La victoire intra-muros

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Les députés du MSP avaient beau se démener comme de beaux diables pour expliquer dans les couloirs de l’APN ce qu’ils n’ont pas pu faire dans la salle, quand il fallait voter ou avant dans les salons, quand il fallait négocier. L’Alliance présidentielle venait de réussir sa plus significative action commune en adoptant les deux ordonnances portant modification des codes de la famille et de la nationalité. C’est du côté islamiste du trio qu’il faut chercher et aisément trouver l’ampleur du compromis politique.S’il est vrai que les députés du MSP pouvaient aussi fonder leur argumentaire sur le fait — qui a ses promoteurs dans l’opinion publique — qu’ils aient obtenu l’essentiel des concessions avant que le texte ne parvienne à l’Assemblée nationale, le fait est qu’ils n’en ont jamais usé. D’abord parce que l’hypothèse est assez farfelue quand on va au fond des changements proposés, ensuite parce que, paradoxalement, les amendements suggérés n’ont pas soulevé outre mesure de grande mobilisation démocrate qui aurait permis au MSP d’assurer le contre-poids et attirer ainsi l’attention.Ceci est valable pour le code de la famille, concernant le code de la nationalité, le MSP a trouvé la parade infaillible : le code de la famille a mis les obstacles nécessaires pour parer aux périls qui peuvent émaner des mariages mixtes et permettre ainsi une acquisition ouverte aux quatre vents de la nationalité algérienne.Le FLN et le RND, dont on n’attendait pas quelque fracas dans cette histoire, ont quant même exécuté un “auto-standing ovation” pour accueillir une victoire dont personne ne faisait un mystère. A moins que “la victoire” ne soit d’une autre nature celle intra-muros, qui a fait voter une petite révolution dans le code de la nationalité et des changements significatifs dans le code de la famille par un parti qui, quoi qu’on dise, n’a jamais déserté l’othodoxie islamiste. Il est significatif que même les islamistes radicaux d’El Islah s’abstiennent sur le code de la famille et adoptent le code de la nationalité, même s’il est difficile de comprendre comment ils n’ont pas voté contre une loi, qui selon leurs propres termes “ne consacre pas la chaaria comme référence”. Il restera bien sûr le PT pour dire non à tout, une attitude presque sympathique face à la monotonie unanimiste qui n’a même pas d’explication politique.

Slimane Laouari

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