“Nous ne lâcherons rien… !”

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Hier, dans la matinée, les enseignants de tamazight (tous cycles confondus) de la wilaya de Bouira, se sont rassemblés devant l’édifice abritant la direction de l’éducation pour y observer un sit-in.

Cette énième action de protestation soulève les sempiternels problèmes “amarrés” (voir notre édition d’hier) à l’enseignement de tamazight tant sur le plan purement pédagogique que sur celui inhérent aux considérations socioprofessionnelles.

Cette fois encore, leur plateforme de revendications a atterri sur le bureau du responsable local de l’éducation. En fait, en l’absence du premier responsable (récemment installé à la tête du secteur), la délégation représentant les protestataires a été reçue par le secrétaire général. Après avoir pris acte des doléances des enseignants, ce dernier promettra d’intervenir et d’y remédier dans la limite des prérogatives de la direction. Autrement dit, il est attendu que dans l’immédiat, il sera trouvé une solution aux emplois du temps et volumes horaires que “subit” la matière de tamazight, la reléguant ainsi au statut méprisant de sous-matière. Il sera sans aucun doute, si l’on se remet à la détermination du secrétaire général, de mettre un terme aux comportements qu’affichent des chefs d’établissements à l’égard des circulaires ministérielles. A ce propos, et à titre indicatif, on apprendra que des chefs d’établissements zélés, et s’exprimant dans la langue de Si Moh U M’hand comme personne, refusent toujours les trois séances par semaine tel que soulignées par les circulaires en question. Encore plus grave, ces directeurs d’établissements se permettent de “casser” le cursus scolaire en décidant d’interrompre l’enseignement de tamazight pendant une année scolaire. Du coup, et à titre d’exemple, l’élève qui a suivi les cours en première et deuxième années du cycle Moyen ne se présentera pas à l’examen du BEM, s’il n’a pas suivi des cours en troisième année du même cycle. Or, la circulaire est claire à ce propos, puisqu’elle souligne l’obligation d’assurer les cours de tamazight du début jusqu’à la fin du cycle. Un autre problème “resoulevé” et celui lié au statut de l’enseignant. Les protestataires estiment méprisable le qualificatif d’OP (ouvrier professionnel) qui colle au certificat de travail de certains enseignants. Pourtant, pour en finir avec ce mépris innommable, des solutions existent bel et bien. Pour y remédier, les enseignants proposent de faire bénéficier les OP et autres sous-statuts de formations au terme desquelles ils puissent faire valoir leur passif professionnel. Il est possible, affirment-ils, d’envisager une formation au DLCA (département de langue et culture amazighes) en associant la tutelle et le ministère de l’Enseignement supérieur. Ils s’étonnent aussi qu’ils ne bénéficient pas au même titre que leurs collègues d’autres matières de formations cycliques. A côté de cette batterie de revendications, les enseignants de tamazight ont pris la décision d’ester en justice toutes personnes (les responsables d’établissements essentiellement) se permettant un écart de langage ou de comportement antipédagogique empreint de mépris à l’endroit de tamazight. Cette décision a été prise, suite à une réponse qu’aurait donnée un chef d’établissement à un jeune licencié en tamazight demandeur d’emploi. “Nous ne sommes pas Kabyles», lui aurait répondu le chef d’établissement en question. Au terme de leur sit-in, les enseignants de tamazight se sont donnés rendez-vous pour mardi prochain. “Nous n’allons pas lâcher. Nous serons là tous les mardis après-midi», invitera H. Derradj, ses camarades protestataires.

S. O. A.

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