«Un trafic mondial à 28 milliards USD par an»

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«Le crime de la traite d’êtres humains, entre nouvelles formes et nouveaux défis» est le thème du deuxième Colloque international qu’organise la faculté de droit et le laboratoire d’étude du crime organisé de l’université Akli Mohand Oulhadj de Bouira.

Les travaux, d’une durée de deux jours, ont été lancés hier, au niveau de l’auditorium de l’université, en présence d’enseignants et de juristes, venus de plusieurs wilayas du pays et même de l’étranger, notamment de Tunisie, d’Irak, de France et du Maroc. Plusieurs thématiques ont été retenues pour cette rencontre scientifique, en plus d’études réalisées sur le terrain par des juristes et des académiciens, notamment sur le développement des réseaux internationaux de traite des êtres humains, plus particulièrement en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Le cas des réseaux organisés de la Libye a été également évoqué. Pour les organisateurs, la traite des êtres humains est devenue une véritable hantise pour les organisations internationales de défense des droits de l’Homme et même pour certains pays. Selon les spécialistes, cette pratique criminelle et illégale a entaché l’Histoire de l’humanité et continue à être pratiquée dans beaucoup de pays, plus particulièrement ceux du tiers monde ou les pays qui connaissent une instabilité politique et institutionnelle : «La traite des êtres humains et l’esclavagisme ont, de tout temps, entaché les civilisations. Aujourd’hui encore, cette pratique illégale et criminelle est toujours exercée dans de nombreux pays du monde. Des groupes criminels se sont organisés et spécialisés dans la traite des êtres humains. Ces réseaux criminels et transfrontaliers se sont spécialisés même dans le trafic des enfants en bas âge, des femmes et des réfugiés», d’après les organisateurs. Selon la thématiques adoptée pour ce colloque, qui s’est référée aux chiffres de l’organisation mondiale du travail, ce «commerce» rapporte, chaque année, plus de 28 milliards de dollars de bénéfices nets à ces mafias organisées, qui détiennent, à elles seules, un capital de plus de 32 milliards de dollars : «Selon l’organisation mondiale du travail, ce trafic criminel est classé en troisième position des activités criminelles qui rapportent le plus de bénéfices, après le trafic d’armes et de drogue», lit-on dans le prospectus du séminaire. La nécessité du développement des outils légaux et judicaires pour combattre, de manière efficace et directe, ce trafic a été également évoquée par les participants à ce colloque, qui soulèvent une absence totale de coordination entre les États et les organisations non-gouvernementales (ONG) : «Les cadres légaux sur les plans nationaux et mondial sont très faibles et inefficaces face à la complicité des réseaux mondiaux et le développement de leurs méthodes. La corruption alarmante, plus particulièrement au niveau des pays du tiers monde, contribue aussi dans la propagation de ce phénomène. Les organisations mondiales des Nations-unies doivent chapeauter un travail de coordination et d’échange, entre les gouvernements et les ONG, pour adopter des outils légaux qui seront efficaces, pour contrecarrer la montée en puissance de ce crime», préconise-t-on. A noter, enfin, que les participants à ce colloque adopteront un rapport de recommandations et de propositions qui sera adressé aux gouvernements des pays représentés à l’Organisation mondiale du travail et à l’assemblée générale des Nations-Unies.

Oussama Khitouche

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