La crise du Nord-Mali : Le point d’achoppement ?

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La visite de deux jours qu’aura à effectuer dès aujourd’hui le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, sera, actualité oblige, consacrée à la crise du Mali. Si, des deux côtés, le climat est certes à l’apaisement, et les experts des deux pays semblent, sur le volet politique, « laisser le temps au temps » pour atterrir sur des relations moins conflictuelles, il se trouve que les positions des uns et des autres quant à la solution escomptée à cette crise, ne convergent nullement. La France, par la voix de son ministre des Affaires étrangères, s’appuyant sur la résolution du Conseil de sécurité de l’ONU appelant à des sanctions contre les rebelles du nord du Mali qui s’allieraient à Al-Qaeda., ne voit d’autres moyens que l’usage de la force « à un moment ou à un autre» et que, pour Al-Qaeda au Maghreb islamique (Aqmi) et ses alliés, la France était «l’ennemi principal». En revanche, l’Algérie, le voisin d’à coté est pour une solution politique. Le général de corps d’armée, chef d’état-major de l’ANP, a réaffirmé la position algérienne sur le règlement de la crise malienne à partir de Nouakchott, où se sont réunis les chefs d’état-major des pays du champ. L’ANP, a indiqué le général Gaïd Salah, “considère que la solution à la crise malienne ne peut être que politique, décidée par les Maliens eux-mêmes et conformément à leurs intérêts nationaux en tant qu’État souverain”. La prudence affichée par Alger qui craint, en cas d’usage de la force, des répercussions et des retombées sur le territoire, semble partagée par d’autres pays africains. En effet, le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel, a annoncé à Addis-Abeba, l’accord des pays du champ autour de la solution politique pour la crise malienne. “Nous avons toujours préconisé et souhaité le dialogue entre les acteurs maliens et le gouvernement central (du Mali)», a-t-il affirmé selon l’APS. Il a annoncé cette convergence au sortir d’un entretien avec son homologue nigérien, Mohamed Bazoum, qui avait plaidé avant pour une intervention militaire urgente au Mali compte tenu des craintes induites par la détérioration de la situation sécuritaire au Nord. De leur coté les Maliens dont la hiérarchie militaire est chamboulée suite au coup d’Etat contre l’ex-président Amadou Toumani Touré sont ils en mesure de résoudre le problème ? Rien n’est moins. A ce propos, Bamako vient d’annoncer la mise en place d’une «force d’élite» – dont les contours restent à préciser – de 1 200 hommes censés protéger les institutions. Mais, une telle force risquerait, selon des experts, d’absorber une partie des forces vives d’une armée malienne en capilotade. De plus, ses effectifs véritablement opérationnels ne dépasseraient pas 4 000 hommes. Confrontés aux Islamistes qui se sont emparés du Nord -Mali, en lambeaux depuis ce fameux coup d’Etat, les Maliens, eux mêmes, n’espèrent qu’une chose : réhabiliter les forces de l’Armée afin qu’elle retrouve une vie constitutionnelle normale » , l’ex-ministre malien Ibrahim Boubacar Keita a insisté d’ailleurs à partir d’Alger, sur la nécessité d’«aider l’armée malienne à se redresser » Pour M. Keita, «l’armée malienne mérite d’être réhabilitée en équipements en en moyens logistiques car défendre l’unité du pays est de son ressort» et de préciser «il y a aujourd’hui place pour le dialogue fraternel entre les Maliens, les vrais, pas avec ceux qui pratiquent la terreur et se livrent aux trafics en tous genres», déclare-t-il, tout en mettant en garde contre les menaces du terrorisme, de la criminalité et d’une crise humanitaire. Tel est l’imbroglio qui règne ne ce moment à nos frontières immédiates. La visite de deux jours qu’aura à consacrer Alain Fabius, chef de la diplomatie française, à Alger, où il aura à rencontrer les plus hautes autorités du pays, saura –t- elle faire converger les points de vues sur la question ?

F. Z.

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