«Pour une démocratie apaisée»

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Le congrès ordinaire du Mouvement populaire algérien (MPA) s’est ouvert, hier à Alger, sous le slogan “Pour une démocratie apaisée”. Retour sur le discours d’ouverture du SG sortant, M. Amara Benyounès.

La séance d’ouverture a vu la présence de plusieurs personnalités de haut rang, notamment des responsables politiques algériens, dont les SG des partis FLN et RND pour ne citer que ceux-là ainsi que des délégués de représentations diplomatiques étrangères et de plus de 1 400 congressistes venus des 48 wilayas et de l’immigration. Le secrétaire général du parti, M. Amara Benyounès, dans son discours, a exposé les principaux axes du programme du parti et réitéré les positions de principe du MPA. Il dira que «la dépendance excessive du pays à la production du pétrole», «la non-diversification de l’économie» et «l’esprit de l’économie orienté de quelques responsables» sont «les causes de la situation qu’endure le pays». «On a entravé le passage à l’économie de marché (…) ce qui a engendré un retard dans l’application des réformes adéquates à l’environnement algérien et fait que notre économie soit fragile et non-efficace. Forcément, ça fait fuir des investisseurs», ajoutera-t-il. LE MPA a opté pour des réformes «approfondies et audacieuses et qui s’adaptent à la mondialisation, avec ses bons et mauvais aspects. Des réformes qui toucheront plusieurs domaines», prévoit-il. «Le pays n’a plus d’autres alternatives que d’entreprendre de profondes réformes audacieuses dans le domaine économique et social. La nécessitée de ces réformes est apparue il y a des années, mais le refus de certains responsables a fait que ces dernières n’ont pas été effectuées», dira-t-il, avant d’ajouter : «On les a refusées au nom du nationalisme et sous prétexte de souveraineté nationale. Les Algériens ont le droit à la vérité. L’application des réformes va être difficile et douloureuse sans doute. Mais le retard de leurs applications accentuera encore plus la difficulté et on ne pourra pas éviter le FMI si ça venait à durer», expliquera M. Benyounès. Comme mesure urgente qui s’impose selon le MPA,

«La mutation économique est douloureuse mais elle le sera encore plus si on ne l’opère pas tout de suite»

«la réforme du secteur public», qui malgré les subventions, dira-t-il «a montré son incapacité à réaliser un développement économique et créer des richesses et des postes d’emploi». «Ce n’est plus possible que l’Etat continue à gérer des commerces, des hôtels et, parfois même, des douches !». Le problème du foncier agricole semble tenir tout aussi à cœur au MPA. M. Benyounès plaide «pour la libération de ce dernier des pressions idéologiques». En outre, la lutte contre le marché parallèle constitue un autre enjeu de taille pour l’Algérie, selon le secrétaire général du MPA : «Le marché parallèle constitue une importante part de l’activité commerciale. C’est devenu un danger qui menace la stabilité du pays. C’est important de trouver des solutions», a-t-il averti. Dans le même sillage, «la modernisation de l’administration» s’impose pour le MPA. L’encouragement de l’investissement, selon M. Benyounès, passe par «le nettoyage de l’environnement des affaires, en établissant un programme efficace pour la lutte contre la bureaucratie et la corruption». «Il urge de trouver des solutions au problème du foncier et de réguler ses prix. La protection des personnes et des biens doit être renforcée aussi». «La réforme des banques» est tout aussi importante pour le MPA. «L’Algérie ne peut plus continuer avec ce système bancaire révolu, il est nécessaire d’ouvrir le capital des banques publiques aux investisseurs privés», plaide M. Benyounès. Par ailleurs, dans un autre registre, le MPA opte pour «l’investissement» dans l’être humain, «faire de lui un membre efficace dans la société, en encourageant la formation et en consacrant le droit de tout un chacun à un travail et à une habitation». L’activité culturelle constitue également pour le MPA un principal atout de développement. «Investir dans l’école et privilégier la qualité dans la formation sont de principaux enjeux d’avenir pour le pays», dira M. Benyounès. «La consécration de la vraie justice sociale et l’intégration réelle de la femme et des jeunes dans la société» constitue un objectif en bonne place dans le programme du parti. Insistant particulièrement sur l’importance de la culture, M. Benyounès précisera que «la culture rassemble toutes les entités qui constituent notre héritage culturel, linguistique et identitaire». Et dans ce sillage, le MPA a réitéré sa position en faveur de la langue amazighe et appelle à «la mise en œuvre de tous les moyens pour son développement». L’investissement dans l’éducation nationale pour le MPA en est une priorité selon son secrétaire général. D’ailleurs, ce dernier a plaidé pour que le budget de ce secteur soit le plus important : «L’école algérienne a été très sévèrement jugée ces dernières années. Elle a été traitée de sinistrée. Au MPA, nous concédons que l’école n’est pas au niveau espéré et nous demandons l’introduction des réformes catégoriques. Nous voulons une école qui forme des citoyens et non des militants, loin de toute pression idéologique».

«Accélérer les réformes de l’école et accompagner Tamazight de tous les moyens pour sa promotion»

Comme il a appelé à «revaloriser la formation professionnelle (…), revoir la carte universitaire et l’adapter aux besoins du pays et à celui du marché de l’emploi (…), relancer la recherche scientifique et redonner au diplôme algérien sa valeur». La justice aussi, «le ciment de la société», est au cœur des préoccupations du MPA. Concernant la politique extérieure, le MPA propose l’élargissement de l’Union du nord-africain au Mali et au Niger, entre autres, et a réitéré le soutien de son parti au RASD et à la Palestine. Dans le registre sécuritaire, M. Benyounès a exposé la situation qui prévaut actuellement dans le monde, notamment aux frontières algériennes, tout en rappelant le chemin qu’a fait l’Algérie dans sa lutte contre le terrorisme durant les années 90. Il a rappelé les efforts du président de la République auquel il a réitéré son soutien, ainsi que ceux de tous les corps de sécurité auxquels il a rendu un hommage appuyé. La résistance citoyenne a également eu droit de cité. Par ailleurs, M. Benyounès n’a pas caché son inquiétude quant à un réel danger qui menacerait l’Algérie notamment de l’extérieur. Il a considéré que «quand le danger vient de l’extérieur, une partie de la solution vient aussi de l’extérieur». «La politique de la réconciliation nationale entreprise par Bouteflika, après l’aval du peuple, a contribué à vaincre le terrorisme. L’expérience de l’Algérie et la maturité du peuple algérien lui ont évité de sombrer dans les printemps arabes», a-t-il ajouté. En réponse à ceux qui réclament une période de transition en Algérie, M. Benyounès rappellera encore une fois que «la culture des coups d’Etat date du siècle dernier et elle est désormais révolue. La violence engendre le KO et jamais la démocratie». Faisant enfin le bilan de sa formation, M. Benyounès s’est félicité du parcours de son parti jugé «honorable» depuis quatre ans d’existence. Il a indiqué que son parti est le 3ème sur la scène politique, avec plus de 1 600 élus à travers les 48 wilayas, à la tête de 91 communes, dont Alger-centre, et 7 sièges à l’APN. Il a incité les militants à garder cette position, voire l’améliorer, dans les échéances prochaines tout en insistant sur la «propreté» de la campagne électorale. M. Benyounès résumera le tout avec ces propos : «Notre objectif est la construction d’une République démocratique et sociale telle que les martyrs la concevaient».

Kamela Haddoum.

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