Pression sur la cimenterie !

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Le côté noir du développement industriel est une situation héritée des années 70, période à laquelle les efforts du pays étaient résolument tournés vers une industrialisation massive, seul levier permettant à l’Algérie de s’inscrire dans le concert des nations, en émergeant avec l’industrie. Pour M. Benabed Mohamed, directeur de l’environnement, des erreurs d’implantation ont été commises pour ces sites industriels : «On s’est retrouvés avec des unités industrielles implantées à côté des centres urbains. Les villes, de leurs côtés, se sont rapprochées de ces sites. À l’époque, nous avions des processus et des techniques industrielles qui sont aujourd’hui totalement obsolètes en matière de protection de l’environnement. Pour l’ERCC, la cimenterie de Sour El Ghozlane, il faut dire qu’à une certaine époque cette usine a été réalisée avec des équipements d’atténuation. Les 13 cimenteries existantes en Algérie étaient toutes dotées de filtres. Il est apparu par la suite un problème de maintenance. Des décisions ont été prises à partir des années 2000 et l’État s’est montré rigide. Pour notre wilaya, à Sour El Ghozlane, cela s’est fait en 2016 où il y a eu un travail de la wilaya et des services de l’environnement. Nous avons littéralement tarabusté la direction de cette cimenterie. Ils avaient un programme de changement des filtres, mais ils ont pris tout leur temps pour les changer. Il a fallu les relancer à plusieurs reprises. Chaque mois ou chaque deux mois, la commission des installations classées se déplaçait pour s’enquérir de la situation. On a reçu la visite des inspecteurs du ministère de l’Environnement pour mettre la pression sur les responsables de cette usine et accélérer les travaux de changements du filtre et cela a finalement été fait depuis mars 2016. L’usine est désormais dotée d’un nouveau filtre à manche qui a diminué de 90% les émissions de particules fines du ciment. D’autre part, l’usine y gagne sur le volet économique car les poussières de ciment sont récupérées et commercialisées, et le chiffre se situe entre 10 et 12% de poudre récupérée. Mais toutefois, on ne se contente pas de cette «victoire». Il y a encore d’autres éléments à changer, à l’image des petits filtres à ciment le long de la chaîne. Ce n’est plus le grand panache de ciment que l’on voyait auparavant, mais cela reste toujours des émissions atmosphériques contenues. Nous avons demandé aux dirigeants de l’ERCC de faire vite pour parer au changement de ces filtres farine, comme ils sont dénommés dans leur jargon. Il y en a en tout quelques dizaines et ensemble, ces filtres laissent échapper une quantité qui n’est pas sans impact négatif sur l’environnement. Notre souhait et notre but est d’aboutir à zéro émission de ces particules fines et toxiques», explique le directeur de l’environnement. Pour notre interlocuteur, il est ressenti dans le monde des industriels une prise de conscience, aussi bien publique que privé : «Il faut savoir que l’industriel ou le fabricant vis-à-vis de la commercialisation de son produit, est rattrapé par d’autres organismes. Pour qu’il commercialise son produit, on lui exige des certificats de qualité dont notamment la qualification ISO 14000. Là l’industriel est obligé de se mettre aux normes. De tout bord, l’État, de par ses institutions administratives, les organismes de contrôles tant privés que publics internationales, sont des garde-fous pour les industriels», déclare le directeur de l’environnement, M. Benabed.

Hafidh Bessaoudi

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