Qui veut allumer la Kabylie ?

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De tout temps, la Kabylie s’est sacrifiée sur l’autel de tamazight, car elle est, à juste titre, profondément attachée à sa culture et sa langue millénaire.

Une langue, d’ailleurs, reconnue par la Constitution algérienne de 2016 (chapitre I, article 3 bis) et son enseignement a été étendu aux écoles de 38 wilayas pour l’année scolaire 2017-2018. Cependant, depuis quelques jours, on assiste à une polémique, portant sur «le rejet» des députés concernant un amendement sur la généralisation de tamazight. Il n’en faudra pas plus pour que soit lancée cette rumeur persistante et infondée, en créant des remous au sein d’une frange juvénile de Kabylie. Des étudiants, des lycéens et même des collégiens ont battu le pavé, hier, pour revendiquer «tamazight». Des marches synchronisées et savamment orchestrées par des individus, voulant marginaliser la dynamique insufflée dans la région. Des manœuvres malsaines et compromettantes, poussant à s’interroger: Qui veut encore déstabiliser la Kabylie? Une question qui semble assez pertinente, d’autant plus que de nombreuses personnalités se sont exprimées sur ce sujet. «Tamazight est en pleine expansion», selon M. Hachemi Assad, secrétaire général du Haut Commissariat à l’Amazighité, qui s’est exprimé, samedi dernier, à Bouira en marge de la célébration du centenaire de la naissance de Mouloud Mammeri. Il révélera, par ailleurs, qu’un travail, en vue de la généralisation de l’enseignement de tamazight, se fait, et que la commission mixte HCA et ministère de l’Education se penchent sur cette question. Même l’illustre artiste, Lounis Aït Menguellet, d’habitude réservé, s’est exprimé publiquement en marge de son concert à l’Opéra d’Alger, en appelant à la sagesse et en affirmant que «la langue amazighe doit être promue sans polémique et sans violence». Pourtant la polémique, malgré les appels à la raison, s’est installée dans certaines régions, notamment auprès des mouvements estudiantins. Lycées, CEM, ou encore universités se sont faits le relais d’une rumeur persistante. Le Ministre de la Jeunesse et des Sports, M. Ould Ali El Hadi, l’avait déclaré, lors de son passage à Tizi-Ouzou, en marge d’une visite d’évaluation des travaux de réalisation du nouveau stade de la ville. «Il ne faut pas lier le travail de promotion de tamazight à la loi de finances 2018», a-t-il affirmé, avant de rappeler que l’État à mis en œuvre les moyens nécessaires, pour promouvoir l’enseignement de cette langue «parlée à travers tout le territoire national et dans laquelle s’expriment des membres du gouvernement, à leur tête le Premier ministre». Cette campagne de déstabilisation qui touche la Kabylie n’est pas sans rappeler que certains projets vitaux, dont les mesures de gel ont été levées, risquent de connaitre, encore une fois, des retards dans leurs travaux, à cause de soubresauts populaires orchestrés par des personnes malintentionnées. Des projets d’envergure à l’exemple du Centre Anti Cancer (CAC) d’Amizour, d’une capacité de 140 lits, le nouveau CHU de Tizi-Ouzou, ou encore le nouveau stade de cette même ville. Des projets, visant la réalisation de l’électrification rurale et le raccordement au gaz naturel des zones de haute montagne de la Kabylie sont autant d’aspirations citoyennes, venant mettre un terme à des années de souffrance. À Bouira, les projets des hôpitaux, comme celui de M’Chedallah et de la polyclinique d’Ath Leqsar sont autant de chantiers qui ont été relancés, suite à la levée des mesures de gel les concernant. D’importants projets sont même en péril, à cause d’une nébuleuse qui active pour la déstabilisation de toute une région, en menaçant le développement local et en envoyant, comme d’habitude, en pâture des jeunes innocents, dont le cursus scolaire se retrouve, une fois de plus, compromis.

Hafidh Bessaoudi

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