Le drame latent des jeunes

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Le nombre de candidats ayant participé au concours de recrutement des enseignants, organisé dernièrement, donne une idée édifiante sur le taux de chômage qui sévit dans le pays.

En effet, pas moins de 10 000 universitaires, entre master II et ingénieurs, ont postulé pour 500 postes budgétaires créés et mis en compétition dans la wilaya de Béjaïa, soit 20 candidats universitaires pour un poste créé. Qu’en est-il des autres, c’est-à-dire de ceux qui ne sont pas universitaires ? Les chiffres officiels, publiés dans la presse par l’Office national des statistiques, indiquent que le taux de chômage en Algérie, en 2011, est de 10 %, avec une baisse relative chez les universitaires chez qui ce taux est passé de 21,4 %, en 2010, à 16,1% en 2011. Mais lorsque dans chaque famille algérienne, ou presque, on compte deux ou trois chômeurs, il devient difficile de faire admettre à celui qui les nourrit, le père en général, que le taux de chômage est de seulement 10 % dans le pays. Et encore, ces chiffres ont sans doute comptabilisé comme travailleurs à part entière, les vendeurs dans les magasins d’habillement ou autres, payés à un salaire dérisoire et les divers « assistants » employés dans les cabinets des professions libérales avec des salaires ridiculement bas. Les jeunes, en attendant mieux, acceptent, bon gré mal gré ces postes pour se donner l’illusion de travailler, et surtout pour ne pas être totalement à la charge de leurs parents. Il faut dire que ces « postes d’emploi » sont aussi, généralement, acceptés sur pression des parents, pour éviter que leurs enfants, souvent des universitaires, ne sombrent dans l’oisiveté génératrice de nombreux fléaux dont souffre la société. Les statistiques considèrent aussi comme travailleurs ceux à qui l’Etat a offert 10 ruches, dans le cadre du programme PPDRI, alors ces celles-ci, neuf fois sur dix, ne rapportent même pas les frais engagés pour leur exploitation. Ceux qui ont obtenu des crédits de l’ANSEJ et autres organismes, même s’ils se débattent dans des problèmes insolubles du fait, notamment, de leur manque d’expérience et n’arrivent même pas à payer leurs impôts et à rembourser leurs dettes, sont comptés parmi les meilleures réussites du système. A noter, cependant, que d’autres jeunes, peut-être plus réalistes et plus débrouillards, mettent de côté leurs diplômes et se mettent, en attendant des jours meilleurs, à squatter un tronçon de chaussée pour en faire un parking et garder des voitures. D’autres, plus entreprenants, se lancent dans le trabendo, avec tous les aléas que recèle cette activité. Le risque pour ce genre de travail, explique un père qui a deux enfants sur quatre au chômage, est celui de ne pas accepter, par la suite, un vrai poste de travail, si jamais il venait à se présenter. Le drame des chômeurs de longue durée est si grand que certains, parmi eux, excédés par des promesses vaines et las d’attendre un avenir meilleur qui n’arrive pas, perdent tout espoir et tentent l’aventure de la HARGA, traversant la Méditerranée avec des barques de fortune, bravant tous les dangers et ignorant tout ce qui les attend sur l’autre rive.

B. Mouhoub

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