Il raconte «sa gifle» à Belaïd Abdeslam

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Issad Rebrab est remonté loin dans le temps, hier à Tizi-Ouzou. Face à l’assistance, c’était tout comme si le cadre, le gestionnaire, l’homme d’affaire, cédait la place à l’homme tout simplement, visiblement ému et heureux de se replonger dans la Djemâa du village, de refaire ce voyage inverse chez lui pour se ressourcer. Et surtout savourer cette récompense inégalable par les nombreuses autres auxquelles il a eu droit : celle des siens. « Je suis fier d’être amazigh, je suis fier de mes origines », a-t-il dû se dire, baigné par l’émotion d’une salle remplie rien que pour lui. Ils sont en effet venus nombreux pour le voir, l’écouter, et peut-être l’approcher. Il a de loin fait mieux que tout ceux qui se sont succédé à la tribune de la grande salle ces derniers mois. Y compris Belkhadem qui était de passage en pleine campagne électorale. Rebrab a eu ainsi droit au plaisir de raconter « sa gifle » à Belaïd Abdeslam, devant une salle qui s’est remplie spontanément pour lui. « A l’époque de Métal Sider, on m’a fait voir de toutes les couleurs, on a voulu nous casser à tout prix. Sur instructions de Belaïd Abdeslam, on nous a privés dans un premier temps de l’importation de certaines matières, puis on nous a même interdit d’acheter les pièces de rechange des machines de production. Un jour, j’ai alors décidé de lui écrire et lui demander un rendez-vous. Je fus reçu, quelques jours après, par son conseiller à qui j’ai dit : mais ce n’est pas à vous que j’ai demandé à parler… Il me rétorqua alors qu’il exécutait les ordres de son chef. A ce moment là je lui dit : « alors dis à ton chef que, soit il nous autorise à acheter notre matière, soit j’exporte vers l’étranger ». Une quinzaine de jours après, on me dit « va exporter si tu veux ». En quatre mois nous avons exporté un, puis deux, puis trois bateaux, avant qu’on décide encore de nous interdire l’opération. Ils croyaient nous étouffer mais avec les premiers bateaux exportés, nous nous étions déjà mis à l’abri pour au moins cinq années. Avec le temps ils se sont rendu compte que l’affaire allait toujours bien, on m’a alors sorti l’affaire du fisc. On nous a obligés à payer alors que nous étions encore en période d’exonération. On nous a fait payer d’abords illégalement 10 Milliards. Puis on nous en a réclamé 200. J’ai dû écrire au législateur qui m’a répondu qu’effectivement nous étions exonérés. Et après avoir fait valoir cette réponse du législateur auprès du fisc, nous reçûmes quelques jours après, une autre lettre nous intimant l’ordre de payer. L’incroyable c’est qu’on m’a toujours expliqué que c’était sur instructions de Belaïd Abdeslam qu’on nous persécutait. Et j’ai refusé de payer par principe. Et dix ans après avoir été au contentieux, on nous dit : « oui effectivement vous n’avez pas à payer puisque vous êtes exonérés », dit Rebrab avec un sourire malicieux. Et de finir avec cette anecdote : « Un ami m’a dit un jour que si Belaïd Abdeslam m’en voulait autant, c’était parce que je lui avais donné la gifle de sa vie. Mais, je ne le connaissais même pas et il ne me connaissait pas non plus, comment cela était-il possible ? ». « Un simple investisseur venu de nulle part a réussi avec peu de moyens, dans un domaine où lui, a échoué avec tous les moyens de l’Etat qu’il avait pour faire fonctionner Sider », finira par lui expliquer son interlocuteur. L’histoire a bien fini pour Rebrab. La fin de son intervention d’hier a été encore meilleure. Elle reste à méditer, comme son histoire avec Belaïd Abdeslam : « l’Algérie est le seul pays au monde où tu dois demander l’autorisation pour créer de l’emploi et de la richesse. Et à savoir si on te l’accorde !», a-t-il lâché avant de se rasseoir sur sa chaise. Oui ! Il a fait toute son intervention debout.

S. Bénédine

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