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La Soummam Équipements publics, logements sociaux, constructions illicites… : Les terres agricoles livrées à la dilapidation !

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La dilapidation du patrimoine foncier agricole de la vallée de la Soummam se poursuit à un rythme hallucinant. À l’évidence, le gaspillage est ce qui se fait de mieux chez nous. Pour s’en convaincre, il suffit de jeter un coup d’œil sur ces belles terres agricoles, opulentes et généreuses, stérilisées et pétrifiées à jamais par des coulées de béton infamantes. De Tazmalt à Bgayet, en passant par Akbou, Amizour et El Kseur, la même frénésie à bétonner. «Le phénomène dépasse tout entendement. On prélève à tout va des terres classées à hautes potentialités agricoles, pour les destiner à la réalisation d’infrastructures industrielles, de logements et d’équipements sociaux collectifs, des routes et même les prisons», atteste un expert foncier. Ces massacres, enchaîne-t-il, «s’ajoutent aux terres occupées par les groupements d’habitations précaires et par les innombrables constructions illicites et anarchiques, réalisées par des particuliers et qui essaiment aux quatre coins de la vallée». Les ponctions itératives des terres agricoles à des fins urbanistiques et industrielles, a induit une forte baisse de la surface agricole utile (SAU), faisant chuter dans les mêmes proportions le ratio par habitant. «Ce ratio a chuté de plus de la moitié, passant de 0,75 ha par habitant à l’indépendance, à seulement 0,30 ha/habitant aujourd’hui», confie un ingénieur agronome. Ce ratio, souligne-t-il, «devrait tomber encore plus bas, si l’on tient compte des terres non exploitées ou laissées en jachère». Mais ce n’est pas tout, car il va de soi que la réalisation de quelque projet que ce soit, occasionne immanquablement des moins-values pour les exploitations agricoles, eu égard aux démembrements et autres morcellements induits. Le rétrécissement des terres agricoles est, en outre, accentué par d’autres formes de déperdition, à savoir le processus d’érosion, lequel est aggravé par les déboisements en amont, suite aux incendies de forêt. Là où le bât blesse, c’est que le déclassement des terres agricoles fait bien souvent l’impasse sur l’arsenal juridique, censé constituer un bouclier protecteur. «Ainsi, la loi 90- 25 du 18 novembre 1990 portant orientation foncière, la loi 90-29 du 1er décembre 1990, relative à l’aménagement et l’urbanisme, et la loi d’orientation agricole de 2008, sont régulièrement mises à mal par des dispositions dérogatoires émises par les autorités centrales et fragilisées par le pouvoir discrétionnaire dont s’arroge l’administration». Par ailleurs, note l’expert foncier, la consommation des terres, quels que soient leur nature et leur statut juridique, est régie par les instruments d’urbanisme. Or, «ces instruments sont élaborés en l’absence d’une vision claire de protection des terres agricoles. De même que les instruments techniques, prévus pour le classement des terres agricoles par les lois en vigueur, n’existent pas encore». Cette carence, conjuguée à une définition approximative de la notion d’utilité publique, a favorisé une dilution des responsabilités entre les collectivités territoriales, les exécutifs de la commune, de la daïra, de la wilaya et les différents départements ministériels, utilisateurs et gestionnaires des terres. Au regard des nombreux enjeux que renferme cette ressource rare et non renouvelable, l’urgence de sa protection se fait de plus en plus pressante. La constitutionnalisation de cette protection, inscrite dans la nouvelle loi fondamentale, est une opportunité historique à saisir, pour enrayer cette spirale infernale.

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N Maouche

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