«Beaucoup de têtes de liste sont proches des milieux des affaires»

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Dans un entretien accordé au Quotidien d’Oran, le ministre de l’Intérieur s’exprimera à propos des législatives prochaines et des mécanismes mis en place pour leur réussite. Au sujet de la Commission nationale indépendante de surveillance des élections législatives (CNISEL) et des doléances qu’elle avait présentées, Daho Ould Kablia estime que sa « mission (CNISEL) est une mission de contrôle. C’est l’administration qui conserve la mission régalienne d’organiser les phases techniques et administratives des élections ». S’agissant de la confection du bulletin de vote, le ministre estime que la proposition de la CNISEL est « techniquement irréaliste et irréalisable », et que cela part « d’arrière-pensées qui ne veulent pas être exprimées ouvertement ». Autrement dit, le bulletin de vote retenu permettrait la fraude. Chose qu’Ould Kablia réfute, « il n’y a pas de fraude puisque l’électeur est en face d’un bureau et il a les listes devant lui. Pour peu que ces listes fassent l’objet d’une communication importante avant le scrutin. Avec les affichages qu’il faut, chaque électeur connaîtra la liste qu’il souhaitera choisir puisqu’elle sera numérotée.

Numérotation qui relève également des prérogatives de la commission nationale de contrôle, puisque c’est elle qui fera les tirages au sort. Où est alors la fraude ? ». Réfutant les appréhensions de la CNISEL, il rassure qu’ « il n’y aura pas de bourrage des urnes, ils le savent bien. Ils savent aussi que les corps constitués ne votent plus, ni dans les casernes, ni dans des établissements de la police, de la gendarmerie ou de la protection civile. Tout le monde va aux centres et aux bureaux de vote». Le ministre affirme que « les islamistes doutent du vote des corps constitués, parce qu’ils savent très bien que ceux-ci ne sont pas favorables au courant islamiste radical. Ils en ont payé un lourd tribut et continuent à le faire. J’inviterai, d’ailleurs, ces gens-là à faire un tour à l’hôpital de Aïn Naâdja ou au centre de rééducation à Bouchaoui pour voir les dizaines, sinon les centaines de jeunes gens des contingents, estropiés, victimes de la barbarie. Il ne passe pas un jour sans que des militaires, des gendarmes ou des gardes communaux sautent sur des mines en laissant leurs pieds, ceci s’ils échappent à la mort. Alors, qu’on cesse de nous rabâcher les oreilles avec un vote unique et uniforme des militaires ! ».

A la question de savoir de savoir si le pays a définitivement dépassé la terrible situation des années 90, le ministre trouve que « malheureusement, les citoyens semblent oublier cette époque, parce que la réconciliation a ouvert la voie au retour de très nombreux islamistes pour réintégrer la vie civile et leur place dans la société. Et il se trouve que certaines parties, qui se disent pourtant ennemis de la violence, leur ouvrent largement leurs bras pour les intégrer dans leurs listes ou parmi leurs adhérents ». Le financement des partis politiques est un autre volet abordé par le ministre qui rappelle que« la loi ne prévoit pas que l’Etat finance les campagnes, mais prévoit, néanmoins, une compensation à chaque parti, en fonction du nombre de sièges qu’il aura obtenu ». Faisant allusion à l’argent qui s’est impliqué dans le prochain scrutin, le ministre explique que « beaucoup de têtes de liste sont des personnes proches des milieux d’affaires. Evidemment, certains partis ont choisi cette facilité pour obtenir les moyens de financer leurs campagnes.

C’était inévitable, en particulier pour les nouveaux partis dont la plupart n’ont pas de base militante. Ils ont été obligés de ramasser n’importe où leurs candidats, certains l’ont été par des voies qui ne sont pas tout à fait morales ». Il rassurera, plus loin, que « tous les candidats qui seront élus passeront au crible de la loi sur la compatibilité ».

Ce « tri » sera assuré par « une commission parlementaire qui se chargera de faire valoir cette loi qui tranche sur la compatibilité du mandat avec leurs détenteurs. C’est le parlement, lui-même, qui va s’autocensurer, c’est-à-dire qu’il va valider lui-même ses élus ».

Synthèse de S.O.A

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