“La suppression du ministère de la culture en 1990 a aidé l’ex Fis”

Partager

Intervenant hier, à travers l’émission «l’invité de la rédaction» de la radio chaîne 3, la Ministre de la Culture s’est voulue offensive.

D’un ton franchement libre, Khalida Toumi a multiplié coups de gueule et déclarations sans protocole, allant jusqu’à mettre sa casquette de ministre de la république de côté pour dire tout ce qu’elle pense, et dénoncer comme un état de fait, ce qu’elle subirait au sein du gouvernement. Le débat tournait autour des salles de cinéma à réhabiliter. Du moins ce qu’il en reste. Elle le concède, en se désolant du fait que c’est là une mission dans laquelle elle n’a pas réussi, du moins jusque là. «C’est un combat que nous continuons ! Celui de récupérer ces salles sous tutelle des collectivités locales». Khalida Toumi continue en assenant : «Le drame dans notre pays c’est que, autant les gens trouvent absolument incongru de se mêler des affaires des spécialistes des hydrocarbures, des ponts, des barrages&hellip,; autant ils se croient totalement autorisés à se mêler de culture, quand ils n’ont aucune compétence dans ce domaine ! Je suis navrée mais il n’est pas dans les attributions du ministère de l’Intérieur et des collectivités locales de faire de la culture. Alors, si on ne veut plus du ministère de la culture, qu’on l’assume ! Mais je prend la responsabilité de rappeler une chose : l’Algérie a fait l’erreur stratégique d’éliminer ce ministère en 1990, et le résultat, on le connaît : On a assisté au développement de l’ex FIS et des mouvements intégristes». En nous fiant au ton qu’elle prend, le moins que nous puissions dire c’est qu’elle ne doit pas compter beaucoup d’amis à l’Intérieur et plus largement dans l’Exécutif. «Tuer le secteur de la culture veut dire mettre en danger la république, mettre en danger le peuple algérien (…) Si certains veulent revivre les dix ans de terrorisme qui ont suivi, moi je me battrai contre. Je suis une militante d’un principe fondamental de la république. La culture est aussi importante que le pain, que le lait… A ceux qui trouvent que la culture coûte cher, je demande d’essayer l’ignorance ! (…) En tant qu’algérienne, même pas en tant que ministre, je me battrai pour que l’Etat algérien ne lâche jamais l’éducation au sens large, ni la santé et la culture. Ne pas lâcher ne veut pas dire ne pas ouvrir l’espace au privé mais l’Etat doit garantir un minimum de service public dans ces domaine là. Parce que l’investissement dans la culture, c’est l’investissement dans l’homme et la femme algériens, c’est-à-dire, celles et ceux qui vont défendre la République Algérienne et nous sommes en train de vivre une situation très difficile et inquiétante pour le pays.

Nous avons besoin de citoyens et de citoyennes qui s’engagent à défendre l’unité nationale et l’intégrité territoriale. Nous sommes encerclés par des menaces et nous avons besoin des hommes et des femmes pour défendre l’Algérie qui n’est pas que des murs et du béton, mais avant tout une culture !». Toutes ces déclarations sont de Khalida, qui a fait rappeler, à ceux qui l’ont écoutée, cette militante des années 1990. «On a l’impression d’écouter Khalida Messaoudi», lui jettera d’ailleurs l’animatrice de l’émission. «On ne se refait pas à 54 ans», lui répliqua-t-elle.

S. Bénédine

Partager