sursis d’une année pour procéder à des études qui, à leurs yeux, paraissaient indispensables pour mettre en application de tels méga-projets qui engagent l’avenir de la Nation. Il a même été suggéré qu’une partie de ce montant historique serve à la mise à niveau de certaines de nos entreprises pour pouvoir affronter le terrain. En tout cas, il demeure clair que sur le plan de l’étude du milieu et de l’aménagement du territoire- pour une cohérence et une efficacité garanties des projets de développement- le préalable de l’identification des actions et des sites constitue un facteur essentiel de réussite.

Faire valoir les règles d’évaluation

Bien que le concept de planification ait été malmené et galvaudé au temps de la ‘’gestion socialiste des entreprises’’- l’économie planifiée n’a plus bonne presse depuis le triomphe du libéralisme économique et symbolise un dirigisme étatique à tout va-, partout dans le monde, à l’ombre même du libre-échangisme le plus débridé les services de la planification tournent à plein régime. Il ne s’agit pas, loin s’en faut, de dicter à la ferme son plan de culture (comme au temps de la Révolution agraire) ou à l’atelier le nombre d’unités à produire et de travailleurs à employer. Mais, comme la commune définit son POS (plan d’occupation du sol), la collectivité nationale a besoin de définir ses priorités, ses objectifs, sa stratégie et les moyens nécessaires à leur réalisation. Les pays d’Europe occidentale, à commencer par la France, ont bâti de solides politiques de planification depuis la fin de la seconde Guerre mondiale. Le Plan ‘’Monet’’ mis en œuvre à partir de 1947 est un bel exemple de prospective et d’anticipation économique. Mieux, la crise économique mondiale qui a ébranlé bien des certitudes a été à l’origine d’une nouvelle prise de conscience au niveau de l’élite politique occidentale quant aux vertus de la planification économique pour pouvoir, assurent certains analystes, ‘’moraliser’’ la capitalisme triomphant.

À l’échelle de notre pays, depuis la disparition, à la fin des années 1980, du ministère de la Planification, l’Algérie gère son présent économique par le seule grâce de la loi de Finances votée annuellement. Pire, cette loi a fini par être fractionnée pour donner un appendice qui a pour nom la loi de Finances complémentaire. Mais au vu des incohérences des programmes de développement, aussi bien dans l’espace que dans l’interactions des tâches prévues, la nécessité de renouer avec l’esprit de la planification rationnelle a fait son chemin au sein des cercles décisionnels. Outre la création du Commissariat à la planification et à la prospective, on enregistre un autre signe révélateur de cette tendance. Le prestigieux Institut supérieur de gestion et de planification (ISGP), sis à Bordj El Kiffan, est passé sous la tutelle du ministère des Finances depuis 2007. Il aura à former des cadres dans la prospective et l’intelligence économique.  » Nous avons les ressources financières, mais cela ne suffit pas « , dira, lors de la cérémonie de transfert, M. Medelci, alors ministre des Finances. La planification se trouve au cœur de l’action de développement et de gestion. Les hautes autorités du pays commencent à reconnaître cette réalité et à lui réserver son terrain institutionnel. Mieux vaut tard que jamais.

C’est ainsi qu’un projet d’un nouveau mode d’élaboration de la loi de Finances- canevas dans lequel ne seront pas distingués le budget de fonctionnement et le budget d’équipement et où l’on travaille surtout sur la notion de projets et d’objectifs- est mis depuis maintenant deux ans en discussion. Quant au nouveau Plan comptable national, son entrée en vigueur a eu lieu le 1er janvier 2010.

Quelles horizons pour les luttes syndicales ?

L’ouverture de l’économie algérienne sur le marché a entraîné des révisions déchirantes en matière de droits sociaux et de luttes syndicales. Deux données ont rapidement montré leurs facettes : d’abord l’entreprise privée qui, en l’espace de deux décennies, fait travailler un personnel de plus de 6 millions de personnes (statistiques ONS de janvier 2010). Ensuite, le fort besoin de syndicalisation, y compris dans les entreprises publiques, suite aux divers aléas grevant le monde du travail. Il est connu à travers le monde que les patrons privés ont généralement une sorte d’ ‘’allergie’’ à la création de syndicats. Ces entreprises sont tentées de minimiser les coûts et de maximiser les profits-comme le commande la logique capitaliste- y compris au détriment des intérêts du travailleur (salaire, allocations familiales, primes de risques et de pénibilité…). La cupidité de certains patrons est allée jusqu’à employer un personnel au noir.

La création de sections syndicales dans les entreprises privées et le besoin d’un pluralisme syndical né des désenchantements charriés par le syndicat unique jouant souvent au ‘’pompier’’ lorsque des conflits de travail éclatent, ces deux données donc, ont commencé à introduire une nouvelle culture syndicale dans notre pays. A l’image de toutes les organisations de masse de l’époque, l’UGTA était caporalisée par le parti unique, le FLN, dont l’article 120 des statuts stipule que toute responsabilité dans la fonction publique ou l’organisation syndicale est subordonnée à l’acquisition de la qualité de militant du parti.

C’est déçus et désillusionnés par le rôle du syndicat unique du pays- et confortés aussi par le principe du pluralisme syndical énoncé dans la Constitution de février 1989-, que des ouvriers et des cadres se constituèrent en syndicats autonomes dans plusieurs unités de production et même dans les administrations (exemple du SNAPAP). Certains secteurs, comme l’Éducation et l’Enseignement supérieur, se distingueront par une vivacité exceptionnelle pour défendre les acquis des travailleurs si bien qu’ils ont fini par constituer plusieurs syndicats. Même si les pouvoirs publics se montrent fort réticents à l’octroi d’agréments à certains syndicats libres, ces derniers n’ont pas hésité à agir sur le terrain et à paralyser parfois les activités des secteurs desquels il relèvent (exemple de l’Education, de la Santé de Chemins de fer,…).

En tant que principal partenaire social des pouvoirs publics, l’UGTA a joué un grand rôle dans la conclusion du Pacte économique et social intervenue en 2006, pacte censé établir un ‘’consensus’’ entre employeurs et employés autour de certains engagements qui, dit-on, devraient préserver les intérêts des travailleurs et ceux des entreprises et faire assurer ainsi la paix sociale. Mais, la régression continue des conditions de travail et les contraintes d’une mondialisation effrénée qui menace des secteurs entiers de l’économie nationale ne pourront pas rester sans induire des conséquences sur le monde du travail, l’emploi et le niveau de vie général des populations. En réalité partout dans le monde, tout pacte entre employeurs et employés est souvent sujet à des révisions déchirantes générées par les intérêts divergents. L’ ‘’amour des classes’’ étant une chimère qui voudrait faire table rase de la lutte des classes.

Vers la fin de l’unanimisme

En tout cas, l’ouverture de l’économie nationale à l’investissement privé et la philosophie du multipartisme adopté par le pouvoir politique ne peuvent pas s’accommoder éternellement d’un syndicat unique. Par ailleurs, le pluralisme syndical est un droit garanti par la Constitution du pays. Et c’est en se prévalant de ce droit que, par effet de contagion, plusieurs secteurs de la vie économique du pays ont eu recours à l’adoption d’une nouvelle ‘’cure syndicale’’ en s’éloignant de l’UGTA. Jusqu’à quand les pouvoirs publics resteront sourds aux appels de renouvellement de la stratégie de la défense des intérêts des travailleurs impliquant diversité et complémentarité des structures et des acteurs ? C’est, en tous cas, la voie adoptée par la majorité des pays ayant à peu près le même passif politique et économique que l’Algérie mais qui ont décidé dans l’intérêt de la société tout entière, de rompre avec les schémas désuets de l’ ‘’unicité’’ et de l’unanimisme.

Le onzième congrès de l’Union générale des travailleurs algériens a eu lieu en 2008 dans une phase pour le moins complexe et cruciale du mouvement social algérien et dans l’histoire de cette organisation fondée dans le feu de l’action de la guerre de Libération.

La phase en question est faite d’interrogations angoissantes et d’appels à des révisions déchirantes dans une ‘’maison’’ où l’on ne connaissait jusque-là que douce unanimité et joyeuses congratulations. Les tractations ayant présidé à la mise en place de la CEN (commission exécutive nationale) ont été prolongées de plusieurs semaines après la fin du Congrès. Ses enjeux- où les équilibrismes partisans, régionaux et même d’humeur personnelle s’avèrent fort délicats- donnent l’impression de dépasser ceux de l’élection du secrétaire général.

Il est vrai que l’héritage de la guerre de Libération en matière d’encadrement syndical des travailleurs a fait que, pendant plus de trente ans, les travailleurs algériens n’ont connu que l’Union nationale des travailleurs algériens (UGTA) avec ses différentes sections spécifiques des branches de l’activité économique. Ayant lié nationalisme avec l’idée des luttes ouvrières, l’UGTA finira par devenir au fil des années une simple ‘’organisation de masse’’ du parti unique. Avec la montée du péril islamiste au début des années 1990 et la création du SIT (Syndicat islamique du travail, organisation liée à l’ex-FIS), l’UGTA se rangera du côté des défenseurs de la République et feu Abdelhak Benhamouda l’intégrera dans le CNSA (Comité national pour la sauvegarde de l’Algérie) qui mettra en échec les desseins théocratiques du parti dissous en appelant à l’annulation du deuxième tour des élections issues du scrutin du 26 décembre 1991.

Sur le plan purement syndical, l’UGTA demeurera presque simple observateur de la scène lors des fermeture des entreprises publiques pendant les années 1990, opération qui entraîné des centaines de milliers de chômeurs.

Luttes sociales : nouveaux enjeux

L’on ne peut manquer d’observer qu’à l’échelle du monde, le triomphe du capital, les nouveaux enjeux géostratégiques et l’avancée des nouvelles technologies de l’information et de la communication ont entraîné le reflux des luttes sociales et des actions syndicales.

La Place rouge à Moscou comme la Place du 1er Mai à Alger ont, depuis bientôt deux décennies, perdu le faste des kermesses de la Fête internationale du Travail. C’est que depuis la disparition de l’Union soviétique et la chute du mur de Berlin, le romantisme de la classe ouvrière a été fortement rogné laissant place à de profondes remises en cause qui ont jeté sur la marge des millions de travailleurs à travers les anciens pays socialistes et les autres pays du tiers-monde ayant adopté le système de l’économie administrée. En toute apparence, le libéralisme, décrié et diabolisé pendant presque un siècle en Europe et stigmatisé avec la même vigueur par les mouvements nationaux de la quasi totalité des ex-colonies, trouve ainsi son terrain d’expression le plus idéal dans un monde où les solidarités sociales se sont gravement effilochées et les repères culturels profondément brouillés. Il faut dire que l’extrémisme religieux actuellement en œuvre dans l’aire culturelle arabo-islamique et les replis identitaires des communautés qui la composent ne sont pas étrangers à ces bouleversements qui remettent une nouvelle fois sur la table les questions de l’identité sociale sous couvert de religion. Les désenchantements générés par la disparition des idéaux égalitaristes véhiculés par le nassérisme et le boumedienisme- et la prise de conscience que ce ne sont finalement que des idéaux- ont largement contribué à l’affaissement et même à l’effacement de l’ ‘’identité ouvrière’’ au profit de solutions mystiques mues par un désir anarchique de revanche sociale. Le phénomène est évidemment aggravé par l’impasse politique des régimes qui n’ont souvent de schéma de gouvernance que celui de la loi de la force par laquelle ils estiment pouvoir perpétuer un mandat qu’ils n’ont, en vérité reçu de personne.

En Algérie, les profondes remises en cause ayant affecté le monde du travail correspond réellement à la fin des illusions entretenues par la seule grâce de la rente pétrolière. Depuis la dégringolade des prix de l’or noir en 1986, il n’a pas fallu plus deux ans pour voir la colère monter des entrailles de l’Algérie et exploser à la figure des gouvernants un certain 5 octobre. La solution politique-manœuvre politicienne, diront certains- apportée à l’impasse sociale et économique ne pouvait créer aucun miracle pour la classe ouvrière tant étaient compromises depuis longtemps les chances d’une gestion rationnelle des ressources du pays. À cet état de faiblesse générale du corps social, se sont greffées les grandes hypothèques de la situation sécuritaire pesant sur le pays et la Nation tout entière. C’est pendant la longue parenthèse terroriste que les grands acquis sociaux des années 70 et 80 ont été évacués par le Plan d’ajustement structurel (PAS) qui a accompagné le rééchelonnement de la dette extérieure. Des dizaines d’entreprises publiques ont été fermées, des centaines de milliers de travailleurs ont été licenciés et le taux de chômage avait atteint 32% au milieu des années 1990, un taux politiquement, socialement et économiquement insoutenable. Les luttes sociales et syndicales ont les limites que leurs ont tracées la situation politique du pays (une sorte de consensus s’est dégagé pour privilégier la stabilisation du pays sur le plan sécuritaire par rapport à des revendications syndicales pures), la maturité du mouvement social et le schéma général d’organisation de l’économie nationale. Cette dernière a été orientée depuis 2005 sur les grands projets structurants susceptibles d’attirer l’investissement privé. Le taux de chômage est officiellement ramené à 10,2 % jusqu’au début de l’année 2010. En tout cas, les points gagnés sur le dramatique taux de chômage du début du nouveau siècle sont, de l’avis de beaucoup de spécialistes, plutôt dû à des mécanismes sociaux qu’à une véritable relance des secteurs de l’économie. Mais, en toute évidence, une profonde refonte du monde du travail et de la condition ouvrière est en train de s’opérer en Algérie. La manière dont seront utilisées les recettes énergétiques du pays, l’importance des investissements productifs projetés et les mécanismes mis en place pour insérer intelligemment l’économie du pays dans le processus de mondialisation ne manqueront pas de conditionner et de donner un autre souffle à l’émergence de nouvelles conditions de travail, de nouvelles méthodes de luttes sociales- nécessairement inscrites dans le pluralisme politique du pays- et une nouvelle conscience ouvrière censée être ‘’autonomisée’’ par rapport aux anciennes politiques d’assistanat et de gestion de la rente.

Amar Naït Messaoud

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