“Un consensus national pour dénoncer le terrorisme”

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Créé depuis juillet 2004, l’Union pour la démocratie et la République, UDR, de Amara Benyounes, n’a pas pu décrocher son agrément à ce jour.

Les évènements qu’a connus le pays, depuis notamment le mois de janvier écoulé et qui ont poussé le pouvoir en place à entreprendre des “réformes politiques», semblent être un tremplin pour beaucoup de formations politiques, privées d’existence légale afin de réinvestir le terrain politique. Comme le PJD de Mohamed Saïd, le FD de Ghozali, Essabil de Abdesselam Ali-Rachedi &hellip,; l’UDR fait son forcing pour obtenir son agrément.

Les textes relatifs aux partis politiques proposés par le ministère de l’Intérieur sont loin d’être, selon les concernés, “une solution”. Pour eux, le texte proposé pour amendement au sein de la chambre basse du Parlement “est un tour de vice supplémentaire pour bien museler l’activité politique”.

L’Union pour la démocratie et la République a tenu, hier, son conseil national, au siège de la Centrale syndicale, avec la présence de militants venus “de 38 wilayas du pays», a indiqué son SG.

L’Assemblée nationale actuelle est incompétente

Dans son discours d’ouverture des travaux, M. Benyounes a commenté l’actualité politique du pays. Dans ce contexte, il a souligné que “la classe politique algérienne est usée”. Pour lui, le pays a besoin d’une nouvelle classe qui sera à même de prendre en charge les doléances des citoyens. Sur ce, il est impératif, à ses yeux, d’agréer de nouvelles formations politiques.

“Nous avons la classe politique la plus incompétente au monde», a encore asséné l’orateur.

Le SG a indiqué qu’aucun pays au monde “n’a institué une loi sur les partis, sauf en Algérie !” Pour l’UDR, qui attend toujours son agrément, “nous sommes prêts à se soumettre à toutes les lois, l’ancienne et celles contenues dans la nouvelle loi sur les partis», a indiqué M. Benyounes, qui a ajouté que “notre parti a d’ores et déjà préparé tous les dossiers nécessaires même pour un autre congrès constitutif”.

Evoquant les consultations sur les réformes engagées par la commission Bensalah, le SG de l’UDR a relevé le fait que tous les courants étaient représentés, à savoir, le courant nationaliste, islamiste et l’Armée, mais sans pour autant convier “un véritable représentant de la mouvance démocratique”. Sur ce point, M. Benyounes a souligné que la composante humaine de la commission Bensalah “informe sur l’intention réelle du pouvoir», quant au contenu des réformes. Des débats qui ont tourné grosso modo, en mode “discuter le bout de gras», sur un avenir de tout un pays !

A propos des réformes proposées à l’amendement à l’APN, notamment les lois sur les partis et celle électorale, l’orateur dira que depuis le mois de janvier, aucune loi n’est étudiée par les députés. Une perte de temps, selon lui, même si, par ailleurs, il a souligné que, “le problème ne réside pas dans les lois, mais dans leur application ou leur non-application”. Toujours dans le même ordre d’idées, il a ajouté que “les partis politiques appellent le président à dissoudre l’APN, alors qu’ils y siègent”. Pour l’UDR, “il suffit pour ces partis de démissionner de l’Assemblée pour voir cette institution s’auto-dissoudre», avant d’ajouter que “les deux dernières assemblées élues sont les plus incompétentes et les moins représentatives», depuis l’ouverture démocratique.

Les partis qui y siègent réagissent avec une certaine disproportion entre la déclaration et l’acte de peur de perdre des avantages dont bénéficient les “élus” du peuple à l’APN !

“Pour l’alternance à tous les niveaux de responsabilité”

Sur la loi électorale, l’UDR estime que le mode de scrutin qu’il défend reste “la proportionnelle nationale intégrale”.

L’article de la nouvelle loi qui a “mis fin” au nomadisme politique n’était pas du reste, pour l’UDR, “il est inconcevable que l’on demande au ministère de l’Intérieur de mettre fin à ses démissions», alors qu’il faut, au contraire “se demander pourquoi les députés quittent leur parti pour rejoindre d’autres”. Sur ce point, le SG de l’UDR explique que ces démissions sont dues, essentiellement “au manque de démocratie dans les partis politiques», car, pour lui, “à l’UDR l’alternance est assurée à chaque niveau de responsabilité», car, il a relevé que “certains responsables politiques algériens ne sont pas loin des Ben Ali, Moubarak et El Kadhafi…”

De pied en cap, M. Benyounes a insisté sur le fonctionnement démocratique de sa formation. Ainsi, concernant les quotas des femmes proposés par le Président, l’UDR optera plutôt pour la parité dans sa formation. “Nous allons travailler afin d’atteindre les 50% de femmes dans le parti», a-t-il souligné. Sur ce point, M. Benyounes a indiqué que “les seuls quotas qui intéressent certaines formations, sont ceux des sièges”. Il a relevé que la première “hogra” qui touche les femmes reste, le code de la famille qu’il faut impérativement abrogé.

Faut-il noter que les 33% proposés dans le texte de la nouvelle loi seront “revus à la baisse” pour les maintenir à seulement 20%.

Lâcheté de la classe politique devant le terrorisme

Lors du discours d’ouverture des travaux du conseil national de l’UDR, M. Benyounes s’est longuement exprimé sur le terrorisme islamiste. Pour lui, il est inconcevable, voire dangereux que la classe politique n’évoque plus les années de terreur islamiste qu’a subies le pays. Pour se faire, l’UDR propose “une journée de mémoire en hommage aux 200 000 victimes du terrorisme islamiste», avec “une stèle à Alger pour ces victimes”. M. Benyounes appelle la classe politique à “un consensus national” pour dénoncer le terrorisme islamiste.

M. Benyounes estime que la menace intégriste est toujours présente. Pour la contrer, l’UDR rejette dans le fond et dans la forme “la proposition d’une assemblée constituante», qui consacrera inévitablement “une victoire des islamistes”. Amara Benyounes est allé loin dans son explication. Ainsi, il a souligné que “l’idée d’une assemblée constituante émane des partisans de Sant’Egidio”.

Sur ce point, il a indiqué “qu’on assiste à une coalition contre l’Armée», notamment avec le silence de la classe politique, “qui a suivi la diffusion par Canal + d’un reportage sur les moines de Tibéhirine», dont le réalisateur “est connu pour son soutien au terrorisme”.

“Les islamistes risquent de bâtir ce qu’ils n’ont pas pu réaliser par les armes avec une constituante qui va accoucher d’une constitution qui consacrera la charia», a encore ajouté l’orateur.

La situation des groupes de Patriotes, des GLD et des gardes communaux, informe, selon le responsable de l’UDR sur “le recul dans la lutte contre le terrorisme et l’intégrisme”. Comme exemple, il a fait référence à l’attaque de Cherchell à propos de laquelle aucun officiel n’a réagi. Ce silence est pour le premier responsable de l’UDR “une lâcheté de notre classe politique”.

Pour rappel, des Patriotes et des membres des GLD ont été réprimés lors de leur action de protestation organisée à Alger. Il a ajouté à l’endroit de ceux qui ont évoqué une amnistie générale pour les terroristes, comme Farouk Ksentini, “qu’est-ce que vous voulez de plus pour les terroristes ?”. Ces agissements qui visent à graisser la patte aux repentis se lisent notamment, dans les comportements de certains repentis. A l’instar de cet imam qui “servait” des fetwa contre les débits de boissons dans certains quartiers d’Alger, “en est la parfaite illustration de ce que veulent les islamistes” même sans activité politique légale.

“L’Algérie doit sauvegarder son caractère républicain», a insisté l’orateur qui n’a pas manqué de soulever, même sans le nommer, l’insistance de Abdelaziz Belkhadem, lors du dernier Conseil des ministres consacré à la question du retour du FIS dissous sur la scène politique nationale. Sur un autre volet, le SG de l’UDR a condamné la répression des marches de la CNCD à Alger, “même si celles-là ont échoué”.

“La capitale appartient à tous les Algériens», a souligné M. Benyounes qui a indiqué que l’interdiction de toute marche à Alger est inacceptable. Vers la fin de son intervention, il a évoqué les révoltes dans le monde arabe. Sur ce point, il a salué au nom de son parti, ces révoltes, en insistant “sur le caractère républicain des futurs Etats qui vont être fondés après les révolutions”. Pour l’UDR, le cas de la Libye reste le plus intéressant pour l’Algérie, car, a-t-il indiqué “la démocratie importée sous les bombes de l’OTAN pose problème”.

Il a par ailleurs, mis en garde contre la circulation des armes dans la région du Sahel.

A la fin, Amara Benyounes a assuré que son parti sera agréé sous peu, sans écarter la possibilité de participer aux prochaines élections législatives.

M. Mouloudj

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