Voie royale vers le renouveau politique?

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Par Amar Naït Messaoud:

En cédant aux règles protocolaires de l’après élections législatives, le Premier ministre, Ahmed Ouyahia, présentera probablement la démission de son gouvernement au Président de la République. Comme à l’accoutumée, des noms circulent dans les coulisses du pouvoir et des rédactions de journaux sur le nom du successeur d’Ouyahia, y compris l’hypothèse très plausible du maintien de ce dernier. L’hypothèse Abdelmalek Sellal revient après qu’elle fut colportée en avril 2009, au lendemain des élections présidentielles. Un autre nom est avancé par la rumeur: Mohamed Seghir Babès, président du Conseil national économique et social (CNES). Curieusement, c’est l’hypothèse Belkhadem qui paraît la moins  »vendable » pour l’opinion, malgré les résultats obtenus par son parti, le FLN, aux élections législatives, 221 députés, soit près de 48 % du total des sièges de l’Assemblée. Outre l’image de conservatisme politique qu’il traîne, son passage à la chefferie du gouvernement en 2006/2007 n’a pas laissé bonne impression, du fait que son sens inné du populisme et de la démagogie faisait de lui moins un chef de gouvernement, censé s’occuper des affaires publiques, qu’un chef de parti rongé par l’esprit de chapelle. L’on se souvient de l’université d’été que son parti avait tenue à Béjaïa en août 2006, lorsqu’il raviva inutilement la guerre verbale contre le mouvement des Aârchs. Le débat politique avait pris sous son règne une couleur terne, un goût insipide et une tonalité monocorde. Il est vrai que, en général, la culture politique dans notre pays tarde à se hisser à un niveau et à un panache qui feraient prévaloir comme principe intangible la permanence de l’État, concept qui signifie qu’une nouvelle équipe qui accède au pouvoir doit endosser et assumer d’une manière chevaleresque l’actif et le passif des gouvernements précédents. Ce manquement aux usages de la haute fonction qu’est le poste de chef de l’Exécutif est l’un des signes du vice rédhibitoire de la formation de la culture politique en Algérie. Au moment où le comité central du FLN, sur initiative de quelques adversaires irréductibles du secrétaire général, planche sur la possibilité de déboulonner de son poste actuel Belkhadem, ce dernier s’occupe à  »conseiller » aux chefs de partis qui ont échoué aux dernières élections de…démissionner de leurs structures respectives. Le patron du FLN, parti en perpétuel redressement- comme si rien n’a changé sous le ciel d’Algérie depuis octobre 1988- se donne tous les moyens rhétoriques et se permet toutes les audaces pour culpabiliser les autres courants de la société et verser dans un paternalisme suranné et une démagogie usée jusqu’à corde. En raisonnant a contrario, cela signifierait que, lui, devrait être « pérennisé » à la tête du FLN puisqu’il a gagné plus du tiers des sièges de l’Assemblée. En termes de diversion, l’on ne peut être plus performant. Ses opposants au sein du parti son formels: les Algériens qui ont choisi les listes du FLN n’ont pas voté pour Belkhadem.

Après le scrutin du 10 mai dernier, l’opinion et les analystes de la chose politique s’attendaient à des réactions intellectuellement sensées et politiquement fermes et porteuses qui viendraient de la mouvance démocratique pour baliser le débat politique dans une conjoncture où, même si le courant islamiste a été désavoué des flottements persistent quant aux réponses aux vraies attentes des Algériens en matière de changement. N’oublions pas que c’est sous ce  »libellé » qu’ont eu lieu les consultations politiques engagées par le président Bouteflika après son discours du 15 avril 2011. Si l’Algérie a échappé à l’effet domino du Printemps arabe- que certains islamistes mal inspirés par la défaite, à l’image de Djaballah, comptent faire venir par la rue-, et si l’Alliance verte a été laminée, cela ne doit pas constituer un blanc-seing pour la perpétuation d’un ordre politique vermoulu sustenté éternellement par la rente pétrolière.

C’est à l’aune de cette vision novatrice et salutaire que sera évalué et jugé le prochain gouvernement même, et surtout, s’il est conduit une nouvelle fois par Ahmed Ouyahia.

Ce sont, à travers l’évaluation du gouvernement, les promesses de réformes politiques, économiques et sociales qui seront appelées à être jaugées et appréciées. Toute la crédibilité de la démarche des réformes gît dans cette équation.

A. N. M.

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