L’abolition de la peine de mort en débat

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«L’abolition de la peine de mort » était le thème de la rencontre-débat qu’a abrité hier, le Centre de documentation en droits de l’homme CDDH, en partenariat avec le comité international pour la solidarité des peuples CISP, dans le cadre de la célébration de la Journée internationale contre la peine de mort. La rencontre à laquelle ont participé divers militants des droits de l’hommes, des journalistes, des étudiants et des acteurs de la société civile, a été animée par M. Abdelouhab Chiter, vice doyen de la faculté de droit à l’université de Béjaïa et enseignant en droit international, ainsi que M. Saïd Salhi, vice président de LADDH. Ce dernier a profité de l’occasion pour revenir sur la question du droit à la vie qui est un droit fondamental dans le monde. « La peine de mort est prononcée dans les tribunaux algériens, bien que son application demeure gelée depuis 1993. Il est à signaler que les condamnés à mort mènent une vie déshonorée dans des chambres non éclairées. Les couloirs de la mort existent en Algérie. Les condamnés à mort ne sont ni graciés ni exécutés, chose qui nous interpelle en tant que militants de droits de l’homme », dira M. Salhi. Bien que la majorité des tendances mondiales aille pour la suppression de la peine de mort, plus de 41 cas de condamnations à mort ont été ordonnancés en Algérie au cours de l’année 2013, selon le rapport d’Amnesty internationale. « La peine de mort existe dans le code pénal de notre pays, citée dans l’article 5. Cependant, à l’avenir, n’importe quel président pourra donner l’ordre de l’appliquer. C’est à nous d’agir afin de mettre fin à cette violation du droit à la vie et à la dignité humaine », ajoutera-t-il. Abdelouhab Chiter, quant à lui, a abordé le déroulement des procès dans les différents  tribunaux dans des pays où l’on applique la peine de mort, notamment durant les conflits et guerres. « Environ 70% des condamnés à mort ont été exécutés par erreur. La prononciation de la peine de mort est une violation directe au droit à la vie et une atteinte à la dignité humaine. Les premières victimes durant les guerres sont des êtres humains. On ne peut pas parler d’un procès équitable durant la période de guerre », avait-il déclaré. L’intervenant a tenu à souligner que la prononciation de la peine ne justifie pas la réduction du taux de criminalité. Il s’est avéré qu’aux USA, le taux de crime dans les Etats où l’on applique cette loi ne dépasse pas les Etats qui pratiquent la peine de mort. « Il y a environ 20 pays qui pratiquent encore cette mesure, 50 l’ont suspendu et 141 ont aboli la peine de mort », expliquera-t-il encore. Sur la question des islamistes et de l’application de la charia, M. Saïd Salhi a jugé que c’est un débat très sensible. « L’islamisme c’est un fait. Je comprends la position du gouvernement algérien, car celui-là a peur de la réaction des islamistes. Tous les pays qui prennent la charia comme de la loi, appliquent la peine de mort. L’article 2 de la constitution bloque tout avancement. L’existence des partis politiques à tendances islamistes empêche l’avancée de l’Algérie par rapport à la question de l’abolition de la peine mort », conclura-t-il.

Hafid Nait Slimane

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