«Arrêtez immédiatement de polluer l’oued Isser !»

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La daïra de Kadiria a été passée à la loupe, hier matin, lors d’un conseil de wilaya qui s’est tenu au niveau du théâtre Amar Laskri de Bouira. M. Mustapha Limani, le wali de Bouira qui a présidé ce conseil, invitera les maires de cette daïra à exprimer leurs doléances et leurs priorités en matière de projets. «Nous savons que depuis l’installation des maires, beaucoup de problèmes ont été soulevés dans différentes communes, et nous les invitons à faire des propositions qui seront étudiées et qui serviront à l’élaboration d’une feuille de route pour l’année 2018», annoncera le wali lors de son allocution d’ouverture. Le chef de daïra prendra ensuite la parole en premier pour faire un point de situation sur sa circonscription, secteur par secteur. Il mettra en exergue que la daïra de Kadiria s’illustre dans le domaine agricole avec ses oranges, mais dévoilera aussi des chiffres sur d’autres filières, à l’image des produits mellifères avec une production de miel annuel de 245 quintaux. La région de Kadiria est réputée également pour ses gisements d’argile qui alimentent les usines de briques rouges, de tuiles et de céramiques implantées dans cette daïra. À propos du secteur du logement, les chiffres révélés par le chef de daïra font état de 1 128 logements sociaux, dont 498 achevés, 205 en cours de réalisation et 425 à l’arrêt. Pour le secteur de l’éducation, plusieurs cantines scolaires n’étant toujours pas raccordées au gaz naturel, causent des problèmes pour la restauration des élèves qui sont obligés d’être acheminés vers des établissements disposant de cette énergie. Viendra le tour de M. Khiter, maire de Kadiria, qui remettra en cause les chiffres avancés par le chef de daïra, notamment concernant le raccordement au réseau AEP. Le wali interviendra justement pour savoir si avec les taux de raccordement en AEP annoncés, à savoir Kadiria avec 76 %, Aomar 94 % et Djebahia 87 %, les citoyens bénéficieront de l’eau en H24 ou une fois tous les trois jours.

Le taux de raccordement à l’AEP n’est que de 60% présentement

Ainsi, l’élu de Kadiria affirmera qu’à l’heure actuelle, le raccordement au réseau AEP a atteint un taux de 60 % dans sa commune mais que, selon le directeur de l’hydraulique, une fois le branchement au profit de sept localités qui devra être fait avant la fin mars, le taux pourrait atteindre les 85 à 90 %. Une estimation optimiste qui ne semble pas satisfaire tous les hameaux de cette région désertée durant des années à cause du terrorisme. L’exode rural massif frappé par cette région durant des années est, en effet, l’un des autres points soulignés par le maire : «Les citoyens veulent retourner dans leurs anciennes demeures, mais malheureusement l’absence de projets pour l’électrification rurale, le revêtement et l’aménagement de route, le gaz naturel sont autant d’obstacles qui les en empêchent. Nous aimerions que ces hameaux se repeuplent mais rares sont les candidats à vouloir y retourner dans ces conditions», soulignera M. Khiter. Un autre vœu de l’exécutif communal de Kadiria est l’implantation d’un CET car, selon eux, «jusqu’à présent les ordures ménagères sont déversées à proximité de l’Oued Isser.» Une situation qui a fait bondir le wali : «C’est inacceptable que l’oued Isser soit ainsi pollué par cette décharge… Trouvez une solution dans l’immédiat avant que l’irréparable ne se produise.» Pour sa part, le directeur de l’environnement de Bouira prendra la parole pour expliquer au wali que des solutions avaient été trouvées pour y remédier : «Nous avons proposé un site de nature mixte qui appartient aux Forêts et aux Domaines pour y aménager une décharge publique avec deux variantes. Une décharge qui peut être réalisée en géo-membrane pour un coût de 5,5 milliards de centimes, ou sa réalisation avec une protection d’argile, puisque la région dispose de plusieurs de ces gisements, pour un coût de 2,2 milliards de centimes. L’autre alternative serait que l’APC de Kadiria signe une convention avec l’EPIC Nadhif de Bouira pour acheminer les déchets vers la décharge de Lakhdaria», expliquera M. Mohamed Benabed, directeur de l’environnement. Le wali de Bouira exigera du P/APC de Kadiria que la convention avec l’EPIC Nadhif soit signée immédiatement «pour éviter une catastrophe écologique de grande envergure.»

Hafidh Bessaoudi

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