Des projets de 2008 toujours en stand-by

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Poursuivant sa série de sorties sur le terrain et de rencontres avec les élus locaux et les représentants du mouvement associatif, le wali de Bouira, M. Mustapha Limani, a présidé, avant-hier lundi, un conseil de wilaya dédié aux projets de développement des communes de la daïra de Lakhdaria, située à une quarantaine de kilomètres au Nord-ouest de la wilaya de Bouira.

Cette rencontre élargie, qui a duré plus de sept heures et qui a regroupé l’ensemble des directeurs de l’exécutif de la wilaya, des maires, des élus des six communes, du chef de daïra de l’ex-Palestro, ainsi que des représentants du mouvement associatif local, s’est tenue au niveau de la grande salle du centre des sports et loisirs de Lakhdaria. Les maires et les citoyens de cette région ont exposé au wali et aux directeurs de l’exécutif leurs préoccupations et leurs propositions en matière de développement.

Aucun projet entre 1992 et 2001

Le chef de daïra de Lakhdaria était le premier à prendre la parole, en présentant un exposé général sur cette grande daïra de la wilaya de Bouira, ayant des frontières communes avec les wilayas de Boumerdès, de Médéa et de Blida. Selon l’intervenant, cette daïra compte actuellement plus de 100 000 habitants, répartis sur les six communes de Lakhdaria, Boukram, Bouderbalah, Zbarbar, Mâala et Guerrouma. Cette daïra est traversée par trois axes routiers importants, à savoir la RN5, la RN29 et l’autoroute Est-Ouest. Le même responsable notera, au cours de son intervention, les grandes difficultés rencontrées par les pouvoirs publics au niveau de cette daïra, durant la Décennie Noire, où la situation sécuritaire a conduit à l’arrêt toutes les opérations de développement, inscrites à partir de l’année 1992. Il affirmera, en outre, qu’aucun projet de développement n’a été réalisé au niveau des six communes entre 1992 et 2001. Une période durant laquelle ces localités ont connu le phénomène de l’exode rural. Des villages entiers ont été abandonnés par les populations, qui se sont réfugiées dans des bidonvilles au niveau de Lakhdaria. Après le retour de la sécurité et grâce aux programmes de développement inscrits, beaucoup d’équipements publics ont été réalisés et le cadre de vie des citoyens s’est nettement amélioré. C’est ainsi que le taux de raccordement à l’électricité a atteint 93%, au gaz 56%, au réseau d’eau potable 73% et au réseau d’assainissement 67%. Selon l’exposé de l’intervenant, la daïra de Lakhdaria a attribué, au cours de l’année 2017, pas moins de 648 logements sociaux et 200 aides à l’habitat rural. Quant au secteur de l’Éducation, cette daïra compte 8 lycées, 16 établissements d’enseignement moyen et 89 écoles primaires. 470 élèves sont transportés quotidiennement par les moyens des municipalités et 9 033 repas sont préparés et servis, chaque jour, au niveau de ces établissements. Le même responsable soulèvera, cependant, le problème du non raccordement de 56 établissements scolaires au réseau du gaz naturel. Des opérations de raccordement au gaz naturel, souligne-t-il, ont été gelées, suite aux récentes mesures économiques du gouvernement. Pour le secteur de la Santé, le chef de daïra affirmera qu’il existe 22 salles de soins sur le territoire de cette daïra, deux polycliniques et un hôpital. L’intervenant relèvera le problème de fermeture de 7 salles de soins au niveau des communes de Maâla, Zbarbar, Guerrouma et Bouderbala, soit pour des raisons sécuritaires ou pour manque d’effectif. Il soulignera aussi le problème de surcharge, dont souffre l’hôpital de Lakhdaria réalisé durant les années 1970, et ce, en raison du fort taux d’accidents de la circulation sur l’autoroute Est-Ouest. L’intervenant soulignera également le problème du manque de foncier auquel la majorité de ces communes sont confrontées, en plus de la prolifération de l’habitat précaire et des constructions illicites. Avant de donner la parole aux maires de ces localités, le wali insistera, auprès du chef de daïra, sur la nécessité de maintenir le service des cantines scolaires, avec notamment la garantie des repas chauds au profit des élèves. «Si une école n’est pas raccordée au gaz naturel, il existe d’autres moyens pour préparer des repas chauds. Servir des repas froids aux élèves dans nos établissements est inacceptable», a-t-il déclaré, avant de rappeler aux élus locaux l’obligation de démolir toutes les constructions illicites, comme il a aussi insisté sur la résorption de l’habitat précaire.

Les entreprises fuient la région

Après l’intervention du chef de daïra, la parole fut donnée aux six maires de l’ex-Palestro. À travers leurs exposés, les maires, récemment élus, ont présenté des propositions pour les programmes PCD 2018. Par ailleurs, ils ont soulevé des préoccupations de leurs administrés. Les intervenants ont surtout avancé deux contraintes majeures pour la réalisation de projets au niveau de leurs communes, à savoir le manque de foncier, les oppositions des propriétaires et le problème d’absence d’entreprises de réalisation. Selon-eux, les gérants d’entreprises privées de la wilaya évitent de soumissionner des projets dans cette région, et ce, non seulement en raison de l’éloignement, de la dégradation du réseau routier et de nombreuses oppositions des citoyens, mais aussi pour des raisons sécuritaires. C’est ainsi qu’au niveau de Zbarbar, le maire notera l’arrêt d’un projet pour l’ouverture de 16 pistes agricoles, alors que celui de Boukram signalera le non lancement d’un projet pour la réalisation de 32 logements sociaux. Ainsi, le maire de Zbarbar a plaidé, au cours de son intervention, pour l’accélération des travaux de raccordement de sa commune au gaz naturel, afin d’encourager le retour des populations des 9 villages abandonnés durant la Décennie Noire. L’intervenant demandera la poursuite des aides pour le secteur agricole et le raccordement de ces villages à l’eau et à l’électricité, en plus de la réhabilitation de leurs routes, et ce, afin d’inciter les villageois à se réinstaller dans ces villages. Pour sa part, le maire de Boukram insistera sur l’acquisition d’un nouveau bus pour le transport scolaire et d’un chasse-neige, sur la réservation de nouveaux postes budgétaires pour la mairie, sur la réalisation d’une école primaire au niveau du village Tizi-Makon qui ne dispose toujours pas d’école et, enfin, sur la relance du programme d’électrification rurale. Le maire de Maâla a insisté, de son côté, sur la réalisation d’une nouvelle annexe de l’État Civil au niveau de sa commune, sur le lancement des opérations de reboisement au niveau des forêts, incendiées l’été dernier et, enfin, sur l’accélération des travaux de raccordement à l’eau potable, via le programme des grands transferts du barrage «Koudiat Acerdoun». Par ailleurs, le maire de Guerrouma insistera sur l’importance de l’inscription de deux projets pour la réhabilitation des chemins de wilaya, à savoir le CW93 et le CW 17, pour la réalisation d’un nouveau réseau de distribution d’eau potable au chef-lieu communal. Il plaidera également auprès du wali pour la réalisation de trois opérations d’extension du réseau de gaz de ville, au profit de trois villages de sa commune et, enfin, pour la réalisation d’une unité avancée de la Protection civile. Pour sa part, le jeune maire de la commune de Bouderbala a plaidé pour l’adoption d’un plan d’urgence pour la réhabilitation de l’ensemble du réseau routier de sa commune, très dégradé selon lui, pour le déblocage d’un nouveau quota d’aides publiques pour la réalisation d’aides à l’habitat rural, pour le réaménagement, la modernisation du stade communal, et, enfin, la réservation d’un budget supplémentaire pour le raccordement de trois villages à l’eau potable. Le maire de Lakhdaria était le dernier à prendre la parole. La liste des doléances qu’il avancera était, sans doute, un peu plus longue que celles de ses prédécesseurs. Il demandera ainsi au wali le déblocage d’une subvention supplémentaire pour compléter le projet de réaménagement du quartier Hamana, ainsi que d’une autre subvention pour compléter le projet de viabilisation de la zone d’activité communale (ZAC). Il proposera, dans cette même optique, la création d’une seconde ZAC au niveau de la localité de Zberboura. Le maire de Lakhdaria a aussi fait appel à l’agence foncière de la wilaya, pour mettre en œuvre un programme de résorption du vieux bâti, dans cette commune, comme il préconisera aussi la réalisation d’un nouveau passage à niveau sur la RN29, et ce, pour réduire la pression au niveau de l’ancien. Il demandera également, la récupération du siège de l’ancienne Brigade de la gendarmerie de Lakhdaria et des terrains agricoles à faible rentabilité, dans le but d’exploiter ces terrains pour la réalisation de logements, notamment la formule AADL. Enfin, le maire parlera de l’espace de servitude des radars de la station spatiale d’Algérie Télécom Satellite (ATS) à Lakhdaria qui touche, selon lui, une distance d’un kilomètre, ce qui fait plus de la moitié de cette ville, bloquant ainsi toutes les constructions, publiques ou privés, au-delà de deux étages. Le même responsable demandera aussi des facilitations pour l’implantation d’un projet afin de réaliser un village touristique à Lakhdaria. Il insistera également sur le renforcement de l’effectif des ingénieurs au niveau de la municipalité ainsi que sur la remise à niveau du réseau local d’AEP.

Le wali insiste sur les projets prioritaires

Après les interventions des maires, le wali répondra, point par point, aux préoccupations soulevées. C’est ainsi qu’il accordera 60 aides à l’habitat rural, pour chaque commune, tout en insistant sur la récupération des aides attribuées ces dernières années, mais qui n’ont pas été concrétisées par les bénéficiaires. Selon les chiffres de la direction du Logement, ils ont plus de 360 bénéficiers défaillants au niveau de ces communes. «Il faut lancer les procédures pour récupérer ces aides», a-t-il affirmé. Le wali a aussi demandé aux maires de s’impliquer afin de solutionner les cas d’opposition qui bloquent plusieurs projets importants dans cette région. À propos des programmes non lancés, en raison d’absence d’assiettes foncières, M. Limani demandera aux directeurs de l’exécutif de transférer ces projets vers d’autres communes, et ce, afin d’éviter leur gel. «Comment se fait-il que des projets qui datent de 2008 ne sont toujours pas réalisés? Ce n’est pas logique ! Dorénavant, si vous n’arrivez pas à réaliser un projet, informez-nous, et nous allons le délocaliser vers d’autres communes dans le besoin», a-t-il suggéré. Le wali a, par ailleurs, plaidé auprès du maire de Lakhdaria, pour l’adoption d’un plan d’urgence pour la résorption du problème de ramassage des ordures et de la prolifération des décharges sauvages au niveau de cette municipalité. Il proposera la signature de conventions avec des petites entreprises locales de nettoyage, notamment celles créées dans le cadre du dispositif de l’ANSEJ. «Lakhdaria est une ville historique et elle doit redorer son blason», a-t-il déclaré. Avant de céder la parole aux représentants de la société civile, qui ont aussi exposé d’autres préoccupations. Le wali a exigé la révision des propositions des PCD 2018, en avançant qu’il n’y aura que les opérations prioritaires qui seront validées. Le wali a promis de programmer des sorties d’inspection, afin de constater de visu les problèmes posés par les citoyens.

Oussama Khitouche

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