Hygiène des mains, le geste qui sauve !

Partager

L’auditorium du centre hospitalo-universitaire Nedir Mohamed de Tizi-Ouzou a abrité jeudi dernier, une journée scientifique sur «l’hygiène des mains», décrite comme étant «le geste qui sauve des infections nosocomiales» par tous les intervenants. Le Dr Nafâa Timsiline présentera deux communications, la première s’est portée sur «l’hygiène des mains» et la seconde sur «la stérilisation». «Il faut impérativement prévenir les infections pour prescrire moins», dira d’emblée le Dr Timsiline, ajoutant que «l’hygiène des mains est l’une des causes qui sont, aujourd’hui, vérifiées dans la transmission des infections nosocomiales». Ces dernières peuvent être définies comme toute maladie provoquée par des micro-organismes, contractée dans un établissement de soins par tout patient 48h après son admission, soit pour hospitalisation ou pour y recevoir des soins en laboratoire. La transmission de ces infections qui se fait par contact direct ou indirect (objet contaminé) est largement prépondérante dans ce mode de transmission. Il a été démontré à plusieurs reprises que les mains du personnel soignant transitoirement contaminées peuvent transférer passivement des micro-organismes d’un patient à l’autre et jouent un rôle essentiel dans la propagation endémique des agents infectieux hospitaliers. Evitables dans la plupart des cas, elles conduisent à l’allongement du séjour en hôpital et contribuent à l’augmentation des coûts d’hospitalisation. Une étude faite au CHU de Tizi-Ouzou révèlera que le taux de prévalence des infections nosocomiales est en diminution, passant de 9% en 2006 à 6,7% en 2013, et l’âge moyen des sujets atteints est de 30 ans. «Le lavage des mains, on en parlera jamais assez», déclarera le Dr Timsiline. Pour lui, c’est quelque chose de «complètement documentée de par le monde, à telle enseigne qu’une journée lui a été dédiée par l’OMS, le 05 mai, et c’est un geste d’une grande importance en milieu hospitalier. 75 à 90% des IAS sont dues à une transmission manu-portée de germes et l’hygiène des mains reste la stratégie de prévention», précisera l’orateur. Pour la promotion de l’hygiène des mains, il insistera sur «la friction hydro-alcoolique», une solution extrêmement puissante à base d’alcool essentiellement, qui sert à désinfecter les mains. Extrêmement puissante, elle tue toute la flore bactérienne dangereuse et transmissible. «Les établissements de soins doivent impérativement avoir ces solutions hydro-alcooliques en permanence et en quantités suffisantes durant toute l’année », dira t’il. Pour ce qui est de la stérilisation et du traitement des dispositifs médicaux, le Dr Timsiline insistera, lors de sa présentation, sur la formation d’agents de stérilisation. «Nous accusons un manque réel de personnel qualifié pour le traitement de l’instrumentation dans la plupart des hôpitaux algériens. Ce sont des assistants qui gèrent le matériel ! Il y a tout d’abord le risque qu’ils attrapent des hépatites C et B, un risque pour l’environnement aussi, par méconnaissance et manque de savoir-faire», expliquera le communicant. Et d’ajouter : «il faut que l’on réfléchisse sérieusement à cet état des lieux ! Il faut former des cadres infirmiers spécialisés dans le domaine, une formation qui sera sanctionnée par un diplôme d’agent de stérilisation comme cela se fait en Tunisie, pour ne citer que ce pays voisin, et mettre à niveau les unités de stérilisation qui ne sont parfois pas conformes aux normes (…)». En outre, l’audit qui fut présenté par le Dr Timsiline a clairement démontré qu’il y a des manques en matière de stérilisation en Algérie. «Il reste beaucoup à faire dans le domaine de la stérilisation, toutefois on souhaite, qu’avec le future CHU de Tizi-Ouzou, ils auront la vision de mettre en place une unité de stérilisation centrale, dotée de moyens humains surtout, car il faut investir dans l’homme et pas dans les machines. Il faut d’abord former le personnel pour pouvoir comprendre et maîtriser les nouvelles avancées scientifiques dans ce domaine (…)», dira-t-il encore. Le débat qui a suivi avait axé essentiellement sur le comité de lutte contre les infections nosocomiales « CLIN», cette entité qui fait les prélèvements et les investigations en milieux hospitaliers, et la nécessité de «son autonomie et de sa neutralité», selon les intervenants, et ce, dans l’intérêt du patient, des visiteurs et du personnel soignant.

Karima Talis

Partager