Belkhadem s’oppose à Ouyahia

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Abdelaziz Belkhadem a donné l’impression de reprendre les choses en main. Lors de la conférence de presse qu’il avait animée hier, le chef du FLN a indiqué qu’il avait mis en place une commission d’enquête pour déterminer les personnes qui ont élaboré et diffusé le document qui avait soulevé un tollé au sein du parti.La réunion, en effet, de l’instance exécutive d’avant-hier avait donné aux dirigeants une certaine idée des dégâts occasionnés par un document qui contient des noms, dont certains ne semblaient même pas être au courant. Le débat houleux qu’a soulevé cette affaire a poussé Belkhadem à jouer à l’arbitre en ordonnant une commission d’enquête. Il a promis des sanctions contre ceux qui sont derrière ce document qui divise les membres de la direction en trois parties. Des indiscrétions ont révélé que beaucoup de militants ont accusé Abdelkrim Abada, membre du secrétariat exécutif d’être derrière l’élaboration de la liste de la discorde. Belkhadem quant à lui, n’écarte aucune hypothèse, y compris celle d’un « ennemi extérieur ». Dans le cas où le rédacteur du document serait un militant, il sera traduit devant la commission de discipline qui statuera sur son cas. Dans le cas d’une personne étrangère aux structures, le secrétaire général a promis de le « dénoncer publiquement ». Tout en disant de ne pas attendre de lui des noms, Abdelaziz Belkhadem confirme tout de même qu’ »il y a eu des tentatives de repositionnement » lors de la maladie du Président Bouteflika. Qui est derrière cette tentative ? On ne le saura jamais et ce n’est certainement pas le premier responsable du FLN qui le dira. Il invitera simplement les journalistes à « lire entre les lignes ».Une chose est sûre : quelque chose ne va pas au FLN. Et Belkhadem a posé une question pertinente : « Ce n’est pas normal qu’à la veille de la réunion de l’instance exécutive, une liste qui m’était destinée soit sortie dans la presse sans qu’elle ne me parvienne ». Il ajoutera une autre phrase aussi significative que confuse en disant qu’il y a « une volonté de semer la zizanie ». Concernant les ambitions de certains militants, Belkhadem a tué tout espoir en affirmant qu’il n’a pas « l’intention de changer et les instances et les noms des dirigeants » parce que selon lui, le FLN “a besoin de stabilité » tout en assurant qu’il n’a pas peur « de changements ».Sur un autre registre, et c’est une première sur la scène politique, Abdelaziz Belkhadem a donné le budget de son parti pour l’année en cours. Il s’élève à 6,4 milliards de centimes. L’information n’est pas fortuite. Elle signifie, selon l’orateur, la transparence de la gestion de l’ancien parti unique. Le FLN va se battre pour récupérer ses biens. Belkhadem, en prononçant cette phrase, a tout de même tenté de faire la distinction entre les locaux acquis dans les années 1970 et qui « appartiennent à la collectivité » et ce qui appartient au FLN en tant que parti politique, après l’ouverture du champ politique.Sur l’Alliance présidentielle, Belkhadem dira que cette dernière « ne bat pas de l’aile » puisque d’après lui, il ne s’agit aucunement de fusionner les trois partis, mais de travailler ensemble autour « du programme du président de la République ». Le secrétaire général du FLN, qui récupérera la présidence de l’alliance dans les prochains jours, a estimé que le fait de ne pas étendre l’alliance à la base « est un choix délibéré et volontaire » parce qu’il estime que l’alliance n’est pas encore « immunisée » contre tout éclatement. Ceci dit, Belkhadem ne croit pas au manque de cohésion du gouvernement. « Nous sommes une seule équipe. Si cela nous arrive de critiquer l’action du gouvernement sur un dossier donné, nous le faisons même pour nos ministres. Nous assumons entièrement notre appartenance à ce gouvernement », a-t-il précisé.Puisqu’il s’agit de critiques, Abdelaziz Belkhadem ne partage pas l’avis de son chef du gouvernement sur la question des salaires. « La revendication des salaires est tout à fait légitime. Nous considérons que l’augmentation des salaires n’est pas liée uniquement aux critères de croissance et de l’inflation, mais aussi au pouvoir d’achat », a-t-il déclaré avant de préciser que la question n’est pas encore discutée au sein du gouvernement.

Ali Boukhlef

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