Un projet qui traîne depuis 2004 !

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La commune de Seddouk, distante de 80 kilomètres de Béjaia, est dépourvue d’abattoir depuis maintenant 12 ans. Même si l’on est habitué aux projets accusant des retards incommensurables, le retard que traine ce projet d’abattoir à Seddouk dépasse tout entendement. Pourtant, un abattoir, datant de la période coloniale, existait jusqu’en 2000, quand la commission d’hygiène de la wilaya, après inspection du bâtiment, a décidé de sa fermeture, répondant au vœu des riverains qui multipliaient les démarches pour se plaindre des nuisances quotidiennes qu’ils enduraient, telles les odeurs nauséabondes et les mouches qui envahissaient jusqu’à leurs foyers. Ce retard qui perdure pénalise les bouchers de la commune qui continuent à prendre leur mal en patience en se rendant dans les communes avoisinantes pour égorger et dépecer leurs bêtes. Pourtant, une lueur d’espoir avait jailli en 2004, lorsque les responsables municipaux de l’époque ont décidé de mettre fin à leur calvaire en projetant la construction d’un nouvel abattoir dans la zone d’activité communale, sur un terrain de 1500 m2. Ils ont même projeté la réalisation d’une infrastructure spacieuse dotée d’équipements modernes. A l’époque, le coût prévisionnel du projet fut estimé à 11 millions de dinars. Le financement était pris en charge pour une grande partie par l’APC, à hauteur de 7 millions de dinars soit 64% et le reste par l’agence foncière locale à concurrence de 4 millions de dinars soit 36%. Les travaux ont été confiés à une entreprise qui les a démarrés en trombe. Malheureusement, en réalisant la première tranche, limitée au gros œuvre, l’entreprise a buté sur des problèmes de payement, à la présentation de la première facture de 2.120.000,00 DA. L’agence foncière, selon son responsable de l’époque, a honoré ses engagements en payant la somme de 1.800.000,00 DA et le reste, une infime partie se chiffrant à 320.000,00 DA n’a pu être réglé par l’APC et pour cause : les responsables de l’APC de l’époque ont beaucoup compté sur l’agence foncière pour le règlement de la totalité du montant de la facture et ce grâce à une emprise sur cet organisme par le biais de son conseil d’administration qu’ils pilotaient. Cela étant, tout a été remis en cause par le décret du 05/11/2004 promulgué par le gouvernement, mettant fin à la mission des agences foncières locales à la faveur d’une agence centrale de wilaya créée à cet effet. Ce décret a mis fin aussi de facto au pourvoir de l’APC sur l’agence, par la dissolution du conseil d’administration. Les fonds et l’activité de l’agence étaient aussi gelés. Cet état de fait a mis dans l’embarras en premier lieu l’entrepreneur qui a abandonné le chantier au grand dam des bouchers plongés encore une fois dans l’amertume et le désespoir, car sachant que le bout du tunnel s’éloignait encore. Pourtant en 2007, un autre espoir était né. Trois entreprises du bâtiment s’intéressaient à l’édifice abandonné. Chacune a formulé une demande pour continuer les travaux par ses propres fonds. En contrepartie, elle exploiterait l’abattoir moyennant un prix de location mensuel convenu entre les deux parties et qui serait défalqué du montant total engagé dans la construction. Et la municipalité dans ce cas de figure n’aurait disposé de son bien qu’après épuisement total de la somme investie par l’entreprise. Ce que nous expliquera le président de l’APC de l’époque. «Nous avons établi une fiche technique de l’ordre de 17 millions de dinars pour l’achèvement des travaux de l’édifice et ce, en tenant compte des augmentations des prix des matériaux de construction. Pour appliquer la procédure, il m’avait fallu entamer les démarches auprès de l’agence foncière de wilaya, pour formaliser le dossier de concession à une entreprise sélectionnée parmi les trois qui ont formulé des demandes pour l’achèvement des travaux. Une fois le consentement de l’agence foncière de wilaya obtenu, j’ai fait appel à l’assemblée des élus pour délibérer sur le principe de la concession. Cette concession allait se faire sur la base d’une convention établie entre l’APC et l’entreprise. Nous allions fixer un tarif et une clause, de façon à récupérer notre bien une fois le coût de réalisation amorti. Mais cette éventualité a été abandonnée. La wilaya n’a pas répondu en temps voulu et les entreprises ne pouvaient attendre longtemps», nous confia l’ancien maire. Devant ces lenteurs bureaucratiques, les bouchers continueront donc à galérer en attendant une éventuelle sortie de l’auberge qui ne sera pas pour demain. Les vétérinaires aussi sont confrontés à de multiples problèmes de contrôle si bien que certains bouchers effectuent les égorgements et les dépeçages de leurs bêtes chez eux, échappant ainsi à tout contrôle.

L. Beddar

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