«L’écriture de l’Histoire doit être neutre»

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Une conférence sur «L’écho des événements du 8 mai 1945 et de la révolution algérienne dans la presse arabe et du monde» s’est tenue, hier, à l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira.

Initiée par le département d’Histoire, la rencontre a vu la participation de beaucoup de témoins de la Révolution, dont des officiers de l’ALN. Il y avait Djoudi Atoumi, Aomar Zouaoui et Ouali Aït Ahmed, tous les trois secrétaires au PC de la wilaya 3 historique.

Djoudi Attoumi, le premier à prendre la parole, a évoqué dans sa communication le service presse de la wilaya 3 et la fameuse revue «Renaissance Algérienne» créée par Tahar Amirouchene, secrétaire du colonel Amirouche durant la révolution.

A propos de cette revue hebdomadaire éditée en deux langues, M. Djoudi dira : «Avec seulement deux à trois machines à écrire, une équipe de Moudjahidine a pu tenir cette revue qui traitait des faits de guerres et divers événements».

Selon lui, une sorte de reporters de guerre accompagnaient les combattants de l’ALN lors des opérations armées et rendaient compte de tout ce qui se passait. Mais malheureusement, la revue n’a pas duré longtemps, car il n’y avait pas de moyens et il était difficile d’organiser un service de presse au maquis en pleine guerre.

L’autre point abordé par l’ex-secrétaire de la wilaya 3 est celui des «tracts». Il dira que ceux-ci étaient comme «un trait d’union entre le maquis et les populations civiles». M. Attoumi a cité quelques-uns des fameux tracts diffusés durant la révolution, notamment celui du 1er novembre. Le conférencier parlera aussi de l’émission de radio diffusée chaque soir, dans les trois langues, à partir du maquis de la wilaya 3.

A propos de cette émission, Djoudi Attoumi confiera : «A chaque fois que les Français captaient les ondes de cette radio, ils envoyaient un avion survoler la zone, ce qui obligeait les officiers de l’ALN à interrompre la diffusion de l’émission». L’auteur du livre «Avoir 20 ans au maquis» a aussi abordé le travail de la presse et des médias étrangers en faveur de la cause algérienne. Il a cité entre autres, la radio Sawt El Arab que diffusaient, d’Egypte, les radios tunisienne, marocaine et luxembourgeoise.

Selon lui, ces radios ont joué un rôle prépondérant dans la mondialisation de la cause algérienne. Djoudi Attoumi reviendra également sur le rôle joué en faveur de l’indépendance de l’Algérie par une certaine presse écrite française, tels les journaux L’Express de François Mauriac, Le Monde, Le Canard Enchaîné et Témoignage Chrétien. Il a également parlé de l’engagement d’intellectuels, tels que Jean Paul Sartre et Simone De Beauvoir, pour la révolution.

La parole a été ensuite donnée à Aomar Zouaoui qui apportera son témoignage sur la fameuse opération «Jumelles». Cet ancien officier de l’ALN dira que durant cette opération, les maquis de la wilaya 3 ont vécu des années de braise, de 1959 à 1962, marquées notamment par la mort du colonel Amirouche. «L’offensive française fut particulièrement meurtrière, puisque elle s’est soldée par la mort de 8 000 soldats de l’ALN sur les 12 000 que comptait la wilaya 3», dira-t-il.

L’autre témoignage apporté lors de cette conférence est celui d’Idir Belkacem qui est revenu sur les événements du 17 octobre 2017. Pour sa part, Ouali Aït Ahmed a axé son discours sur la nécessité de l’écriture de l’Histoire. «Les acteurs de la révolution peuvent apporter leurs témoignages, mais ils ne peuvent pas écrire l’Histoire», martèlera-t-il. Toujours au sujet de l’écriture, l’ex-secrétaire de la wilaya 3 a préconisé une démarche «neutre et académique», insistant sur la nécessité de «bannir toute approche idéologique».

Retraçant les différentes étapes du combat des Algériens pour l’indépendance depuis 1830 jusqu’à l’indépendance, Ouali Aït Ahmed expliquera que «si tous les soulèvements avaient échoué, c’est parce qu’il n’y avait pas d’unité». «La victoire finale fut le résultat de l’unité et pas seulement celui des armes», a-t-il souligné.

Djamel Moulla

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