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La Kabylie : paradis perdu ?

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Par-delà ce qui est régulièrement rapporté ne serait-ce que de façon sommaire, par la presse écrite et les actes de protestation des populations touchées par les phénomènes de dérèglement de la nature et de dégradation du cadre de vie, peu de recherches et d’études appropriées ont été consacrées à ces situations qui, par leur caractère délétère et inesthétique, remettent en cause l’équilibre général de l’environnement et du cadre de vie et rendent illusoire la politique du développement durable.

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Le territoire de la Kabylie par exemple, en tant qu’environnement physique et biotique- est lui aussi en train de recevoir des coups de boutoir qui risquent de faire passer cette ancienne niche écologique en souvenir d’un paradis perdu. Le comble de l’histoire est que cette chute aux enfers n’est guère la conséquence d’un développement industriel de grande dimension.

L’un des signes probants de la manière dont sont gérées les affaires locales est justement le cadre de vie des citoyens. Dans les milieux urbains, la chute aux enfers ne date pas d’aujourd’hui. Les monticules d’ordures garnissant même la périphérie immédiate de certains hôpitaux, les eaux usées dégoulinant le long des murs des bâtiments et les conduites d’AEP éclatant à tous les coins de rue ne choquent presque plus la vue. L’élu ou le policier, dans un sentiment d’impuissance coupable, ferment les yeux sur ces sites immondes et méphitiques comme n’importe quel quidam.

Jusqu’à un passé récent, néanmoins, l’espace rural montagneux, malgré les difficultés sociales et les contraintes de relief, vivait dans une relative santé écologique. Les habitants de la Kabylie , malgré la pauvreté du sol et le relief accidenté vivaient en harmonie avec le milieu. Le système austère et discipliné de tajmaât ne permettait aucun écart ou comportement délictueux qui nuirait à la collectivité. On n’avait même pas besoin de sapeurs-pompiers pour éteindre les incendies de forêts. La moindre déclaration d’une fumée suspecte mobilisait tout le village qui étouffait dans l’œuf le début d’incendie. Aujourd’hui, la dégradation des milieux physique et biologique a atteint sur nos montagnes un tel degré de dangerosité qu’aucun atermoiement ne peut être toléré dans la recherche des solutions à cette déchéance environnementale. Pratiquement, aucun ruisseau n’échappe au destin de réceptacle des eaux usées que la frénésie de la fausse modernité a imposé à notre milieu naguère pur et limpide. Que deviendra le barrage de Taksebt si des stations de traitement ne sont pas installées en son amont ? Si des actions anti-érosives ne sont pas tout de suite initiées sur l’ensemble de son bassin versant ? Jusqu’à quand la laideur et les remugles des décharges d’Aghbalou (en pleine montagne du Djurdjura), de Oued Falli et de R’Mila- incinérées in situ- serviront-elles de décor à Kabylie ? Sans parler du recul inexorable du couvert forestier, lequel, chaque été subit l’action destructive des feux au point de faire disparaître même des oliveraies et des figueraies.

A.N.M.

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