Qu’il était facile de tout dire loin de Tiguentourine…

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Par Amar Naït Messaoud

On retiendra longtemps ce nom de Tiguentourine, à 40 km au sud d’In Aménas, où le terrorisme transnational a fait son éclatante preuve ce mercredi 17 janvier 2012 en Algérie. Non pas que les anciens attentats ou kidnappings commis sur le sol algérien puissent complètement être « dédouanés » de cette qualification- puisque certains centres de commandement terroristes étaient souvent basés à l’extérieur et employaient des éléments étrangers-, mais la prise d’otages qui vient d’ébranler le Sud algérien illustre d’une manière très particulière cette composition humaine d’un groupe dénué de toute humanité. Un brassage de nationalités qui fait que, sur 32 terroristes ravisseurs, seuls 3 sont des Algériens! Très peu de journalistes qui ont goulûment épilogué sur les chaînes de télévision étrangères, pendant 4 jours, savent la complexité de la situation à laquelle ont fait face les forces de sécurité algérienne. À commencer par la position géographique qui place la plate-forme gazière et la base de vie qui abrite près de 1000 personnes dans un désert, au milieu des dunes de sables et à proximité d’une route de qualité médiocre. Aucune autre vie humaine en dehors du site industriel. La vie commence à 40 km au nord; à In Aménas. La plate-forme d’exploitation offre une architecture, un montage et une fonctionnalité si complexes que toutes les éventualités pouvaient être imaginées, à commencer par le minage et le piégeage des installations, outre le fait que différents points de l’installation- excentrés, abrités dans des entortillements de boyaux gaziers- pouvaient servir de cache aux terroristes, et ils ont servi. Donc, en plus la difficulté extrême d’  »extraire » des otages vivants tenus en joue par leurs ravisseurs, l’autre défi qui s’est imposé aux forces de sécurité intervenues sur les lieux, est de dénicher les criminels planqués dans des points particuliers de l’installation et de les neutraliser. Ceci, sans tenir compte du risque avéré de piégeage des circuits et des blocs gaziers. Les conséquences d’une éventuelle explosion d’une installation de cette envergure seraient dramatiques pour l’ensemble du personnel présent sur les lieux et pour la totalité de la base de vie située à proximité comme elle serait un coup sévère, difficilement rattrapable pour l’économie nationale, sachant que l’usine en question produit presque le cinquième des exportations en gaz du pays. Il semble que ces éléments n’étaient pas tous mis sur la table des éditorialistes et de certaines chancelleries dont les ressortissants étaient concernés par l’événement. À moins que des desseins sournois aient accompagné les  »analyses » et autres réprimandes gratuites décochés au gouvernement algérien. Y aurait-il une autre solution, « pacifique », négociable, sachant que ces mêmes gouvernements et journalistes occidentaux sont souvent les premiers à s’opposer à ce type de marchandage et de chantage? Les témoignages qui commencent à remonter à partir de ce coin d’Algérie, éloigné de 1500 km de la capitale, attestent de la détermination des terroristes à se servir des otages, particulièrement ceux de nationalité étrangère, de monnaie d’échange, comme ils attestent aussi de l’  »unicité » de la solution qui s’offrait à l’armée algérienne pour dénouer la situation avec le moins de dégâts possibles. Loin du théâtre des opérations, non pénétrés de la complexité de la zone et de l’installation industrielle, et minimisant sans doute l’arsenal guerrier mobilisé par les terroristes, certains ont trop facilement reproché aux services de sécurité algériens leur  »précipitation » et leur « manque de professionnalisme », en versant des larmes de crocodile sur les vies humaines fauchées dans cette mésaventure. Les gouvernements occidentaux, après avoir été instruits des péripéties de l’opération et des témoignages des survivants, ont fini par modérer leur discours, tempérer leurs critiques et…prendre conscience du danger global qui plane sur la paix et la sécurité des personnes et des États du fait d’un terrorisme qui ne se reconnaît aucune frontière. La guerre au Mali peut expliquer le choix du moment, mais pas le choix des objectifs. Ces derniers sont depuis longtemps inscrits dans les tablettes d’Al Qaïda et de ses mouvements connexes. C’est, paradoxalement, dans ce contexte du renforcement de la toile intégriste et terroriste sur un grand nombre de pays, allant de l’Afghanistan jusqu’au Maroc- sans oublier que les pays occidentaux ne sont pas immunisés, l’histoire récente le prouve-, que des voix islamistes algériennes osent appeler, après des dizaines de tentatives avortées, à l’amnistie générale pour des éléments qui ne cessent de semer la mort et la désolation, au nord comme au sud de l’Algérie!                        

 A. N. M.

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