Quand le classement commercial supplante l’académique

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L’université algérienne de par son classement, le moins que l’on puisse dire controversé obéit à des critères non pas pédagogiques ou académiques ainsi que l’entend monsieur tout le monde, mais commerciaux et publicitaires. La triche, on recrute temporairement des professeurs de haut niveau pour publier à travers le site internet de l’université des mémoires ou des résultats de recherches, ce qui permet à l’université de gagner des points dans le classement. Surtout que lesdites universités sont de statut privé alors que l’université algérienne est publique. Nonobstant, les institutions universitaires algériennes comprenant cela, ont fini par rattraper le retard enregistré jusque-là. Intervenant lors d’une conférence de presse en marge de sa dernière visite de travail dans la wilaya de Tizi-Ouzou, le ministre de l’Enseignement supérieur a relevé qu’au plan pédagogique, l’université algérienne a « évolué notablement » dans les différents classements. Il a cité comme indice de cette évolution, le positionnement de l’université de Sidi Bel Abbes à la 1 725ème place dans le classement mondial de Shanghai, sur un total de 27 000 universités. Au plan régional, le ministre a observé que sur 20 universités maghrébines classées, 12 sont algériennes et sur 100 universités arabes 16 sont aussi nationales. «Ces chiffres prouvent que l’université algérienne n’est pas en retard», estimera le ministre. Par ailleurs, le ministre a, toutefois, tenu à rappeler que ce classement «est plutôt commercial, car beaucoup d’universités qui figurent dans ce classement sont de droit privé et font donc du marketing pour attirer les étudiants, ce qui n’est pas le cas de l’université algérienne qui est publique», précisera-t-il. M. Hadjar a révélé «le recours par certains pays à la triche pour avancer dans le classement, en recrutant des enseignants pour de courtes durées pour diffuser leurs publications sur les sites web de leurs universités». Il a, cependant, insisté sur le fait que ces classements qui «sont plutôt commerciaux, ne se font pas sur la base d’audits, mais de publications scientifiques sur les sites web des établissements de l’enseignement supérieur». «L’Algérie s’est donc intéressée à cet aspect en améliorant les sites des universités. L’adaptation rapide et la réussite des étudiants algériens qui suivent des formations dans des universités étrangères prouvent qu’ils ont reçu une bonne formation», déclarera-t-il encore. Ce « saut qualitatif » réalisé par l’université algérienne a été aussi rendu possible par les réformes engagées ces dernières années par son département ministériel. M. Hadjar a ajouté que l’application des recommandations prises lors de la dernière conférence nationale sur le secteur de l’enseignement supérieur, permettra d’améliorer davantage la qualité de la formation au niveau de l’université algérienne. «Si le volet académique est bien pris en charge, des efforts restent toutefois à faire sur le plan pratique», jugera M. Hadjar. L’intérêt dans tout cela est que l’université en tant que formatrice de l’élite, ne s’engage pas dans des chemins sans issues, en cherchant le meilleur classement par la triche ou la tromperie. Il est, certes, nécessaire de chercher le meilleur pour booster l’université vers les cimes de ses homologues à travers le monde. Nul besoin de ruser pour avancer dans le classement. «De nombreux organes d’information tombent dans le piège d’agences de publicité faisant la promotion d’universités privées, en vue d’attirer les riches de ce monde pour y inscrire leurs enfants, au détriment d’universités publiques », a soutenu le Pr. Aourag dans une déclaration, en marge des portes-ouvertes sur le Centre de recherche scientifique et technique en analyses physico-chimiques (CRAPC) de Bou Ismail. Il s’est donc étonné du fait que «90% des premières places mondiales sont accordées à des universités privées». S’exprimant sur le classement des universités algériennes, M. Aourag l’a qualifié d’ «illogique et irrationnel», car le seul critère devant être pris en compte en la matière «est la qualité de la formation dispensée», citant pour preuve la «forte demande exprimée sur les compétences algériennes par les grandes sociétés mondiales de différents pays développés». Vaille que vaille, la publication du classement Webometrics de janvier 2016, pour les universités et centres de recherche confirme le saut qualitatif et combien encourageant des institutions algériennes qui se maintiennent en bonne position. Diverses stratégies sont adoptées par les chefs d’établissements afin d’assurer une meilleure visibilité de leur potentiel scientifique et pédagogique. Cette prise de conscience progressive est partagée par les responsables de facultés, des laboratoires de recherche et des bibliothèques universitaires qui s’impliquent davantage dans le développement de contenus et dans la diffusion d’informations diverses à destination de la communauté des enseignants et des chercheurs. Sur quelque 25 000 institutions d’enseignement supérieur recensées à travers le monde, l’Algérie place deux universités dans le Top2000 mondial (Université Djilali Liabés et l’USTHB) et trois EPST (CERIST, CDER, CRSTRA) dans le Top1000 des centres de recherche, sur 7 500 structures classées. Sur le top20 des universités maghrébines, l’Algérie place 12 institutions, le Maroc 06 et la Tunisie 02 établissements. Enfin, sur le Top100 des universités du Monde Arabe, dominé par l’Arabie Saoudite, l’Algérie place 16 institutions. L’université Mouloud Mammeri dans tout cela ? Elle est classée sixième au plan national, 53e en Afrique, 50 dans le monde Arabe et enfin 3851e dans le monde au dernier classement webometrics 2016. Il est impératif que la qualité de l’enseignement s’impose plutôt que le classement.

Sadek A. H.

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