Aïn El-Hammam, Iflissen et Azazga sous la menace

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Les mouvements du sol qu’ont connus plusieurs localités de la wilaya de Tizi-Ouzou ces cinq dernières années continuent de constituer une sérieuse menace pour les habitants.

Les études engagées par les autorités s’allongent et s’éternisent, sans qu’aucune solution ne soit arrêtée. Le centre-ville d’Aïn El-Hammam constitue un danger permanant pour ses résidents, à cause des mouvements du sol. Plusieurs bâtisses menacent de céder à la moindre saison pluvieuse qui ressemblerait à l’épisode de 2012 (lire l’article ci-contre). Le danger est aussi pesant dans la région d’Azazga, très durement touchée par l’un des plus grands glissements de terrains qu’a connus la wilaya. Plus de 330 ha ont été touchés par ce phénomène naturel avec un impact sur le centre-ville. Dans cette zone s’étalant sur 920 ha, déclarée à haut risque de glissement, 788 constructions individuelles, à usage d’habitation, sont menacées. Autre localité classée à fort risque d’éboulement est celle d’Illilten, à 70 km au Sud-est de Tizi-Ouzou. Ici, deux villages ont été évacués en mai 2012 après le gigantesque éboulement du mont Azrou N T’hour. Les coulées de boue avaient envahi une grande partie du chef-lieu communal El-Had. À Iflissen également, dans la partie nord de la wilaya, la situation est restée telle quelle depuis le mouvement du sol de 2012 puis de 2015, qui risque de déplacer le village Ikhennache, à mi-chemin entre Tigzirt et Iflissen. Ce village, qui a été déplacé trois fois dans son histoire qui remonte au milieu des années 1 800, risque de disparaître avec l’exode de sa population si aucune solution technique n’est trouvée. «Rien n’a été fait depuis mars 2015, et ça continue toujours de bouger», nous informa Rabah, propriétaire d’une menuiserie de bois à Ikhennache. Sa maison, en dessous de laquelle Rabah tient son atelier de menuiserie, est sérieusement menacée, elle risque de s’effondre à la moindre bourrasque de pluie. «La situation est telle quelle. Certes, nous avons pris nos dispositions en procédant à quelques travaux de confortation, mais le drame peut surgir des quatre ou cinq maisons en contre bas de mon jardin. Cette partie n’arrête pas de bouger, notamment depuis le printemps dernier. Le chemin de wilaya N° 252 encourt le risque de céder à tout moment, et d’être couper à la circulation», dira encore Rabah. Ce villageois s’interroge sur le sort de l’étude engagée pour tenter de solutionner le problème : «Depuis la venue d’une équipe techniques en mars 2015, rien n’a filtré ni sur ses constats ni sur d’éventuelles recommandations, si recommandations sont réellement émises», ajoute-t-il encore. Sur cette question, l’adjoint au maire d’Iflissen, Mhenna Benmerrah, souligne que «le bureau d’étude engagée par l’APC en 2015 a rendu son verdict sur la constructibilité du terrain d’Ikhennache». Cela sous entend que l’étude faite s’est axée seulement sur l’aspect urbanistique, sans pour autant émettre de solutions techniques à même d’arrêter le phénomène et protéger les terres. «Selon le bureau d’étude, les terrains se trouvant dans cette zone de glissement, sont scindés en trois. D’abord ceux situés dans la zone dite verte, sur laquelle la construction est permise mais avec des conditions techniques trop strictes, puis ceux dans la zone dite jaune où les propriétaires sont informés du danger qui puisse surgir en cas de construction, et enfin la zone rouge sur laquelle toute construction est exclue», nous dira l’adjoint au maire. Celui-ci regrette, néanmoins, l’absence de suivi de la part des autorités de wilaya, alors que les «trois derniers walis, qui se sont succédés depuis 2012, ont visité les lieux et ont tous promis des solutions», confirmant au passage le risque qu’encourent les quatre ou cinq familles citées par le menuisier. «En effet, il y a quatre maisons qui encourent un vrai danger cet hiver. J’ai proposé à l’Assemblée communal de réserver des logements de secours dans les deux programmes en cours, de 20 et de 30 logements sociaux, pour pouvoir faire face au cas d’évacuation, mais la proposition est restée sans réponse», regrette M. Benmerrah.

Mohand Arezki Temmar

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