Les produits pyrotechniques envahissent les rues

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A l’approche de chaque fête du Mawlid Ennabaoui, on ne voit qu’un seul décor dans les rues algériennes : Celui des étals des produits pyrotechniques.

Ce phénomène qui prend de l’ampleur, au point que beaucoup d’entre nous s’interrogent sur la réalité de l’interdiction de ces produits dangereux. Chaque année, c’est le même scénario que se répète sur la vente des produits pyrotechniques, en dépit de son interdiction. A quelques jours de la célébration de la Fête du Maoulid Nabaoui, les trottoirs sont envahis par des étals de pétards de tout genre. “On vend plusieurs genres de pétards», a assuré un vendeur rencontré dans le marché de Djamaâ Lihoud, ce marché considéré comme le plus grand fournisseur en ces produits. “Chaque année, j’achète les pétards du Mouloud à Djamaâ Lihoud parce qu’ici, ils sont moins chers, en plus, on peut trouver tous genres de produits pyrotechniques», a indiqué Yacine. Estimant que les prix cette année ont flambé. La commercialisation de ces produits et le grand écho qu’elle trouve chez les citoyens algériens nous poussent vraiment à dire, est-elle interdite ?

Mourad, un jeune vendeur n’a pas d’apporter sa touche : « Je vendais des vêtements, mais à l’approche de la célébration du Mawlid, je profite de l’opportunité pour gagner plus d’argent », estime-t-il. D’importantes quantités de produits pyrotechniques ont été enregistrées au port d’Alger et un argent fou semble avoir été dépensé. A l’approche de cette fête religieuse, un rush particulier de clients et de vendeurs est constaté dans ces marchés où les familles dépensent la moitié de leur budget dans l’achat de différentes sortes de produits pyrotechniques portant des noms selon la puissance et la qualité a savoir : double bombe, les fusées, TNT, «chitana», etc. La vente de ses explosifs est très répandue à Alger. « J’ai trois enfants et à l’approche du mouloud je dépense plus de 6 000 DA dans les pétards, feux d’artifices et autres », déclare un père de famille. « Je fais plaisir à mes enfants car ce n’est pas toujours la fête », persiste-t-il. Par contre, d’autres se plaignent d’avoir à débourser des sommes importantes. « Même si je n’ai pas beaucoup d’argent, je suis obligé de faire plaisir à mes enfants, sans parler des risques qu’ils encourent en manipulant ces produits pyrotechniques », déplore un père de famille. En somme, ces produits sont à l’origine de nombreux dégâts et les hôpitaux ne chôment pas durant cette fête religieuse où un nombre important de blessés est enregistré. Ce taux augmente d’année en année et la quasi-totalité des victimes sont des enfants. « On reçoit un nombre important, allant de 10 à 20 blessés par jour et la majorités ce sont des enfants », fulmine un médecin de l’hôpital Mustapha Pacha.

Cinq conteneurs saisis par la gendarmerie…

En dépit de tous les impacts néfastes sur la société ces produits sont commercialisés en Algérie. Des conteneurs remplis d’explosifs et de produits pyrotechniques sont enregistrés chaque année au port d’Alger. En outre, les services de la gendarmerie ont saisi en 24 heures 5 conteneurs de pétards, selon une source proche de la gendarmerie, et les marchés semblent bien achalandés malgré l’interdiction. Selon Kadour Betahar, directeur de la législation et de la réglementation à la direction des Douanes, la loi de finances 2012 contient une mesure qui confère à l’administration de confisquer toutes les marchandises qui arrivent aux ports. Le même responsable estime dans ce sens, que les services des Douanes ont intensifié leurs efforts, en vue de lutter contre ce phénomène. Précisant qu’il faut lutter davantage et ce pendant toute l’année contre ce fléau. Interrogé sur l’incapacité des services des Douanes à contrôler le passage des ces produits au niveau des ports nationaux, M. Betahar dira que “l’offre proposée cette année est moindre par rapport à l’année précédente”. Dans le même sillage, il y a lieu de souligner qu’à la veille de cette fête religieuse, les services des Douanes algériennes du port d’Alger ont saisi trois conteneurs de produits pyrotechniques, provenant de Chine et transitant par Valence (Espagne). Les produits pyrotechniques sont généralement importés avec des registres de commerce empruntés et sont souvent dissimulés dans des conteneurs de marchandises, objets de fausses déclarations. Par ailleurs, la direction générale de la Protection civile appelle les citoyens et particulièrement les jeunes à un maximum de prudence en raison de la disponibilité sur le marché informel de ces produits ô combien dangereux. “L’utilisation abusive et dangereuse, durant la fête du Maoulid, des produits pyrotechniques, qui sont par ailleurs interdits, cause chaque année de blessures graves aux personnes et des incendies dans les habitations et les établissements recevant du public. A cet état de fait, et la grande polémique qu’engendre chaque année les produits pyrotechniques, il ne faut pas manquer de dire qui l’encourage ?

…Et trois autres interceptés au port d’Alger

Par ailleurs, la Direction générale de la Protection civile appelle les citoyens et particulièrement les jeunes à un maximum de prudence en raison de la disponibilité sur le marché informel de ces produits ô combien dangereux. “L’utilisation abusive et dangereuse, durant la fête du Maoulid, des produits pyrotechniques, qui sont par ailleurs interdits, cause chaque année des blessures graves aux personnes et des incendies dans les habitations et les établissements recevant du public», lit-on dans le communiqué des services de sécurité civile. “Il y a quelques jours, j’ai lu dans un journal, qu’un bébé a perdu son oreille à cause des pétards, je me demande vraiment comment on est arrivé là ?», se demande Amel, une interlocutrice étonnée par ce fléau qui ajoute que  » la vente des produits pyrotechniques se déroule au su et au vu de tous, et ce qui est vraiment étonnant.”

Samira Saïdj

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