Mekla dévoile ses maux

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Dans le cadre de ses visites d’inspection et de « découverte » de la wilaya de Tizi-Ouzou, le wali, M. Brahim Merad, était, mercredi dernier, dans la daïra de Mekla où il a eu à visiter les sites des différents projets alloués à la région. Tout en prenant connaissance de ceux en suspens, dont notamment la zone industrielle de Souamaâ, les 204 logements de Mekla ou encore le litige du chef-lieu d’Aït Khlili, le wali a aussi écouté les différentes préoccupations de la population locale.

La daïra de Mekla prétendant très souvent à l’adjectif d’ «enclavée», n’est pas épargnée par les problèmes de développement et de l’absence de projets structurants, et c’est dans ce cadre d’inspection que le wali s’est déplacé mercredi lors d’une visite officielle, au niveau de la région et de ses trois communes, à savoir Souamaâ, Aït Khlili et Mekla. Il a été accompagné des chefs de l’exécutif, du chef de daïra M. Omar Moussouni, des P/APC locaux, d’élus et autres représentants de la société civile. Suite à une longue visite guidée à travers plusieurs points dans chaque localité et après avoir été informé des situations des chantiers et autres projets prévus, M. Brahim Merad a donné des instructions, tout en affichant une certaine déception. C’est le cas notamment pour les retards de livraisons qui minent des structures en cours de réalisation. Dans ce sillage, le wali a montré une incompréhension face à la manière avec laquelle les entreprises réalisatrices sont choisies. Pour lui, «il est inconcevable d’octroyer un chantier d’une certaine envergure à une entreprise de troisième catégorie», dira-t-il à l’encontre des responsables de la direction de l’administration locale (DAL). Une situation qu’il signale avoir remarqué au niveau de quelques sites visités depuis le matin. M. Merad n’omettra pas de souligner les désagréments qui découlent d’un tel mauvais choix, citant, en plus des retards, la pénalisation des citoyens et les dépenses supplémentaires exigées. Profitant de sa présence sur le site de réalisation du nouveau siège de la daïra à Mekla, confié à une entreprise qui a largement consommé ses délais contractuels avec un retard estimé à près de vingt mois, l’ôte de Mekla insiste sur la responsabilité du choix de l’entreprises et la nécessité «d’étudier les capacités matériels, techniques et humaines», preuve de sa capacité à prendre en charge un projet d’envergure, en soulignant au passage le rôle des bureaux d’études accusés de «ne pas jouer leur rôle et dénoncer l’incapacité des entreprises réalisatrices», dira le wali.

«La sécurité un paramètre essentiel au développement»

Pour le siège de la daïra justement, l’entreprise en charge s’est déjà rendue coupable du retard qui a frappé de plain fouet le chantier de réalisation des 204 logements LSP au lieu dit Chiba, à Mekla, comme a tenu à le rappeler le P/APC de Mekla au wali, signalant que le projet datant de 2005 est à l’arrêt depuis plusieurs années, laissant les bénéficiaires voués à eux même. Le wali, qui a parachevé sa sortie avec une rencontre l’ayant rassemblé avec des représentants et comités de villages des trois communes, a tenté d’apporter des réponses aux préoccupations exposées d’un point de vue «général», en exposant un point de vue global. Ceci, en prenant soigneusement note des points soulevés. Preuve que sa sortie faisait partie d’un programme pour «tâter» le terrain de la région et s’imprégner de ses caractéristiques du point de vu développement. Lors de la rencontre initiée au siège de la bibliothèque communale de Mekla, les interventions ont été axées sur les problèmes de raccordement au réseau de gaz de ville, les lacunes dans l’alimentation en eau potable, le manque de structures sanitaires et de centres de loisirs pour les jeunes (maison de jeune, piscine, bibliothèques, salles de lectures, stades), l’ouverture de pistes nécessaires mais aussi des classes d’écoles et de cantines, le CFPA, la zone d’activités à relancer, la gare à réaliser, et bien évidement le projet de la zone d’activités de Souamaâ, du litige sur la propriété du chef-lieu d’Aït Khlili, sur l’insécurité et autres problèmes soulevés par les comités de villages de Souamaâ, Iguergudmimene, Tandlest, Sahel, Agoulmim, Tala Zaouech, Djemaâ Saharidj en plus des collectifs et représentants de la population locale et des présidents d’APC, Tebich Hadi (Aït Khlili), Saraoui Djaffar (Mekla) et Boukhetouche Mohand (Souamaâ). Pour son intervention, le wali s’est d’abord réjoui de certains «acquis» dont s’est dotée la région. C’est le cas du programme de logements qui semble avoir satisfait le wali. Même-si ce dernier accuse «des retards dans la livraison», il affirme que les programmes de logement répondent largement à la demande.

«Les oppositions récurrentes pénalisent la population»

Par la suite, l’orateur axe son discours improvisé sur la situation sécuritaire, premier pas vers le confort du citoyen. Dans ce sillage, M. Merad déplorera le peu de couverture sécuritaire relevé à travers tout le territoire de la wilaya. Chose qui, d’après lui, donne lieu à une atmosphère fleurissante pour la prolifération de toutes sortes de fléaux. Citant notamment la commercialisation des différentes drogues et vente illicite un peu trop exagérée de boissons alcoolisées «parfois dans des lieux publics, devant les écoles», soutient le wali. Il a, d’ailleurs, rappelé le taux communiqué par la gendarmerie nationale qui frôle les 33% alors que celui de la sûreté de wilaya «ne dépasse pas les 38%», dira-t-il. Estimant qu’il ne s’agit là que d’une revendication légitime de la part de la population, M. Merad encouragera la population à réclamer le redéploiement de la gendarmerie. Concernant le chantier de réalisation de la brigade de la gendarmerie qui tarde à être livré le wali propose une solution alternative consistant à demander et accepter d’accueillir provisoirement des éléments de la gendarmerie dans une autre structure. «Une manière d’assurer la sécurité et par la même assurer un climat favorable au développement», soutient le même orateur. Ce dernier fera, par la suite, un long récit des conditions nécessaires à ce même développement et le rôle de la population dans la concrétisation de ce but. Ainsi et tout en déplorant la récurrence des oppositions de citoyens devant la concrétisation de tel ou tel projet, pénalisant ainsi la population. Citant la zone industrielle de Souamaâ, il rappelle l’importance d’un tel projet pour la région, voire pour toute la wilaya. S’interrogeant sur les raisons de l’absence d’une quelconque manifestation d’opposition depuis 2011 (année où le projet a été décidé) jusqu’à 2013, M. Brahim Merad se montre non convaincu par le document arboré par les opposants voulant exiger leur droit terrien. «Ledit document, signé en 1895 à l’ère coloniale, attestant que le terrain a été retiré au dit Arch, ne fait qu’assurer la propriété partagée entre tous les citoyens du Arch», estime le wali, ajoutant que cette même population a bien démontré sa volonté de voir le projet se concrétiser eu égard à son importance.

«Il est nécessaire de mettre en place un seul et unique PDAU pour toute la wilaya»

Par ailleurs, M. le wali qualifie de «raisonnements stériles» certaines autres oppositions, à l’image de la dénomination du chef-lieu d’Aït Khlili, un litige, pour rappel, entre les villages de Tanedlest et d’Agoulmim, qui a fait couler beaucoup d’encre et de salive. L’assimilant aux problèmes d’implantation du Centre d’enfouissement technique soulevé par des communes de la wilaya, il affirme que c’est un «débat rétrograde», puisque pour lui, «le territoire est celui de toute la wilaya». C’est, d’ailleurs, dans cette logique que l’ôte de Mekla a plaidé pour «un seul et unique plan directeur d’aménagement et d’urbanisme (PDAU) pour toute la wilaya». Une manière, dira-t-il à l’encontre des présents, «d’assurer l’exploitation des parcelles existantes, qu’importe la localité qui l’abrite». Autre point qui a suscité l’attention du wali, il s’agit de la question des dédommagements des personnes expropriées à accélérer, puisque des cas de retards lui ont été soulignés, notamment à Souamaâ pour des terrains privés sur lesquels sont venus s’implanter une maison de jeune, un lycée, une bibliothèque, entres autres projets. M. Merad, avouant son constat d’un déséquilibre entre les différentes régions de la wilaya du point de vu structures et développement, il relève aussi un manque flagrant dans les structures sanitaires. «Ces dernières si elles existent accusent un manque de moyens», dira-t-il. Abordant le problème d’alimentation en eau potable qui touche la population locale, le wali appellera à une répartition équitable de la ressource entre les villages, au moment où il estime satisfaisant le taux de pénétration en gaz de ville, puisque «d’ici 2 ans, Tizi-Ouzou sera complètement couverte», soutient-il. M. Brahim Merad qui a passé toute la journée de mercredi dernier avec la population locale de la daïra de Mekla, en écoutant leurs doléances, apportera-t-il la solution attendue par les habitants des communes concernées ? C’est là le vœu d’une région longtemps oubliée.

Tassadit Ch.

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