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Mourad Bouziane, directeur de l’éducation de Bouira : «Les résultats en maths et en langues sont médiocres»

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Dans cet entretien, le directeur de l’éducation de la wilaya de Bouira revient sur les rencontres d’évaluation des résultats scolaires. Il souligne les lacunes du secteur et esquisse un plan d’action pour y remédier.

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La Dépêche de Kabylie : Vous avez lancé récemment des rencontres d’évaluation des résultats scolaires, quel constat en faites-vous ?

Mourad Bouziane : La première constatation que nous avons faite, c’est que la wilaya enregistre des résultats médiocres notamment en mathématique et en langues. Nous avons constaté qu’il y a beaucoup de postes vacants et cela a un impact négatif sur les résultats. Nous avons même trouvé des enseignants de langues qui ne sont pas diplômés dans la spécialité. Ce constat est également valable pour les mathématiques. Cela me laisse penser que l’échec est en quelque sorte programmé. Pour la langue française, on a remarqué un bon nombre de postes vacants. J’ai constaté aussi que beaucoup d’enseignants de cette langue postulant au concours de recrutement ne sont pas originaires de la wilaya. Il faudrait peut-être discuter de ce problème avec nos collègues de l’université de Bouira. Il se peut que le nombre de diplômés dans la filière de français soit insuffisant. En comparaison, le nombre de diplômés en anglais est nettement plus important que le nombre de postes à pourvoir. Il faut trouver des solutions à toutes ces lacunes. Je tiens aussi à souligner qu’au niveau de certains établissements scolaires de la wilaya, l’encadrement administratif est insuffisant. Je parle bien sûr des directeurs et proviseurs. Plusieurs établissements sont gérés par des faisant fonction. C’est là un problème qui influe sur la discipline et sur le bon fonctionnement des établissements. Tous ces problèmes exigent des solutions et je vais m’atteler à les résoudre. Car comme vous le savez, à partir de l’année prochaine, et c’est une décision de la ministre, on travaillera sur les projets pédagogiques. Dans notre projet pédagogique, actuellement en cours d’élaboration, l’objectif est d’améliorer des résultats scolaires. Et pour arriver à cet objectif, il faut améliorer les conditions de travail et assurer une bonne formation aux enseignants formateurs.

Quelle approche avez-vous adoptée pour y remédier ?

On a élaboré un programme en collaboration avec les inspecteurs des matières et d’administration. Ces derniers se sont rendus dans les établissements où l’on avait constaté des résultats scolaires moyens ou faibles. On a fait dans l’accompagnement. Ce travail a donné ses fruits, car au deuxième trimestre, on a constaté une amélioration des résultats scolaires et on espère continuer sur cette lancée. Globalement, les résultats se sont améliorés suite aux directives données aux inspecteurs et aux directeurs, mais on veut faire plus. Je me réjouis du fait que tous les acteurs de l‘éducation aient adhéré à cette démarche. Je pense que les rencontres d’évaluation ont permis à tous de prendre conscience du problème et la démarche de sensibilisation qu’on a entreprise a donné ses fruits. Je tiens juste à préciser que la démarche va changer. Dorénavant, nos efforts seront concentrés sur les établissements où les résultats sont encore faibles ou en difficulté. A ce propos, on va privilégier une approche basée sur la concertation entre les directeurs d’établissements et les personnels enseignant et administratif. Par ailleurs, on a axé sur les cours de soutien et les rencontres avec les inspecteurs. Mais j’avoue qu’à elles seules les mesures de circonstance ne suffisent pas et il faudrait plutôt un plan de travail qui s’inscrive dans la durée.

A l’occasion des rencontres d’évaluation, vous avez affirmé que Bouira a les moyens pour réussir et qu’elle a une marge de progression en matière de résultats scolaires. Qu’est-ce qui vous fait dire cela ?

D’abord, je suis sûr qu’il existe des compétences à Bouira et il y a aussi de la volonté. Ensuite, il y a cet avantage de la disponibilité en nombre suffisant des infrastructures éducatives. Pratiquement dans toutes les communes, il y a des lycées. Il y en a même ceux qui fonctionnent avec un nombre réduit d’élèves et certaines classes ne dépassent pas 25 élèves. L’autre aspect positif dans la wilaya de Bouira c’est la disponibilité des inspecteurs et dans toutes les matières. Ce qui plaide aussi en notre faveur, c’est qu’il y a du répondant de la part de la famille de l’éducation. Même les partenaires sociaux sont impliqués dans le processus qu’on a entrepris. Pour moi, les conditions humaines et matérielles sont disponibles. Tout cela me laisse optimiste quant aux résultats scolaires qui seront meilleurs cette année.

Les inscriptions pour le concours de recrutement d’enseignants ont déjà commencé. à Bouira, des candidats ont déploré l’absence d’ouverture de postes dans le secondaire l’an dernier, qu’en est-il cette année ?

L’an dernier, il y avait un problème de timing. Cette année, et suite aux directives de la ministre, on a procédé aux recrutements des candidats reçus inscrits sur la liste d’attente. Sur la liste d’attente, on a 1 359 postulants pour les postes d’enseignants d’arabe dans le primaire. Nous avons puisé dans cette liste nos besoins qui sont estimés à 591 postes. Les personnes retenues ont signé un engagement pour poursuivre un cycle de formation et rejoindre le poste qui leur sera affecté par la direction de l’éducation. Toujours au primaire, et concernant tamazight, sur la liste d’attente nous avons 15 enseignants pour un seul poste à pourvoir. S’agissant du français, on n’a aucun enseignant sur la liste d’attente. Nous avons un énorme déficit. Dans ce cas, on va ouvrir un examen de recrutement dans cette matière à l’échelle nationale. Nos statistiques révèlent qu’on a un total de 110 postes vacants de français dans le primaire. Dans le moyen, on a une seule liste d’attente dans la filière lettres arabes avec 13 postulants. Les treize seront recrutés, car on dispose de 66 postes vacants. S’agissant des autres matières, on va passer par un concours de recrutement. Pour ce qui est du secondaire, cette année, on va ouvrir un concours de recrutement dans toutes les filières. Je tiens juste à préciser qu’on ne va pas refaire l’erreur de l’année dernière. Il y aura à peu près 140 postes à pourvoir dans ce palier.

Par le passé, le nombre de postes en Tamazight était très réduit parfois quasi inexistant. Qu’en est-il cette année ?

Avant tout, notre premier objectif est de généraliser l’enseignement de cette langue à l’échelle de la wilaya. Notre approche à nous c’est de ne pas ouvrir des postes comme ça au hasard, mais on commencera d’abord par la base, c’est-à-dire au primaire. Parfois, des élèves étudient cette filière dans un palier et pas dans d’autres. Dans certaines régions, elle n’est pas du tout enseignée. Notre souhait c’est de généraliser son enseignement à toutes les régions de la wilaya et avec une méthode pédagogique. Car quand l’élève étudie cette filière au primaire, il doit la poursuivre dans les autres paliers. Une chose est sûre, nous continuerons à ouvrir des potes dans cette filière et nous œuvrerons pour la promotion de cette langue.

Les examens de fin d’année vont bientôt commencer, combien de candidats vont les passer cette année et qu’en est-il des préparatifs?

Pour l’examen de la cinquième année, on a 13 829 candidats qui seront répartis sur 305 centres d’examens. Dans le moyen, nous avons 10 848 candidats répartis sur 47 centres. Au secondaire, le nombre des candidats est de 16 410 répartis sur 60 centres d’examens. S’agissant des préparatifs, je peux vous assurer que toutes les dispositions ont été déjà prises pour assurer un bon déroulement des examens. Je profite de cette occasion pour inciter les candidats à se consacrer aux révisions et les exhorte à ne pas écouter les fausses informations colportées ici et là. Je veux aussi mettre en garde contre la triche et je rappelle que les mesures seront fermes cette année. J’espère enfin que le classement de la wilaya va s’améliorer car il y a des hommes et des femmes qui font beaucoup de sacrifices pour atteindre cet objectif.

Entretien réalisé par Djamel Moulla

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