Loin des attentes

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La facture d’importation des produits alimentaire tourne autour de 5 à 6 milliards de dollars par an. Cette lourde facture n’est pas seulement caractérisée par son montant, mais aussi par les difficultés à acheter au bon prix, à négocier sur les marchés mondiaux et à assurer la bonne qualité des produits. Le ministre de l’Agriculture et du Développement rural, Dr Rachid Benaïssa, expliquait en 2010 : « Les produits alimentaires d’une manière générale sont devenus un enjeu stratégique sur le marché mondial. Nous avons vécu en 2007-2008 une flambée sans précédent sur les céréales. Il a fallu une forte intervention pour maintenir les prix internes. Nous avons vu également que certains pays avaient refusé de vendre leurs produits, comme le riz dans les pays asiatiques. Cette année, la Russie a interdit l’exportation des céréales. La crise de se reproduire à n’importe quel moment. Toutes ces épreuves doivent servir de leçons pour tenter de couvrir le maximum des besoins par la production locale. C’est pour cela que nous demandons aux transformateurs de s’impliquer davantage dans la production nationale au lieu de compter uniquement sur les importations ».

Le même responsable, au cours d’une conférence tenue en il y a trois ans sur le secteur de l’agroalimentaire a tenu à souligner le grand fossé qui sépare l’activité agricole en tant que sphère de production et l’activité de transformation agro-industrielle en tant que sphère où se crée la valeur ajoutée et qui donne ainsi des débouchés variés aux produits agricoles. « Il n’y aura pas de modernisation de l’agriculture si les entreprises de l’agroalimentaire continuent à tourner le dos à la production nationale (…) Nous avons constaté que nous sommes l’un des rares pays au monde où l’appareil de transformation du secteur de l’agroalimentaire n’est pas du tout en phase avec le monde agricole. Notre conviction est le rapprochement des professionnels du monde agricole afin de mettre fin au dysfonctionnement qu’a provoqué l’appareil agro-industriel ».

L’amer exemple de la mauvaise prise en charge des produits agricoles par le secteur de la transformation au début des années 2000 est toujours présent dans les esprits. Ainsi, de la tomate industrielle dans l’Est du pays, des abricots de la région de Batna et du lait de vache dans les wilayas d’Annaba et Guelma ont été jetés dans la nature faute d’ateliers de transformation. Des images dramatiques qui incitent tous les acteurs agricoles à une réflexion sérieuse et profonde sur le sujet. De même, la contradiction de voir, d’une part, certaines de nos unités de transformation de la tomate industrielle fermées pour absence de crédits bancaires, et, d’autre part, une importation massive de ce même produit, ne laisse pas de crever les yeux et risque de remettre quelque part en cause la stratégie supposée être développée en faveur de ce secteur.

Depuis que la politique de reconversion (céréales/arboriculture) a partiellement tenu son pari, -aidée, il est vrai, par une politique audacieuse de mobilisation des ressources hydriques (barrages, forages, retenues collinaires, captage de sources)-, quelques périmètres à l’échelle de certaines wilayas ont commencé à émerger. Il y a même des zones où il a été enregistré des surproductions dans espèces fruitières (poires, pommes, abricots) et oléicoles. La prise en charge par le prolongement de la chaîne agroalimentaire n’étant pas encore assurée, les producteurs se trouvent pénalisés et désemparés. Quant à une éventuelle exportation des produits, la qualité de ces derniers et les techniques de conditionnement et d’emballage- telles qu’elles sont exigées par les importateurs étrangers- sont loin d’être réunies. C’est aussi là un autre défi que notre économie en général tarde à relever.

A.N.M.

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