«Je n’ai pas quitté le RCD pour rallier le MAK»

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à l'initiative de l'association Amgud, Nordine Aït Hamouda, le fils du colonel Amirouche, et son compagnon, Tarek Mira, fils du commandant Abderahmane Mira, ont conjointement animé, hier, une conférence-débat à la salle de cinéma El Maghreb.

Après une minute de silence à la mémoire des chouhada, les deux conférenciers ont commencé leur intervention qui avait pour thème le « 5 Juillet 1962 », date qui couronna près d’un siècle et demi de lutte et de soulèvements populaires, dont celui de 1871 que la Kabylie a chèrement payé. C’est Tarek Mira qui intervint en premier, expliquant à l’assistance ce que c’est que l’Etat jacobin (Pouvoir Centralisé), une création napoléonienne, dira-t-il, imposée par le colonisateur qui voulait continuer à régner même après l’indépendance du pays. «L’idée de la régionalisation a été posée tout d’abord par le FFS en 1979, dans la clandestinité sous le concept de l’autonomie régionale avec trois objectifs : l’autonomie personnelle, l’autonomie locale et celle régionale. Puis elle sera proposée par le RCD dans son programme, à l’exemple de ce qui se fait en Espagne. Enfin, des mouvements autonomistes avec des visions différentes ont fait leur apparition», dira-t-il. Et de se poser la question, «Pourquoi cette idée a-t-elle germé en Kabylie ?». Parce que, répondra-t-il, «c’était peut-être la seule région du pays où il y avait cette gouvernance sous le règne de Tadjmaât». Il rappellera que cela s’était reproduit en 2001 avec le mouvement des Aârchs, « le mouvement citoyen ». A chaque fois que la Kabylie s’est soulevée, remarquera-t-il, depuis la révolte de 1871, elle a payé chèrement son engagement. De fil en aiguille, le conférencier développera l’idée que l’Etat national naîtra notamment dès 1926 avec la création de l’Etoile Nord Africaine, suivie par d’autres mouvements jusqu’au premier novembre 1954. Aujourd’hui, notera-t-il, il est temps de bien voir que le jacobinisme a été hérité du colonisateur. Donc, constatera-t-il, il est temps de trouver un modèle de gouvernance nouveau qui permettra l’émergence des régions dont la Kabylie. Pour Tarek Mira, cet Etat national devrait justement régler le problème de la Kabylie. «La régionalisation ne va pas diviser le pays en changeant le modèle de gouvernance actuel basé sur la centralisation», conclura-t-il. Intervenant à son tour, Nordine Aït Hamouda, ex-député du RCD, abordera le sujet en rappelant que la région de Draâ El-Mizan est connue pour son engagement dans la lutte de libération nationale. «Quelle région du pays a donné cinq colonels pour la révolution ?», interpellera-t-il, avant d’égrener les noms des cinq colonels: Krim Belkacem, Amar Ouamrane, Ali Mellah, Mohamed Zamoum dit Si Salah et Slimane Dehilès. «Je dirai à ceux qui disent que le révolution a commencé aux Aurès que c’est faux. Déjà en 1947, Krim Belkacem avait pris le maquis. Et j’ajouterai que c’est Amar Ouamrane qui fut désigné pour faire éclater le 1er novembre à Blida. Et personne ne pourra nier ces vérités», martèlera le fils du colonel Amirouche. «Une année après le déclenchement de la révolution, il y a eu l’idée de subdiviser le territoire national en six wilayas. Et cela n’avait pas froissé l’unité nationale», soulignera-t-il. Au contraire, poursuivra-t-il, ces wilayas l’ont consolidée davantage. Donc, jugera-t-il, «le problème ne réside pas dans la régionalisation, mais ceux qui nourrissent cette angoisse de l’éclatement de l’unité nationale ne veulent pas l’émergence d’une nouvelle gouvernance, car le système jacobin hérité de l’époque coloniale serait menacé ainsi que, bien sûr, leurs intérêts». Abordant le sujet de son exclusion du RCD, le conférencier dira qu’il n’a «aucun problème avec la direction de ce parti et ses militants ni aucun ennemi en Kabylie». «D’ailleurs, il y a des militants de ce parti dans la salle et ils sont nombreux. Mon problème est avec quelques personnes du bureau régional du RCD de Tizi-Ouzou», affirmera-t-il.

«…Mais mon combat continuera !»

Au sujet de l’incident avec quelques militants du MAK lors de la commémoration du 18e anniversaire de l’assassinat de Lounès Matboub, Nordine Aït Hamouda signifiera que c’était clos et que les responsables du mouvement lui auraient demandé les excuses. «Personne ne pourra m’empêcher d’intervenir et de parler en Kabylie. Je dirai tout ce que je veux», lancera-t-il. «Je n’ai pas quitté le RCD pour rallier le MAK. Mais, je vous affirme que mon combat va continuer au sein d’une organisation qui donnera la chance aux jeunes de gouverner», poursuivra-t-il. Concernant l’assassinat de Lounès Matoub, l’ex-membre fondateur du RCD dira qu’il était temps d’ouvrir le procès de cet assassinat afin que la vérité éclate et que la famille du rebelle fasse son deuil. «Je serai à la disposition de la justice pour apporter mon témoignage et je dirai tout ce que je sais à propos de cet assassinat. Même si je ne suis pas convoqué par la justice, j’irai témoigner», assurera-t-il. Sur ce, il donnera le micro au docteur Ameur Mohand Amokrane, un élément actif pour la création de la Fondation Amirouche, qui développera les objectifs de celle-ci. «Comme pour la religion, personne n’a le doit de manipuler l’Histoire. Justement, dans cette optique, nous avons déjà fait un pas pour la création de cette fondation qui se chargera d’écrire l’Histoire et celle des grands héros. Bien qu’il ait été tué à l’âge de 33 ans, le colonel Amirouche portait tout un projet», estimera l’intervenant avant d’énumérer les quatre objectifs primordiaux de cette fondation, à savoir : le volet Histoire et anthropologie, l’enseignement de l’Histoire avec la confection de petits manuels explicites pour tous les âges notamment les enfants, affirmant que ce qui leur est enseigné aujourd’hui est nul, le volet social qui accompagnera les anciens maquisards, les veuves et les enfants de chouhada, et enfin la bonne gouvernance en développant les idées du colonel Amirouche, son projet et ses idéaux. Au terme de cette conférence, un large débat a été ouvert avec le public. Les différentes interventions se déroulèrent dans la sérénité et le respect des uns et des autres. A la question de savoir si l’ex-cadre du RCD nierait les principes fondamentaux du RCD à savoir la laïcité la restitution du sigle FLN au peuple algérien et le refus de la rencontre de Saint-Egidio, Nordine Aït Hamouda répondra que ce parti avait été créé chez lui et qu’il ne remettrait jamais en cause ses principes. Il affirmera même qu’au contraire il fera en sorte que ceux-ci soient concrétisés sur le terrain.

Amar Ouramdane

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