L’association Amgud perpétue la tradition

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Comme prévu, hier et à l’occasion de la célébration du 59e anniversaire de la naissance de Lounès Matoub, l’association Amgud a réussi à réunir, à la salle de réunions de l’APC de Draâ El-Mizan, un panel de personnalités et d’invités de marque non seulement pour évoquer le combat du Barde assassiné mais aussi pour remettre cette distinction particulière ô combien significative pour que personne ne doit oublier cet homme épris de justice, de valeurs démocratiques, des droits de l’homme et bien sûr de toutes les causes justes. Ainsi, pour cette huitième édition du prix « Lounès Matoub », contre l’oubli, un programme riche a été concocté par l’association en collaboration avec l’APC. Aux environs de neuf heures, une procession de personnes accompagnant les invités d’Amgud sillonnera l’artère principale de la mairie jusqu’à la stèle érigée à la mémoire de Lounès, assassiné par un groupe terroriste le 28 juin 1998 à Thala Bounane, sur la route vers Ath Douala. A l’arrivée devant le portrait du chantre de l’amazighité l’honneur sera donné au plus vieux militant de la cause amazighe et des droits de l’homme, maître Rachid Ali Yahia, et à ses côtés Boudjemaâ Agraw, un autre militant et chanteur engagé Ahcène Chérifi, militant et l’un des poseurs de la bombe déposée au journal El Moudjahid au milieu des années 70, Karim Abranis, Nasséra Dutour, l’infatigable militante de l’association S.O.S – disparus, de déposer la gerbe de fleurs au piédestal de la stèle avant que l’assistance n’observe une minute de silence à la mémoire de Lounès Matoub et de tous les martyrs de la cause amazighe et des droits de l’homme. La deuxième partie du programme se déroulera à la salle de réunions de l’APC en présence des compagnons de lutte de Lounès, du moins ceux qui ont milité pour les droits fondamentaux des citoyens amazighs ainsi que des représentants du mouvement associatif. On remarquera ceux de l’association Taneflit n’Tmazight, ceux de la Fondation Matoub Lounès, ceux de Tagmats « afus deg fus », (main dans la main) fondée par feu Ali Zamoum, et des artistes de la région. Ensuite, s’ouvrira un débat autour du combat et de la vie de Lounès. Tour à tour, les intervenants reconnaîtront que Lounès a été l’un des hommes à avoir consacré toute sa vie à la lutte. «Il a été sur tous les fronts. Il militait pour la démocratie, pour Tamazight, pour les justes causes. C’était un militant et artiste au sens propre du mot. Il n’y avait aucune confusion dans ses idées», notera un intervenant. L’assistance aura, ainsi, droit à des anecdotes sur ce grand militant illustrant toujours à sa façon de voir les choses et son combat pour lequel il n’attendait aucune récompense. «Il a été fidèle, confiant et serein bien qu’il savait qu’il était menacé. Il n’a pas abdiqué jusqu’au jour où il a été assassiné par les ennemis de la vie (iâdawen n’Tudart)», dira Hamid Derraj, l’animateur du débat. Dans l’après-midi, le tour sera donné à la cérémonie de la remise du prix. En même temps, des poèmes seront lus à gorge déployée évoquant toujours ce que Matoub a fait non seulement pour la culture, mais aussi pour la chanson amazighe. Le premier à avoir reçu cette distinction est maître Mokrane Ait Larbi. «Je suis très content d’être parmi vous. Je n’ajouterai rien parce que j’ai presque tout dit dans mon intervention. Cependant, je reprendrai les paroles de Lounès : nous devons casser le joug car la liberté n’a pas de prix», dira-t-il d’une voix solennelle. La deuxième personnalité qui montera sur le podium pour recevoir ce prix est Mme Nasséra Dutour, porte-parole de l’association S.O.S – disparus. « Je suis très émue d’être parmi vous. Je suis très contente de recevoir un tel prix ô combien symbolique. Cela me fait plaisir de le recevoir dans mon pays et dans une institution de mon pays. Je vous avouerai que je n’ai pas la même émotion et le même sentiment quand l’occasion m’a été donnée de recevoir un prix des droits de l’homme en Amérique, car ici je sais que je suis entre les miens et que mon combat est juste et je le fais pour nos mères et nos sœurs. Notre combat pour la vérité sur tous les disparus continue. C’est notre histoire. On ne doit pas déchirer cette page douloureuse de notre vie. Et l’histoire, on doit la regarder et non pas la laisser derrière nous. C’est un symbole contre l’oubli car personne d’entre nous ne doit oublier la disparition d’un être cher », prononcera Mme Dutour avec un enserrement à la gorge. De son côté Boudjemâ Agraw qui recevra le prix des mains de Karim Abranis interviendra non seulement pour dire que c’est un devoir de militer, mais aussi pour témoigner sur le combat de Lounès qui avait été sur tous les plans. C’est dans une ambiance pleine d’émotion et de regrets de ne pas voir Lounès en vie, lui qui quitta ce bas monde à la fleur de l’âge alors que son combat n’était que lancé. «Nous avons choisi, cette année, de remettre ce prix à ces trois personnalités parce que chacune d’elles avait le même idéal que Lounès Matoub que Dieu ait son âme, à savoir les droits de l’homme, le recouvrement de l’identité amazighe et bien sûr l’Algérianité de chacun de nous. Je vous remercie d’avoir répondu à notre invitation et d’avoir apporté tous ces témoignages ô combien poignants sur la Légende vivante», conclura M. Karim Larbi en sa qualité de président de l’association Amgud.

Amar Ouramdane

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