Où va la Kabylie ?

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Aujourd’hui que les émeutes ne sont plus qu’un mauvais et douloureux souvenir, que la stabilité est revenue et que le développement devient une perspective réelle, la Kabylie se débat dans des problèmes de société liés aux maux et fléaux qui la rongent. Le banditisme, la prostitution, la drogue et la violence ordinaire sont devenus le menu quotidien des habitants de cette région. A tous ces maux qui ravagent le quotidien du paisible citoyen, se greffe dans une dialectique de cause à effet, une remontée sans précédent de l’islamisme. Ce dernier saute sur l’occasion pour convaincre ses ouailles du bien-fondé de la “préservation des valeurs” et de “la lutte contre la dépravation”. Un débat sans complaisance ni langue de bois s’impose, afin de discuter de cette situation et de trouver les remèdes pour en sortir. Il est aberrant qu’un jeune de 19 ans, soit poignardé en plein centre-ville de Tizi Ouzou, que personne n’intervienne et que les services de sécurité n’aient trouvé aucun témoin oculaire.Les villages, havres de paix et de sécurité jadis, sont devenus la nuit tombée, de véritables coupe-gorges. Des vieilles dames y sont assassinées pour quelques dinars, et personne ne voit cette violence quotidienne. Il y a de cela quelques jours, les habitants de la Nouvelle-ville de Tizi Ouzou, ont assisté médusés et apeurés, à une véritable bataille rangée entre deux gangs, qui avaient décidés de régler leurs comptes dans la rue. Des sabres, des couteaux, des barres de fer… ont été exhibés et utilisés pour la suprématie d’un gang sur l’autre. La drogue et la prostitution ont atteint des degrés intolérables. Des lieux de débauche, aux enseignes de “bar” ou “night club” fleurissent dans la région, et ce jusqu’à être implantés dans des zones industrielles ou d’activités. Des bars clandestins, ouvrent dans les villages moralisation même, sans que cela ne choque grand monde.S’il est vrai que la Kabylie ne peut vivre isolé du reste du pays, et donc éviter les maux et les fléaux, il n’en demeure pas moins que les responsabilités, voire les complicités peuvent être vite situées. Ainsi, pour l’ouverture d’un bar ou d’un débit de boisson, la loi impose une enquête commodo-incommodo que les services de la mairie sont tenus de faire. Si tous ces lieux sont ouverts, ils l’ont été grâce aux autorisations de l’APC. Cette dernière, si elle vient à constater que la raison sociale du commerce a été déviée, a toute latitude de procéder à sa fermeture, ou à en référer au wali. Or, force est de constater que les élus qui ressassent durant les campagnes électorales, leur désir et leur volonté de mettre la Kabylie sur les rails du développement, sont ceux-là mêmes qui laissent fleurir des lieux, qui nuisent à la cohésion sociale et menacent la population mineure.La Kabylie, comme le reste de l’Algérie, n’a pas à recevoir de leçon de morale ou à subir une campagne de moralisation. Les représentants de l’Etat et les élus ne sont pas les gardiens de la morale, mais les défenseurs des lois de la République. La démocratie, la liberté et la citoyenneté sont des valeurs qui ne permettent pas à un bar d’ouvrir à moins de 50 m d’un établissement scolaire.Dans tout ce marasme et anarchie, les islamistes ont la part belle et la tâche facile. Ces intégristes salafistes, qui ont fait leur apparition en Kabylie, ne sont pas étrangers à la région et leur argumentaire est puisé dans le vécu quotidien. Ils montent au créneau pour dénoncer cette situation en montrant du doigt les élus que leurs concitoyens ont porté par leurs voix aux assemblées et les représentants de l’Etat qui laissent faire. Face à cette morale intégriste, les assemblées de Kabylie et les pouvoirs publics dans cette région, seraient bien inspirés d’imposer la morale républicaine, contenue dans les textes et les lois.

Chérif Amayas

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