L’Entreprise du Port menace de saisir les bateaux de la SNCM

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Si l’arrivée sur la ligne maritime Béjaïa-Marseille de la compagnie française SNCM, début 2004, a été perçue comme une bouffée d’oxygène, pouvant améliorer globalement la qualité de service est briser l’isolement qui frappe nos ports, force et de constater, deux ans après, que les relations entre l’opérateur français et l’entreprise portuaire de Béjaïa (EPB) ne sont pas au beau fixe. Loin, s’en faut ! Les rapports, en fait, se sont détériorés à un point tel que l’EPB a fait paraître dans la presse nationale des “avis de saisie” où elle annonce que “suite au refus exprimé par la SNCM d’honorer ses factures de remorquage, elle procédera à la saisie conservatoire des car ferries de ladite société au niveau de tous les ports algériens”.L’on se souvient que courant 2005, la SNCM a boudé tout le long de la saison hivernale le port de Béjaïa. Déjà à l’époque, le problème du remorquage a été soulevé par M. Crispino, représentant à Alger de la SNCM. Selon la partie française, il leur a été tout simplement demandé de payer des “prestations qu’ils n’ont pas commandées”.Une année plus tard, la compagnie française, persiste et signe, en prenant le soin de préciser que “sauf commande expresse du commandant du ferry, l’EPB n’a pas à lui imposer une assistance, par l’envoi systématique à chaque entrée et sortie de trois remorqueurs”, trouvant même que “la prestation remorquage est inutile”, puisque leur flotte se compose de paquebots de dernière génération équipés chacun de deux hélices, deux gouvernails et de deux propulseurs d’étraves. Ce qui, de leur point de vue, leur permet de manœuvrer à l’aise et sans assistance. Le nombre même de remorqueurs, trois, serait disproportionné par rapport aux besoins réels de leur ferries. C’est cette logique qui préside à son choix de refuser d’honorer les prestations de remorquage au motif qu’elles pèsent lourdement sur les frais d’exploitation de la ligne, surtout en saison basse. Voilà donc le décor planté par la SNCM qui continue néanmoins à desservir les autres ports nationaux. Un ferry est même prévu le 20 mars prochain sur… Béjaïa !De son côté, M. Boumessila Abdelkader P-DG de l’EPB pose le problème en termes de sécurité. Le code maritime, de son propre aveu “spécifie la responsabilité du commandant du navire tout en laissant le soin au port d’accueil de décider du remorquage et du type de remorquage. Et c’est à la capitainerie du port qu’incombe la tâche de fixer la catégorie des remorqueurs en fonction des caractéristiques du navire et de la configuration du port”, et de poursuivre : “L’assistance des remorqueurs participe d’une volonté d’éviter toute forme de risques. Et chaque port prend les précautions qu’il juge nécessaires”.Selon le premier responsable du port, il existe certaines normes, essentiellement européennes, qui disposent “qu’un commandant de bord qui fréquente assidûment un port devient pilote de fait”. Ce qui subodore qu’il peut se passer de l’assistance remorquage. Seulement, précisera notre interlocuteur, “C’est uniquement une norme européenne, qui n’est pas appliquée en Algérie”.Revenant sur l’avis de saisie émis par son entreprise, M. Boumessila dira : “Le code maritime prévoit bien ce cas d’espèce. Nous avons une créance bien établie que notre partenaire conteste et c’est son droit. Comme c’est le nôtre de procéder à une saisie conservatoire, demander une caution et aller en justice”.Cela dit, il affirme croire au dialogue, un dialogue qu’il veut “responsable et sérieux”. Une rencontre dans ce sens est, selon lui, prévue incessamment avec les responsables de la SNCM pour désamorcer la crise et mettre un terme définitif à cette situation conflictuelle dont les communautés portuaires, celle d’ici et celle de là-bas, et surtout les nombreux usagers, se passeraient volontiers. Surtout à l’approche de la saison estivale. “Il faut privilégier cette voie et régler à l’amiable le différend. Seulement, ce sont les règles du port, algériennes, qui seront appliquées”, conclura M. Boumessila.

Mustapha Ramdani

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