«La rentrée pour tous est impossible aujourd’hui !»

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Lors de la réunion organisée, avant-hier, par la commission de l’éducation de l’enseignement supérieur et de la formation professionnelle au siège de l’APW de Tizi-Ouzou, se rapportant à la rentrée universitaire 2016/2017, les différents intervenants ont mis l’accent sur la nécessité de livrer rapidement les 4 300 places pédagogiques et les 3 000 lits en cours de réalisation, pour assurer une rentrée normale.

Après l’ouverture de la séance par le président de la commission concernée, M. Malki Hamid en l’occurrence, la parole a été donnée au recteur qui appellera d’emblée : «Pour le moment, nous ne pouvons donner aucune date exacte concernant la rentrée des étudiants de 1ère année, affectés à Tamda. Les 4 300 places pédagogiques et les 3 000 lits ne nous sont pas encore livrés. Nous appelons à accélérer la cadence des travaux pour pouvoir recevoir ces nouveaux étudiants dans de bonnes conditions». De son côté le président de l’assemblée populaire déplorera : «L’administration s’est engagée à réaliser 17 000 places pédagogiques et 17 500 lits. La promesse de livrer 4 300 places et 3 000 lits dès le 15 septembre passé n’est pas tenue. La réhabilitation des cités et des facultés et les 5 pavillons de Boukhalfa est renvoyée aux calendes grecques. Les deux blocs pédagogiques, dont la livraison a été annoncée pour décembre 2015, n’a pas encore eu lieu et risque d’être retardée. Les malfaçons dans la réalisation, la surcharge dans les amphis, les salles de cours, les labos et dans les chambres sont toujours légion. Le renouvellement des équipements et du mobilier est aussi mis de côté. C’est comprendre que les conditions nécessaires ne sont pas réunies. Cela se répercutera négativement sur la qualité de l’enseignement. Lors de la session extraordinaire du mois de mai dernier, consacrée exclusivement à l’université Mouloud Mammeri, les responsables ont promis de faire le nécessaire pour garantir une rentrée universitaire meilleure. Hélas, ce n’est pas le cas. Nous interpelons la direction des équipements à faire son travail car il y va de l’avenir de nos enfants et de toute notre wilaya». Pour reprendre la genèse de la réunion qui s’est déroulée en présence des directeurs des œuvres universitaires (DOU), des élus de l’APW, le recteur fera une lecture détaillée de l’état des lieux.

«Cette année, nous n’avons pas de plan B»

L’université Mouloud Mammeri, la plus grande université du pays, qui compte à présent 60 000 étudiants, dénombre de nombreux problèmes, entre autres la vétusté des infrastructures existantes, le manque de places pédagogiques et de lits, la surcharge, le manque de mobilier et son usure, le manque d’encadrement qualifié et de personnel, les conflits intersyndicale, les conflits entre les groupes d’étudiants de tendances politiques différentes, la mauvaise qualité des repas offerts aux étudiants, les vols et l’insécurité. En somme, l’addition est salée, ce qui fait que les grèves répétitives et la protestation sont monnaie courante. L’influence négative sur le niveau pédagogique n’est pas à démontrer et il est reconnu par tout le monde. Intervenant sur toutes ces questions, le recteur formé dans cette université puisqu’il a été chef de département, directeur des études et doyen avant d’être nommé recteur, sait à quoi il a à faire. «Ma mission n’est pas impossible comme le pensent certains, mais très difficile. Toutefois, je reste optimiste si toutes les parties se mettent au travail. Les élus, l’administration, la société civile, les syndicats des travailleurs, des professeurs et les comités des étudiants, les DOU, les directeurs de cités et le rectorat devons tous favoriser le dialogue pour sortir du tunnel», dira-t-il. Et d’ajouter : «Depuis notre arrivée, nous avons multiplié les contacts pour réunir d’abords toutes les conditions pour le bon déroulement des rattrapages. Je pense que cet objectif est atteint. Pour la suite, il nous faut impérativement la livraison des 4 300 places pédagogiques et des 3 000 lits pour assurer aux nouveaux étudiants une place et un lit. Cette année, contrairement aux précédentes, nous n’avons pas de plan B. Le problème persistera à la rentrée 2017/2018 si les 10 000 places restantes ne sont pas livrées à temps». Le recteur donnera ensuite tous les chiffres concernant l’université Mouloud Mammeri. Il s’attèlera aussi à dresser un tableau peu reluisant de l’université. «Nous faisons aussi face à des problèmes de démission de professeurs en médecine, de nombreux départ à la retraite, de manque d’encadrement pour les nouveaux enseignants et bien sûr du problème de logement. Ces problèmes sont presque les mêmes que ceux existants depuis 1984. Nous restons toutefois optimistes car l’ensemble de la communauté universitaire, l’administration et les élus locaux sont prêts à nous accompagner pour aller de l’avant et extraire l’université des problèmes et entraves qui la rongent actuellement». Pour leur part, les directeurs des œuvres universitaires soulèvent d’autres problèmes qui empêchent la bonne marche de l’université.

Le blocage de la DLEP évoqué

M. Lamri prenant la parole, au non de ces collègues DOU, indiquera : «Nous avons depuis le 1er septembre ouvert les cités. Le transport, la restauration et l’hébergement sont garantis aux étudiants concernés par le rattrapage». Concernant les nouveaux bacheliers, il annoncera : «Nous avons enregistré 6 723 demandes d’hébergement à Tamda. Nous attendons la livraison des chantiers en réalisation pour pouvoir domicilier les étudiants de Tamda dans le même site afin d’éviter les problèmes de transport. À présent, on ne nous a livré aucune cité. Si la situation perdure, nous serons obligés de domicilier les étudiants de Tamda dans d’autres cités (Boukhalfa, Hasnaoua, Bastos et Réhahlia), cela engendrera aussi un problème de transport. C’est pourquoi il est urgent de nous livrer les 4 300 places pédagogiques et les 3 000 lits». Concernant le mobilier des chambres, des salles de classes et des restaurants, l’orateur affirmera : «Le mobilier est réceptionné». Au sujet des travaux de réhabilitation et de la reconstruction du restaurant central de Hasnaoua, l’intervenant insistera : «Le restaurant de Hasnaoua I est fermé par le CTC depuis 2008 pour cause de glissement mais depuis, nous demandons sa reconstruction. Hélas, notre appel n’a pas abouti. Les promesses que l’on nous a faites depuis 2012 ne sont pas honorées. Nous assurons la restauration des étudiants dans un hangar. Les 5 pavillons de Boukhalfa, fermés, ne sont toujours pas pris en charge. Les travaux de réhabilitation, notamment la 2ème tranche, est elle aussi gelée. Nous interpellons la direction des équipements en vue de relancer toutes ses opérations». Les DOU ont également soulevé d’autres entraves même à Tamda. «Pour rejoindre leur chambre, les filles sont obligées de traverser un chantier. La poussière en été la gadoue en hiver, l’insécurité le foisonnement des ordures, le manque d’éclairage, c’est honteux d’accueillir la crème Algérienne dans ses conditions», reconnait-on. Cela sans parler d’autres problèmes non pas des moindre comme le manque d’ouvriers, le manque d’équipement, la vétusté des chaudières, des réseaux de gaz, d’eau et d’électricité. Les DOU ont signalé que «les agents de sécurité et de réception, les cuisiniers et les cadres des cités ont tous subi des stages de formation». Pour ce qui concerne le matériel pédagogique et informatique, le recteur reviendra pour signaler : «Nous avons dépensé 7 milliards de centimes pour l’achat d’ouvrages et de livres. Le matériel pédagogique et informatique est également disponible mais nous butons sur le problème d’espace. Les salles de machines sont en nombre limité et exigües».

Compte rendu de Hocine T.

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