Avantages réciproques et risques partagés

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Les incertitudes et les lourdeurs qui pèsent sur les opérations de financement de l’économie sont, en tout cas, intimement liés à la nature de l’investissement, à la stratégie de développement adoptée par l’entreprise- y compris l’étude du marché des input et des output- ainsi qu’à l’action managériale mise en branle pour la gestion à court, moyen et long terme. C’est, en résumé de la solvabilité de l’entreprise qu’il s’agit. Néanmoins, le contenu accordé à ce concept a largement évolué de par le monde. Jadis, la solvabilité était réduite à des cautions précises ou à la mise en gage mobilière ou immobilière pouvant garantir le remboursement du crédit. Aujourd’hui, à l’échelle des personnes morales (sociétés, entreprises et d’autres entités), ce genre de cautionnement épouse de plus en plus le souci de la faisabilité et de la pertinence du projet à financer, d’une part, et le souci de la bonne gestion de l’entreprise qui sollicite le financement, d’autre part. Outre la force de frappe induite par la performance du système de financement, la densité du réseau bancaire renseigne, pour les experts en économie, sur le degré de connectivité entre les banques et les entreprises. Ce critère appelé ‘’taux de bancarisation’’ demeure faible en Algérie. Il est d’un point pour 25 000 habitants, alors que la norme stabilisée au niveau de la plupart des pays est d’un point pour 8 000 habitants. De même, la difficulté de décrocher un crédit est illustrée par le ratio entre le nombre de demandes de crédit exprimées et le nombre de crédits accordés. Ce ratio est de 53 %. Ainsi, près d’une sollicitation de crédit sur deux est refusée. Cette faiblesse du volume et de la vitesse de la mobilisation des crédits bancaires illustre une certaine mollesse dans la vigueur des investissements basés sur les petites et moyennes entreprises, supposées comme étant les entités économiques les plus à même de générer de l’emploi permanent, de la richesse et de la fiscalité.

M. Reda Hamiani, président du Forum des chefs d’entreprises (FCE), a appelé les banques à continuer à accompagner les petites et moyennes entreprises dans le financement de leurs projets. « Il est vital que le secteur bancaire puisse se mettre en situation de pouvoir accompagner les entreprises pour l’émergence de grandes entreprises championnes » en Algérie, a-t-il souligné lors de son intervention au 5e Forum international de la finance tenu à Alger l’année dernière.

Outre les efforts qui sont exigés de banques- celles existantes ou celles à venir-, l’entreprise est, elle aussi, appelée à des adaptations nécessaires en matière d’organisation et de management. L’observation est adressée par les experts singulièrement à l’entreprise privée de laquelle est attendu un saut qualitatif majeur. L’entreprise privée algérienne est, en général, actuellement « de faible envergure et enfermée sur elle-même. Il faudra parvenir à des entreprises privées capables de s’autofinancer à hauteur de 30% au moins et s’acheminer vers la séparation entre les notions de propriété et de gestion. Il faut se départir de l’idée que celui qui détient les capitaux doit nécessairement gérer. 90% des entreprises privées ont une gestion familiale qui n’intègre jamais le budget de Recherche et Développement (R&D) et qui ne montre aucune volonté d’ouverture du capital. Leur comptabilité manque de transparence, ce qui explique leur non admission en bourse. Le secteur privé a recours aussi au marché parallèle puisqu’une grande partie des ressources financières ne transitent pas par les banques », souligne M.Hamiani.

Le financement des investissements demeure imparablement la pièce maîtresse de toute relance économique. Les techniques et l’ingénierie modernes permettent de procéder au montage financier de façon à prendre en charge l’ensemble des volets afférents au futur investissement. Il s’agit surtout de fidéliser et de rendre mutuellement confiante la relation entre l’entrepreneur et la banque, relation devant s’appuyer sur le principe d’avantages réciproques et de risques partagés.

A.N.M.

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