Dans l’amphi-théâtre de Tamkadbout, bien rempli, la voix de feu Slimane Azem résonne.
Ses chansons diffusées à hautes décibels enchantent le public à l’occasion de la 11e édition du Festival du Théâtre de montagne inauguré avant-hier en soirée. Une édition qui s’étalera jusqu’au 23 août placée en hommage au grand artiste, originaire d’Agouni-Gueghrane, dont la voix dominait largement les lieux.
Par ses œuvres immortelles évoquant tantôt la misère, l’amour, l’émigration, l’exil, la guerre et tantôt les affres de la société et de la vie quotidienne, en Kabylie, l’auditeur est tout de suite captivé et comme ensorcelé. Il écoute, réécoute, apprécie et tente de saisir les multiples messages et toute la grandeur de l’immortelle œuvre artistique de Dda Slimane.
Par une voix unique en son genre, des paroles suffisamment et soigneusement ajustées et une musique simple mais ô combien raffinée, le fondateur de la chanson kabyle invite, à travers ses œuvres, ses auditeurs à un grand voyage dans le temps. Même après sa mort, il y a plusieurs décennies, il continue de bercer, d’éduquer et d’éclairer les nouvelles générations. Une prouesse que beaucoup ne peuvent réussir. En chantant l’exil, il dira : «Je me rappelle du visage de ma mère, je vois d’ici mon village et tout ceux qui me sont très chers. Pour moi, ce paysage est le préféré de la terre. L’Algérie mon beau pays, je t’aimerai jusqu’à ma mort…»
Une chanson parmi tant d’autres, où il témoigne de son amour pour sa patrie. Dans la salle, c’est le silence radio. Même les plus jeunes écoutent avec admiration ses belles mélodies. Certains de ses sketchs, avec l’autre icône du théâtre kabyle, à savoir feu Cheikh Nourdine, ont été diffusés au grand bonheur des invités. Aussi, l’une des chansons phare de Slimane Azem a été reprise en chœur par les présents. Il s’agit de «Effagh Ayajradh tamourtiw». Il était 22h, lorsque la voix de la présentatrice coupa net les chansons du fondateur de la chanson kabyle pour souhaiter la bienvenue aux invités et aux autorités. Cherif Ben Tahar, le principal animateur de ce Festival, lui emboite le pas, invitant l’assistance à écouter l’hymne national.
Ensuite, il donne la parole au président de l’association culturelle «Tamkadbout», Slimane Bouaziz, qui a souhaité la bienvenue au public nombreux, composé d’invités de marque, à l’image de Saïd Zanoun (grand homme de théâtre), Belkacem Messaoudi (ancien journaliste à la Chaîne II) et de nombreux élus, notamment des P/APC, des députés et sénateurs. Il n’omettra pas de rendre également hommage «aux membres de l’association pour le travail accompli et de remercier l’APC d’Aït Bouadou et l’APW pour l’accompagnement manifesté au Festival». De son côté, le maire d’Aït Bouadou se contentera de rendre «hommage aux villageois de Tamkadbout et à l’association pour avoir toujours honoré sa commune. «Je rends aussi un vibrant hommage à Slimane Azem, qui a tracé les premiers sillons de la chanson kabyle. Nous serons toujours aux côtés de l’association avec tous les moyens disponibles et on fera la même chose avec toutes les associations actives, au sein de notre commune».
Puis est venu le tour du P/APW par intérim, M. Achir qui devait prononcer l’ouverture de cette 11e édition du Théâtre de montagne au bout d’une intervention marquée l’hommage appuyé rendu à Slimane Azem. Ensuite, la chorale de l’association «Tamkadbout» est montée sur scène pour gratifier le public de belles chansons de feu Slimane Azem. La troupe «Tala» d’Aïn Zaouïa s’est ensuite installée sur la scène pour jouer une pièce théâtrale intitulée «Nek Nagh Nettssath» (Moi ou elle). S’agissant de la suite du programme, hier, la troupe d’Iferhounene devait présenter la pièce théâtrale «Mohand Ouchabane».
L’association «Ibtouren» de Larbaâ Nath Irathène était au programme pour enchainer avec une autre œuvre intitulée «Quand deux jeunes s’aiment». Pour la journée d’aujourd’hui, il est prévu deux autres pièces théâtrales avec les troupes Ikhoulaf et Itrane de la wilaya de Bouira. Pour la journée de demain, mercredi, trois autres œuvres théâtrales seront présentées au public. «Azar Ntuddert» d’Aït Yahia Moussa, «Tagharma» de Béjaïa et l’Association des activités de jeunes de Béjaïa occuperont la scène le long de la soirée. Pour la journée de jeudi, l’association «Tigjdit» de Larbaâ Nath Irathène et l’association «Arts School» de Bouzeguene tenteront à leur tour d’attirer l’attention du jury.
Enfin, pour la dernière journée, vendredi prochain, une cérémonie de clôture est projetée avec au menu des prix et des cadeaux aux lauréats. Un gala artistique est aussi prévu. «On fera de notre mieux pour avoir une grosse pointure de la chanson kabyle, en plus des chanteurs locaux», a fait savoir Slimane Bouaziz, le président de l’association «Tamkadbout».
Hocine T.